Face à la hausse du prix des carburants, la voiture électrique a été présentée, par certaines personnalités politiques, comme une solution plus économique. Quelques mois plus tard, le prix du baril se stabilise, mais celui de l’électricité s’annonce explosif pour les mois d’hiver. Un renversement de situation qui fausse les calculs, mais devons-nous vraiment nous en inquiéter dès maintenant ?
Avant toute chose, réduire la voiture électrique à son seul intérêt financier vis-à-vis du coût de la recharge est une erreur. La voiture électrique a bien plus d’arguments pour séduire les automobilistes, n’en déplaise à certains. Il n’empêche que, face à une situation de tension où tous les prix augmentent, c’est une nouvelle dont les acquéreurs de véhicules électriques se seraient bien passés.
2 € les 100 kilomètres ? La fin d’une affirmation
Un constructeur comme Nissan, pour sa Leaf, a longtemps utilisé cet argument du coût de la recharge dans ses publicités. La marque annonçait alors un prix de 2 €/100 km, un calcul basé sur la recharge à domicile en heure creuse du véhicule.
Ce même calcul pouvait s’appliquer à plusieurs voitures électriques, du moins toutes celles qui offrent une consommation électrique plutôt raisonnable. Les SUV électriques n’offraient déjà pas le même bénéfice. De nombreux constructeurs ont quand même capitalisé sur le coût de la recharge à domicile comme d’un argument pour convaincre les clients que l’investissement plus élevé dans un véhicule électrique pouvait s’amortir rapidement, car la recharge était moins élevée qu’un plein de carburant.
L’inflation et les tensions sur les prix de l’énergie va donc forcément changer la donne, mais il faudrait une augmentation vraiment élevée et durable pour que la voiture électrique perde son avantage sur le thermique.
Une situation en France difficilement comparable à d’autres pays
Si l’on regarde Outre-Manche, la hausse des coûts de l’énergie a pris de telles proportions que certaines études considèrent que la recharge d’un véhicule électrique à domicile va quasi-doubler après la hausse programmée au 1er octobre. Un long trajet, en s’appuyant sur les bornes publiques, pourrait même coûter plus cher en électrique que son équivalent avec un modèle à essence.
Il est pour moment trop tôt pour savoir à quelles augmentations, du coût de l’électricité, la France va devoir faire face. Le fonctionnement de la tarification de l’offre d’électricité (grâce à son tarif réglementé) et les conséquences du bouclier tarifaire sont très différents d’un marché tel que la Grande-Bretagne. Si certains chiffres annoncés, comme le record de 1 000 €/MWH pour de l’achat de gros, peuvent inquiéter, notre électricité ne fera pas un x10 comme on peut le lire sur certains partages sur les réseaux sociaux. La volatilité et la spéculation sur les tarifs de l’électricité sont importantes, mais la situation peut aussi tendre à se stabiliser, comme cela se fait sur les cours du carburant.
Il faut aussi garder en tête que la France fait partie des pays qui offrent un tarif au kWh assez bas, par rapport à certains de nos voisins comme la Belgique ou l’Allemagne. Comparer la France aux autres pays européens n’est pas toujours pertinent.
Une inquiétude légitime sur les tarifs des bornes de recharges publiques
Si les particuliers, bénéficiant généralement d’offres indexées sur le tarif réglementé, n’ont pas à craindre de voir leur budget recharge exploser subitement, les conducteurs qui dépendent du réseau public de bornes doivent par contre s’attendre à ce que des hausses des prix de la recharge soient annoncés.
Allego est le premier opérateur à avoir communiqué sur une nouvelle hausse de ses tarifs de recharge au 1er septembre 2022, après une première augmentation au printemps dernier. Cela fixe ses tarifs de recharge comme suit :
- Charge régulière (AC 22kW) : 0,50 EUR/ kWh au lieu de 0,40 EUR/ kWh
- Charge rapide (50kW) : 0,69 EUR/ kWh au lieu de 0,55 EUR/ kWh
- Charge ultra-rapide (>50kW) : 0,79 EUR/ kWh au lieu de 0,65 EUR/ kWh
Tesla adapte régulièrement ses tarifs selon le cours de l’électricité en vigueur dans les pays. Il est fort probable que les autres grands opérateurs de recharge, comme Ionity ou Fastned, soient dans la même situation dans les prochains mois.
Certains réseaux de recharge sont indexés sur les prix du marché de l’électricité. Ils ne reposent pas sur les tarifs de l’électricité résidentielle. Ils pourraient faire face à d’importantes augmentations des frais avant même l’hiver, à cause de la volatilité des cours.
Ce sont donc les longs trajets en voiture électrique, ainsi que les recharges en zone commerciale, qui pourraient pâtir en premier de l’augmentation du prix de l’électricité. Or, ce sont déjà sur ces bornes rapides que les prix sont déjà élevés (entre 0,50 et 0,79 €/kWh), ce qui pourrait mettre un coup de frein inattendu à l’engouement de ces derniers mois pour les voitures électriques.
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