Nous avions pu découvrir pour la première fois la Hyundai Ioniq 6 en septembre 2022, lors d’une présentation statique. Cette grande berline est sûrement la nouveauté la plus intrigante de ce début d’année 2023 dans la catégorie des voitures électriques. Ce design clivant, mais dicté par des choix aérodynamiques légitimes, a donné de belles promesses d’autonomie, que nous avions hâte de tester.
Loin de passer inaperçue sur les routes, la Ioniq 6 a un comportement très différent du SUV Ioniq 5, dont elle partage pourtant tous les éléments techniques. Seuls le design, l’intérieur et les réglages diffèrent entre les deux modèles. Si la Ioniq 6 nous a un peu agacés avec des bips intrusifs, elle nous a aussi grandement séduite sur bien des aspects. C’est dans le sud de la France, avec des conditions météorologiques fraîches agrémentées d’un vent particulièrement fort, que nous en avons pris le volant pour vous donner nos impressions sur le modèle.
Design extérieur : c’est clivant, mais on apprécie
Le design de la Hyundai Ioniq 6 ne peut pas laisser indifférent : on aime, on déteste, on s’interroge parfois. C’est un des effets voulus par le constructeur avec sa nouvelle stratégie. Le pari semble assez osé, mais l’idée derrière ce principe n’est pas si insensée : si vous n’aimez pas l’un de ses modèles, vous pourrez en apprécier un autre. Ce qui est bien plus difficile avec les marques qui font une gamme façon « poupées russes » : dans ces cas-là, si vous n’aimez pas le style, vous n’aimerez aucun de ses modèles. Alors, Hyundai se montre audacieux dans ses propositions de design. Cela a bien fonctionné sur le Ioniq 5, Hyundai espère bien faire coup double avec la Ioniq 6.
Évidemment, la Ioniq 6 ressemble à d’autres modèles automobiles iconiques, avec notamment un arrière très « Porsche ». Cependant, il serait un peu réducteur de chercher dans la Ioniq 6 des ressemblances avec d’autres modèles iconiques. La berline Ioniq 6 a un style qui lui est propre, inspiré par le mouvement Streamliner du passé — une ligne très profilée, ponctuée par des éléments très typés Hyundai.
On aime ce design très aérodynamique, on privilégiera d’ailleurs les petites roues de 18 pouces, même si c’est moins beau. On apprécie aussi la signature lumineuse pixel que l’on a déjà approuvée sur le Ioniq 5. Même si elle ne peut pas plaire pas à tous, cette berline a un petit quelque chose qui la rend unique et marquante. Nous avons traité sur les différents éléments aérodynamiques dans un article spécifique, car le sujet mérite que l’on s’y attarde un peu.
En France, le modèle est proposé dans 8 teintes de carrosseries différentes. En dehors du bleu qui est la seule couleur de série, et donc gratuite, les autres teintes sont essentiellement une déclinaison s’étirant du blanc au noir. Pour une fois, les couleurs les plus sombres sont celles qui donnent un aspect plus chic à l’auto, car ces teintes intègrent beaucoup mieux le diffuseur arrière.
Le style intérieur de la Hyundai Ioniq 6 nous emballe moins
La Hyundai Ioniq 6 est une grande berline de 4,85 m avec un empattement long de 2,95 m. Comme le Ioniq 5, elle propose un espace à bord particulièrement confortable, juste un peu plus limité en hauteur pour les grands. Forcément, la sensation est un peu différente de celle que l’on peut expérimenter dans le SUV Ioniq 5, par exemple, mais pour une berline, on ne sent pas spécialement confiné à l’arrière. Même avec un siège avant très reculé, il y a peu de chance que les genoux touchent le siège devant quand on est à l’arrière. Les grands assis aux places arrière auront d’ailleurs tout intérêt à s’avachir dans leur siège pour se libérer de l’espace avec le toit.
L’environnement intérieur nous laisse toutefois un sentiment un peu plus partagé. Les matériaux et les textures choisis par Hyundai ne nous enthousiasment pas, notamment sur les contreportes ou la console centrale. Pourtant, comme pour le Ioniq 5, Hyundai a fait le choix d’utiliser de nombreuses matières issues du recyclage, ce qui est plutôt un élément positif. On a entre les mains une voiture qui extérieurement en jette, mais l’impression qui s’en dégage à l’intérieur est un cran en dessous de ce que l’on pourrait espérer. C’était déjà le cas sur le Hyundai Ioniq 5. On n’attend pas de Hyundai qu’il fasse du premium allemand. Cependant, comme dans les Tesla Model 3 et Y, le client pourrait ne pas accrocher à ce que la marque propose. Une voiture extérieurement jolie est gratifiante, mais c’est à l’intérieur que l’on passe le plus de temps.
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Malgré tout, pour nous, la Hyundai Ioniq 6 a plusieurs éléments assez plaisants :
- Les sièges avant et arrière de la finition Executive sont toujours aussi confortables.
- Même si l’absence de logo Hyundai au centre du volant est toujours déroutante, le volant avec ses diodes est assez malin. Les diodes ont plusieurs fonctions d’indicateur : charge, changement de mode de conduite…
- Le double écran reste un élément pratique et facile à prendre en main.
- Les différents éléments à l’intérieur sont à leur place et offrent des différents rangements pratiques. Le retour d’une console centrale fixe est quand même à double tranchant.
Quelques détails stylistes chagrinent un peu. Par exemple, la planche de bord en U sur toute la largeur du modèle est un potentiel nid à poussière. Esthétiquement, cela change de ce que l’on a l’habitude de voir, surtout que les deux retours aux extrémités peuvent accueillir les écrans lorsque le client prend l’option rétroviseur caméra, c’est malin. Toutefois, les maniaques vont détester cet élément à coup sûr.
Enfin, le dernier reproche que l’on peut faire à cette grande berline, c’est son coffre. C’est une critique très européenne, il faut le garder en tête. Forcément, les clients ont tendance à privilégier désormais les voitures à hayon et les espaces très logeables, même si une malle de coffre n’a pas empêché le succès de Model 3. Le coffre arrière n’offre que 400 litres de capacité. Sur la version propulsion, il y a aussi 45 litres de coffres avant. C’est moins que la Tesla Model 3, qui est pourtant plus petite.
Comportement routier : plus affuté que sur le Ioniq 5
Comme le Ioniq 5, la berline utilise la plateforme 800 V e-GMP, dédiée aux modèles électriques. Elle est proposée à son lancement uniquement avec la batterie 77,4 kWh. En France, elle est disponible avec deux motorisations : la version propulsion de 168 kW (219 ch) ou la version à transmission intégrale de 239 kW (325 ch). Nous avions la version propulsion pendant l’essai.
Si l’on compare beaucoup la Ioniq 6 au Ioniq 5, c’est parce que les deux modèles utilisent la même plateforme, les mêmes motorisations et la même batterie. Néanmoins, quand vient la question du comportement routier, nous sommes sur deux véhicules typés différemment. La berline trouve un compromis assez bon pour le confort, notamment avec les jantes 18 pouces de nos modèles d’essai. C’est un peu moins vrai à basse vitesse, où l’on ressent davantage les imperfections de la route, mais dès que l’on hausse le rythme, cela devient plus agréable. Elle a perdu les mouvements de caisse désagréables que l’on pouvait constater sur le SUV, particulièrement sur les ronds-points, ce qui est une bonne chose.
La tenue de route a été appréciée. D’autant plus que, à la suite d’un fort et soudain ralentissement sur autoroute (provoqué par un panneau de travaux qui s’est envolé), nous avons dû faire une manœuvre d’évitement. Elle a été bien aidée par l’ABS (système anti-blocage de roues) et les autres aides électroniques, tel que les signalements des angles morts. La direction n’est pas forcément la plus aiguisée, mais elle est suffisante. La Ioniq 6 n’a finalement pas vocation à être une sportive : son truc, c’est l’endurance, plus que les sprints. D’ailleurs, sur cette version propulsion de 219 ch, les accélérations sont bonnes, mais elles ne vous colleront pas aux sièges. Il faut 7,4 secondes pour réaliser le 0 à 100 km/h.
La Ioniq 6 se prête quand même beaucoup plus volontiers aux escapades sur les routes sinueuses que le Ioniq 5. Elle sera par contre moins agréable pour affronter les ralentisseurs des villes. Son vrai terrain de prédilection sera surtout les longs trajets.
Autonomie / consommation : presque aussi bien que la Tesla Model 3
Sur la question de l’autonomie, il y a une différence très marquée entre le Ioniq 5 et la Ioniq 6. Jusqu’à plus de 100 km d’écart peuvent exister selon les configurations si l’on se base sur la norme wltp. En version propulsion de 219 ch, avec les jantes 18 pouces, elle est homologuée pour 614 km d’autonomie. C’est juste 12 km de moins que la Tesla Model 3 Grande Autonomie équipée en jantes 18 pouces également.
Les performances de la Ioniq 6 sont donc particulièrement intéressantes quand on la compare à la référence Tesla. Surtout que la Ioniq 6 dispose en plus de charges rapides sur les bornes les plus puissantes. Elle peut faire une recharge de 10 à 80 % en moins de 18 minutes, avec une courbe de recharge qui peut rester assez haute autour de 200 kW, avec un pic atteignant jusqu’à 277 kW. Il faut pour cela que la batterie ait été préconditionnée et que les bornes délivrent toute la puissance possible.
Sur notre essai, nos observations ont été faussées par un élément fortement perturbateur : le Mistral. Sur les deux jours d’essai, on n’a vraiment pas été gâtés, avec des rafales qui ne nous ont pas accordé beaucoup de répits. Dans des conditions similaires, le SUV Ioniq 5 aurait eu des résultats très peu encourageants, avec sûrement plus de 10 kWh/100 km en plus au compteur, soit 27 kWh/100 km. En observant la moyenne cumulée autour des 17,7 kWh/100 km sur 435 km, avec du vent et une température moyenne inférieure à 15° (et largement moins en ressenti), ce n’est pas si mal. À titre de comparaison, la consommation mixte homologuée est de 14,3 kWh/100 km. Une chose est certaine, cette voiture a le potentiel pour faire beaucoup mieux, nous n’avons aucun doute sur ce point.
La berline Ioniq 6 peut tenir tête à Tesla sur les consommations, mais cela dépendra quand même grandement de la version et des équipements que vous choisirez. La version à transmission intégrale est un peu moins bonne sur cet exercice. Au lieu de 614 km d’autonomie, l’homologation n’est alors que de 583 km.
Prix et concurrence : Ioniq 6 va pâtir de la baisse des prix Tesla
Quand on parle de berlines électriques, n’importe quel modèle va systématiquement être comparé à la Model 3, qui est la référence sur ce créneau. La Hyundai Ioniq 6 n’y coupera pas. Les deux modèles partagent plusieurs points communs, concernant les performances et l’aérodynamisme. À l’annonce des tarifs de la Ioniq 6, Hyundai se positionnait presque à jeu égal avec Tesla. Celui-ci a revu ses prix considérablement à la baisse en début d’année, ce qui ne va pas faire les affaires de Hyundai.
Les principaux tarifs de la Ioniq 6 :
- 52 300 € pour la version propulsion 168 kW – finition Intuitive (entrée de gamme) ;
- 60 400 € pour la version propulsion 168 kW – Finition Executive avec jantes 18 pouces (+ 500 € avec les jantes 20 pouces) ;
- 65 300 € pour la version à transmission intégrale de 239 kW – Finition Executive.
Pour la comparaison, et même si les prix pourraient repartir à la hausse prochainement :
- Tesla Model 3 propulsion : 44 990 € ;
- Tesla Model 3 Grande Autonomie : 52 990 €.
Hyundai n’offre pas grand-chose en termes d’options, en dehors de la teinte de carrosserie (entre 690 et 990 €), des jantes (+ ou – 500 €) ou des rétroviseurs caméra (1 200 €).
La Ioniq 6 se positionne à peu près sur la même grille tarifaire que le SUV Ioniq 5, un tout petit peu plus cher, mais avec des économies sur la consommation d’énergie en perspective. Finalement, c’est chez les cousins de Kia que la Hyundai Ioniq 6 peut se trouver en concurrence avec la Kia EV6, même si la philosophie entre les deux modèles n’est pas exactement la même.
Plus surprenant, elle pourrait se trouver comparée au coupé de BMW, la BMW i4. Même si l’entrée de gamme à 57 550 € n’offre pas une autonomie aussi bonne, l’opposition des deux modèles n’est pas forcément si extravagante.
Le verdict
Hyundai IONIQ 6
Voir la ficheOn a aimé
- Des consommations basses
- Recharge rapide avec un 10 à 80 % en 18 minutes
- Look atypique
On a moins aimé
- Un peu chère pour une Hyundai
- Trop grande, mais pourtant avec un petit coffre
- Un intérieur en demi-teinte
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