C’est peu dire que Angell a sorti ses premiers modèles de vélo dans la précipitation (lire notre test). Avec beaucoup de communication et de nombreux clients transformés malgré eux en bêta-testeurs, l’entreprise française de Marc Simonicini a grillé trop d’étapes pour s’imposer sur le marché du vélo électrique — même connecté. Quand nous testions les vélos Angell en 2021, il était plus court de narrer ce qui fonctionnait que ce qui ne fonctionnait pas. Grosso-modo, notre conclusion était la suivante : le vélo est sympa à piloter quand tout fonctionne. Problème, la plupart du temps, rien ne fonctionne.
Avance-rapide d’un an presque exactement : Angell a changé de CEO, Marc Simoncini s’est excusé et la marque s’est donné un objectif bien plus humble que ses prétentions initiales — avoir un vélo qui marche. Enfin, qui roule.
Pour cela, Angell a travaillé sur deux vélos, nommés Cruiser et Rapide. Ce dernier est le même que l’an passé avec les améliorations du Cruiser. Le Cruiser est un vélo à la position plus assise et équipé d’accessoires qui le rendent plus adapté à une conduite confortable. Les deux vélos, que nous avons testés, même si nous préférons nous attarder sur le Cruiser, partagent la même plateforme technique : batterie, moteur, mécanique, ordinateur de bord.
A-t-on enfin un vrai vélo électrique et connecté qui marche ? C’est ce qu’on va voir dans ce test.
Design et composants du Angell M Cruiser
Angell ne fait pas dans le compromis avec ses vélos électriques. Le design du M Cruiser entre dans la catégorie du « ça passe ou ça casse ». Le cadre en losange, la batterie arrière effilée et en deux parties et le cockpit intégrant un écran tactile sont autant d’éléments que l’on ne trouve pas sur d’autres vélos. Au rang des différences objectives, on ne peut que noter une amélioration sur les clignotants du phare arrière : le blanc qui donnait un effet jouet à la batterie du premier modèle a laissé sa place à un plexiglas transparent bien plus élégant, qui rapproche le vélo Angell des concepts présentés par Marc Simoncini le jour de la présentation initiale de sa marque.
Côté équipement, on est à des années-lumière de la première version du Angell. De série, le M Cruiser possède une béquille et des garde-boue qui fonctionnent, ainsi qu’un porte-bagage rudimentaire à l’arrière. Le cintre du guidon est également bien plus large et en force de C, quand le guidon du premier Angell (et du Rapide) est un guidon droit.
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C’est cette forme pour attraper les poignées qui va induire la position du cycliste — nous y reviendrons. Les poignées sont rembourrées, ce qui rend les trajets bien plus agréables en Cruiser que sur les autres Angell, car aucun de ces vélos n’est suspendu. L’aluminium du cadre et le carbone de la fourche encaissent plutôt bien les vibrations du quotidien. Un peu moins bien les pavés et les nids du poule. La selle Selle Royale termine cet équipement moins sportif que sur le Angell Rapide, avec une assise plus molle.
Au cœur du vélo, on retrouve un moteur 250 W entraîné par une chaîne plutôt qu’une courroie. Un choix étonnant puisque le Angell est un vélo à vitesse unique, équipé d’une roue de 42 dents à l’avant et 16 à l’arrière. L’impact est plus sur l’usure et la saleté d’une chaîne grasse qui peut tacher vos vêtements, que sur l’usage réel en conduite.
La batterie iconique des Angell est enfin posée sur un socle tout à la fois robuste et facile à opérer pour un humain normal ne passant pas ses journées à la salle de musculation. Sur plus de 60 km d’utilisation, et donc plusieurs recharges, nous n’avons eu aucun problème à la détacher ou à la rattacher. Le tiroir coulisse bien et le verrou est fermement serré quand la clef de la batterie est utilisée. De la même manière, nous n’avons pas eu de problème de déconnexion de batterie en roulant sur le vélo que nous avons testé — l’un des problèmes majeurs des premiers Angell semble avoir été corrigé. Reste que le vélo est toujours très fortement déséquilibré par l’arrière : il faut le retourner pour le porter par exemple, au risque de le voir glisser sur votre épaule.
On trouve enfin un cockpit très peu remanié, avec ses deux jeux de deux boutons sous les pouces. Les boutons de gauche servent à utiliser les clignotants du vélo et les boutons de droite sont utilisés pour changer de mode d’assistance parmi les trois proposés et pour utiliser la sonnette. Un an après notre premier essai, nous ne changeons pas d’avis : le sifflement suivi d’un son long strident ne font pas assez « vélo » pour être reconnus par les autres usagers de la route. Ajouter une sonnette physique ne serait pas un luxe. L’écran central n’a pas changé, mais l’interface modernisée que nous avons testée en bêta (sortie en octobre 2022) est plus élégante (le fond noir s’intègre mieux au cadre) et plus fluide.
Tout cela montre donc de légères améliorations côté Angell, fort bienvenues. Les plus gros problèmes structurels ont été adressés par rapport aux premiers modèles et l’équipement par défaut est bien plus fourni, offrant enfin un vélo prêt à rouler en ville dès la sortie du carton.
Mais comment cela se traduit-il sur la route ?
Sur la route avec le Angell M Cruiser
Quand on teste un M Cruiser, on a en réalité l’impression de monter pour la première fois sur un Angell qui veut bien se laisser tester. Notre expérience des premières versions ne permettait pas d’avoir une expérience suffisamment agréable pour profiter du vélo. Cette fois, qu’on le dise d’emblée : nous n’avons eu aucun problème technique avec le Angell Cruiser M. Tout a fonctionné dès notre premier essai, qu’il s’agisse du matériel ou du logiciel et toutes les petites frustrations du premier vélo n’existent plus.
La première chose que l’on remarque, c’est la simplicité d’utilisation. Certes, on appaire la première fois le vélo à son smartphone, mais petit à petit, on prend vite le réflexe d’allumer le Angell et de le déverrouiller avec le code secret à quatre chiffres. L’application est une annexe où l’on va retrouver ses trajets et autres données de géolocalisation, mais elle n’est pas vraiment au centre de la conduite. Le vélo non appairé à un smartphone n’est pas en « mode dégradé » : vous pouvez lui faire faire ce que vous voulez depuis son écran central, qui est parfaitement autonome. Et si vous n’en avez pas besoin, vous pouvez tout à fait vous passer de l’écran et juste pédaler.
Sur la route, le feeling du M Cruiser est vraiment bon. Selle confortable, poignées rembourrées, vélo léger et une motorisation bien dimensionnée pour l’engin font du Cruiser un vélo agréable et agile. Car même si la position est plus droite que sur les premiers Angell — ou que sur le Rapide –, on garde du dynamisme, ce qui n’en fait pas totalement un vélo « style hollandais ». Cette hybridation est très appréciable et donne, avec les grosses roues du Cruiser, une sensation de conduite proche d’un gravel, dans un style qui ne rappelle pas du tout ces vélos hybrides. En somme, on fuse en ville dans la circulation, on encaisse plutôt bien les pavés et on peut se permettre des écarts sur des chemins de terre avec un M Cruiser.
Côté sécurité, les freins sont très bons et permettent d’arrêter le vélo rapidement, même sur une chaussée incertaine. Les camions parisiens qui déboulent sans prévenir de rues étroites nous ont malheureusement permis de tester ces capacités. Le feu de freinage intégré à la batterie est aussi bien fonctionnel, s’illuminant en rouge quand vous ralentissez. C’est un bon outil sur un vélo, où l’on sait que le danger vient souvent de derrière. Cela dit, sa luminosité n’est pas assez puissante pour qu’il soit bien vu de jour. Dommage. La nuit, il sert bien son usage et est associé à un immense phare avant qui éclaire largement la chaussée.
Les modes d’assistance du Cruiser se distinguent facilement en roulant, mais le mode par défaut, nommé Dry, n’est pas à la hauteur de sa promesse (sans transpirer). Avec une vitesse unique et un capteur qui a besoin d’un peu de force pour se déclencher, le moindre faux plat montant vous fait faire des efforts au démarrage. Les gros dénivelés s’enchaînent au prix d’une réduction de la vitesse. Le mode Fast est bien plus adapté aux flemmards et devrait être, à mon sens, la configuration du mode Dry : l’accélération est plus franche et le vélo amène sans sourciller à 25 km/h. Avec sa vitesse unique, on ne peut pas pousser bien loin dans les tours, mais on peut continuer à accélérer jusqu’à 30 km/h à la force des jambes. Impossible d’aller plus vite sur du plat sur ce pignon.
Malgré des efforts pour en faire un outil utilisable et plus élégant que sur la version 1, l’écran du vélo n’a pas beaucoup d’intérêt au-delà de l’affichage de la vitesse et de l’autonomie. Sa fonction avancée principale, le GPS, est par exemple assez inutilisable : les directions sont données avec des flèches qui indiquent maladroitement la direction à suivre. Nous l’avons essayé sur un trajet que nous ne connaissions pas et l’organisation d’une ville, avec ses artères nombreuses et ses routes pas exactement à angle droit, ne permet pas de comprendre les directions à l’écran. On se retrouve à sortir son smartphone comme si le GPS n’existait pas. Et à moins qu’Angell parvienne à développer une navigation GPS aussi détaillée qu’un Google Maps, on ne voit pas trop comment cet usage pourra être pertinent.
L’autonomie globale que nous avons constatée est assez faible, mais elle correspond au parti pris d’Angell : la batterie facilement démontable est pensée pour être rechargée tous les soirs ou tous les deux soirs. Au bout d’une trentaine de kilomètres en mode Fast, elle commence à faiblir. À un peu moins de 10 %, elle préserve son énergie quel que soit le mode de conduite utilisé et vous allez clairement ramer pour pédaler avec une assistance bridée. L’usage induit est donc évident : ce n’est pas un vélo pour faire de longues distances, mais un vélo urbain pour aller au travail.
Le verdict
Angell M Cruiser
Voir la ficheOn a aimé
- L’assistance électrique agréable
- L’équipement et le confort général
- Un vélo électrique unique sur le marché
On a moins aimé
- Sonnette et clignotants : pourquoi ?
- Le GPS sur le cockpit
- Prix élevé
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