La maison-mère de Google, Alphabet, ferme son programme Loon qui visait à apporter Internet par des ballons atmosphériques. L’entreprise s’est rendu compte que c’était trop incertain économiquement.

Google redescend sur Terre avec le projet Loon. Plus de sept ans après avoir présenté cet étrange projet, l’entreprise américaine s’est rendu compte qu’elle n’allait nulle part. Le projet consistait à déployer des ballons stratosphériques, pour servir de points de connexion à Internet dans des zones mal ou pas desservies du tout par des infrastructures de télécommunications classiques.

Dans un billet de blog publié le 22 janvier 2021, il a donc été décidé d’arrêter le tir. « Dans les mois à venir, la plupart des membres de l’équipe Loon vont partir », a fait savoir Astro Teller, le directeur du laboratoire Google X. Le personnel sera déployé sur d’autres projets, qu’il s’agisse de programmes en cours chez X, au sein de Google ou même au niveau de sa maison-mère, Alphabet.

trop d’incertitude et de risque sur la viabilité commerciale

« Un petit groupe de l’équipe Loon restera pour s’assurer que les opérations de Loon se terminent en douceur et en toute sécurité — cela inclut la fin du service pilote de Loon au Kenya », a ajouté Astro Teller. Google Loon était un « pari » de Google, c’est-à-dire une idée dont l’aboutissement n’était pas garanti. D’autres paris ont été annulés, à l’image de Google Fiber pour déployer la fibre optique aux USA.

Ce sont des considérations économiques qui ont tué Loon. « Le chemin vers la viabilité commerciale s’est avéré beaucoup plus long et plus risqué qu’on ne l’espérait », a admis Astro Teller. C’est d’ailleurs des raisons financières qui amènent parfois Google à se questionner sur la viabilité de certains de ses « paris » . En effet, tout cela coûte de l’argent — même si Google peut se le permettre, grâce à la publicité en ligne.

Un projet né en 2013

Quelques mois après la présentation de Loon, en 2013, Google s’était attiré des critiques, y compris de la part de Bill Gates, qui estimait que la Silicon Valley ne semblait pas se rendre compte des priorités plus urgentes des pays en retard économique. « Lorsque vous mourez de la malaria, j’imagine que vous pouvez lever les yeux et voir le ballon, mais je ne suis pas sûr que cela vous sera d’une grande aide », avait-il lâché.

Au fil des ans, Google a régulièrement cherché à vanter les progrès et les succès obtenus par Loon, mais sans toutefois parvenir à vraiment transformer l’essai à travers l’ouverture d’un vrai service commercial — l’idée d’un lancement en 2015, évoqué un an plus tôt, ne s’est concrétisée que partiellement en 2020, au Kenya, avec une flotte de 35 ballons pour couvrir 50 000 km².

Google Loon

Un ballon déployé.

Source : Google Loon

Des essais ont eu lieu dans plusieurs pays, et des déploiements d’opportunité ont aussi eu lieu, notamment à Porto Rico après le passage d’un ouragan dévastateur. Fin 2017, la firme de Mountain View affirmait avoir réussi à rétablir une connexion provisoire pour près de 10 000 personnes sur l’île. Un déploiement semblable a eu lieu en 2019 lors d’un tremblement de terre au Pérou.

Des partenariats ont aussi été signés, comme avec l’agence spatiale française.

Compte tenu de la fermeture prochaine de Loon, qui doit être effective en mars 2021 au Kenya, la question se pose de savoir ce qu’il va advenir de la clientèle locale. À ce sujet, la firme de Mountain View s’est engagée à verser 10 millions de dollars à des associations et des entreprises qui sont actives dans les secteurs de la connectivité, d’Internet, de l’éducation et de l’entrepreneuriat.

L’abandon de Loon ne signe pas pour autant l’arrêt des réflexions de Google sur le terrain de l’accès à Internet. Preuve en est avec un autre programme, baptisé Taara. Il s’agit cette fois de se servir de faisceaux lumineux — des lasers — pour apporter Internet sur de grandes distances. En somme, proposer une expérience de fibre optique, mais sans les fils. Mais rien ne dit que ce projet ne connaîtra pas aussi un sort funeste.

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