Le secteur automobile est particulièrement touché par la pénurie des semi-conducteurs. Cette crise, qui ne devait durer que quelques mois, s’enlise — à l’image de ce qu’il se passe avec les scooters électriques. Les constructeurs peinent à voir la lumière au bout du tunnel. Ils doivent désormais intégrer cette situation, particulièrement inconfortable, dans leur stratégie à long terme.
Si certains groupes espéraient un retour à la normale avant 2023, la situation semble encore bien mal engagée. Le responsable des achats au sein du conseil d’administration de Volkswagen, Murat Aksel, s’est exprimé à ce sujet dans l’hebdomadaire allemand Automobilwoche et cela donne le ton : « Ce que nous avons vu dans les chaînes d’approvisionnement au cours des deux dernières années, c’est la nouvelle normalité.»
« C’est la nouvelle normalité »
Le covid a permis de mettre à jour cette faille dans l’organisation des constructeurs automobiles. Même sans la pandémie, les questions géopolitiques auraient fini par dévoiler cette fragilité organisationnelle tôt ou tard. Ce fut le cas avec la guerre en Ukraine, qui a contraint le groupe Volkswagen à cesser sa production en Allemagne pendant quelques jours, faute de faisceau électrique fabriqué par une usine ukrainienne.
C’est un problème structurel que les constructeurs automobiles doivent désormais résoudre pour disposer de stocks suffisants, afin de répondre à leurs besoins de production. Ceci ne concerne pas uniquement les véhicules électriques, mais ils sont particulièrement visés par ces pénuries.
Le responsable des achats au sein du conseil d’administration Volkswagen a ajouté : « Les investissements pour de nouvelles capacités sont maintenant sur la bonne voie, mais il y aura probablement encore un déficit structurel en semi-conducteurs, jusqu’en 2023 inclus. »
Tous les constructeurs ne sont pas touchés de la même manière par la pénurie de semi-conducteurs dédiés à l’automobile. Alors que la production chinoise semble peu ralentie, les usines européennes et américaines se retrouvent parfois à l’arrêt. Tesla n’est d’ailleurs pas épargné. Au sein d’un même groupe, la stratégie peut valoriser la production d’une marque plutôt qu’une autre, mais partout, ce sont les modèles d’entrées de gamme qui sont le plus souvent sacrifiés.
Quelles sont les conséquences du prolongement de cette pénurie ?
Pour les clients, les répercussions sont multiples. Cela passe notamment par des délais à rallonge, des options et équipements non disponibles à la commande, des véhicules livrés non équipés comme souhaité par le client et des prix revus à la hausse par le jeu de l’offre et de la demande.
Si les conséquences sont surtout visibles pour les véhicules neufs, elles ne sont pas neutres sur les réparations des véhicules déjà en circulation. Il vaut mieux éviter d’avoir certaines pannes électroniques en ce moment, les délais pour obtenir les pièces de rechange peuvent être rallongés.
Pour les industriels, c’est un casse-tête. Les répercussions vont de l’augmentation du prix des composants jusqu’à la fermeture d’usines fautes de pièces pour assembler les véhicules. C’est particulièrement le cas pour Renault et Stellantis ces jours-ci, les deux groupes doivent mettre au chômage partiel leurs employés de certaines usines, le temps de récupérer les pièces pour remettre la production en route.
Beaucoup de choix stratégiques ne sont pas forcément visibles, mais la pénurie des semi-conducteurs entraîne du retard sur les calendriers de sortie des nouveaux modèles. C’est le cas du Nissan Ariya qui aurait dû être en concession en 2021 (et non fin 2022). C’est aussi une rationalisation de la production avec moins de finitions et d’équipements disponibles au catalogue de certaines marques. Des hayons de coffre et sièges manuels au lieu d’électriques ? Ne cherchez pas, c’est probablement que la pénurie de semi-conducteur est passée par là.
Certains constructeurs craignent désormais que la production de batteries pour véhicules électriques soit la prochaine épreuve qu’ils aient à affronter. Cette production, essentiellement réalisée en Chine pour le moment, pourrait prendre le relai en tant que perturbateur de la fabrication automobile mondiale. Beaucoup ont décidé de construire des usines en Europe pour palier cette dépendance, mais il faudra plusieurs années pour que ces nouveaux sites de production soient opérationnels.
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