Le Canyon Endurace:ON est un vélo à la géométrie typée route offrant une conduite sportive, le corps penché en avant sur la machine. Il est donc en théorie réservé aux personnes aguerries aux sorties sportives. Dans le même temps, le vélo propose une assistance électrique via un moteur Fazua, solution atypique déjà croisée sur le Roadlite:ON, la version urbaine testée en mars 2021. Que vaut ce vélo qui a parfois le cadre entre deux selles ?
Design et composants du Canyon Endurace:ON
Canyon nous a habitué à des vélos au design réussi et bien finis, cet Endurace:ON ne fait pas exception à la règle. Déclinaison électrifiée de la gamme Endurace qui a fait le succès du constructeur allemand, l’Endurace:ON séduit par son cadre à la géométrie résolument sportive, la différence avec son homologue musculaire n’étant visible que via le tube oblique plus imposant qui abrite la batterie et le moteur qui constituent le « Drivepack » de Fazua sur lequel nous reviendrons plus tard.
Le cadre est, avec le pédalier, la seule pièce en aluminium puisque pour la fourche, le cintre et la tige de selle, c’est le carbone qui a été retenu afin de proposer un vélo électrique au poids contenu. Ainsi, Drivepack inclus, l’Endurace:ON ne pèse que 15 kg. C’est assez léger pour un vélo électrique dont le poids moyen se situe généralement autour des 20 kg. Ce poids descend à 12 kg si vous décidez de laisser l’électrification de côté et de vous en servir en mode strictement musculaire. Concernant la transmission, le vélo est livré avec un groupe Shimano GRX RX812, orienté gravel dont les 11 vitesses en 11-42 offrent une plage d’utilisation plutôt polyvalente tant que l’on ne se spécialise pas dans le passage de cols.
Si le vélo est toujours chaussé de pneus Schwalbe E-One en 700×32, il est intéressant de noter qu’à sa sortie en 2020, l’Endurace:ON était équipé de jantes Alexrims RXD5C. Pour la révision 2022, Canyon a opté pour des roues DT Swiss HG 1800 Spline au design plus ostentatoire, ce qui va de pair avec la nouvelle déclinaison « Morning Blue » du cadre, un mélange blanc-bleu ciel chatoyant, bien plus visible que le coloris noir-gris mat original. En ville, c’est la garantie que l’on vous voit passer, mais également que l’on remarque votre vélo, une fois celui-ci stationné. À garder en tête s’il est amené à rester plusieurs heures dans la rue, donc.
Côté design c’est donc un sans-faute, si les cadres route racés et minimalistes sont à votre goût, l’Endurace:ON saura flatter votre rétine.
Ce minimalisme ne se limite d’ailleurs pas uniquement au design, puisque côté équipement, Canyon a aussi décidé de la jouer à l’économie. C’est bien simple, hormis les accessoires obligatoires imposés par la règlementation européenne, l’Endurace ne propose : rien. Oubliez les lumières connectées à la batterie, la béquille, les supports pour mobile, les garde-boues et porte-bagages, l’Endurace:ON incarne le vélo de route dans sa forme la plus pure, même le support pour le bidon d’eau n’est pas inclus. Bon point si vous êtes déjà équipés, dépenses à intégrer au budget si ca n’est pas le cas. Car, vous vous en doutez, la dotation légale fournie avec le vélo ne reflète pas la qualité du produit, et c’est un doux euphémisme.
Côté motorisation, nous sommes donc en présence d’un vélo équipé d’un moteur Fazua Ride 50 Street. Pour rappel, cette transmission est une alternative aux moteurs légers dans les roues (Cowboy, VanMoof, Angell) ou aux lourds dans le pédalier (Bosch Active Line par exemple) qui sont les standards de l’industrie lorsque l’on parle de VAE. La transmission Fazua est composée de quatre éléments : le moteur et sa batterie qui constituent le Drivepack évoqué plus haut, le boîtier pédalier spécifique et la télécommande qui permet d’alterner les modes d’assistance.
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La principale caractéristique de l’assistance électrique Fazua, c’est la transition imperceptible entre le mode électrique et musculaire. En clair, lorsque les 25 km/h réglementaires sont atteints, la coupure de l’assistance électrique ne donne pas l’impression de soudainement pédaler dans la mélasse en tirant un animal mort. L’assistance propose 4 modes dont 3 actifs qui se distinguent par la couleur des leds de niveau de charge de la batterie :
- Pas d’assistance (blanc) : permet d’enregistrer l’activité et d’accéder aux informations relatives au vélo (distance, cadence, puissance délivrée, etc) via l’app dédiée (voir plus bas)
- Breeze (vert) : 100W, c’est le mode qui, en quelque sorte, efface le poids du vélo et propose la plus grande autonomie (90 km), mais montre ses limites en présence de dénivelé
- River (bleu) : 210W, mode le plus équilibré entre assistance et autonomie
- Rocket (rouge) : 250W, le mode qui délivre l’intégralité de la puissance moteur, mais au prix d’une autonomie très réduite
Les valeurs de puissance moteur sont celles paramétrées par défaut et sont totalement personnalisables en branchant le Drivepack à un PC/Mac via la prise USB intégrée. Le passage des différents modes se fait via la télécommande positionnée sur le tube oblique, positionnement un peu particulier que nous aborderons plus bas.
Minimalisme toujours, contrairement à d’autres VAE, l’Endurace:ON n’est pas un smartphone sur roues, Canyon ne propose absolument aucune app propriétaire pour gérer son produit, l’utilisateur qui souhaite avoir un vélo connecté doit au préalable télécharger l’app maison de Fazua, Fazua Rider (iOS / Android), pour avoir accès aux informations détaillées du vélo ainsi qu’à un logiciel de cartographie plutôt efficace.
Le Canyon Endurace:ON sur la route
Guidon en main, l’Endurace:ON se révèle être une machine plaisante à utiliser. La qualité du cadre et des composants est perceptible, on n’a jamais l’impression de pédaler sur un vélo au rabais : pas de flou ou de jeu entre les différents éléments, la direction est précise, le freinage (hydraulique) efficace et les passages de vitesse se font sans à-coups, dans un silence et une fluidité assez plaisants.
Silence et fluidité, c’est aussi le ressenti que nous laisse le moteur Fazua : la puissance de 250W parait limitée, mais l’assistance permet de gommer vent, côtes et faux plats sans aucun souci. Il faut noter que la philosophie de Fazua n’est pas de donner à l’utilisateur la sensation de chevaucher une mobylette électrique: sur un vélo équipé, il faut quand même fournir un effort physique pour avancer. La récompense, c’est qu’une fois la limite réglementaire atteinte, absence de friction oblige, rien n’empêche le cycliste motivé de rouler encore plus vite, l’assistance restant à l’affût pour réaccompagner les coups de pédale dès que l’allure repasse sous la barre des 25 km/h.
Côté autonomie, Canyon annonce 90 km en mode 1 et ne communique pas sur l’autonomie des autres modes, tant le résultat dépend du style de conduite, de la corpulence et du terrain sur lequel évolue le cycliste. À titre indicatif, en ce qui me concerne, en mode 2, en roulant exclusivement en milieu urbain et majoritairement sur les hauteurs de l’Est parisien, le tout avec une corpulence que je qualifierais de généreuse, l’autonomie tourne autour des 40 km. Pour le mode 3, avec une assistance permanente de 250W et une batterie de 250 Wh, un calcul savant permet de tabler sur une autonomie d’une heure à vitesse constante, soit environ 25 km. C’est tout de même relativement peu pour un vélo qui a vocation à être utilisé pour des sorties sportives (théoriquement) assez longues.
De fait, tout comme un cycliste aguerri passe son temps à changer de vitesse en fonction des conditions de son trajet, la bonne utilisation de l’assistance Fazua de l’Endurace:ON semble être d’alterner les différents modes en fonction du terrain sous peine de se retrouver en rade de batterie plus rapidement que prévu. Le souci avec ce scénario idéal c’est que la télécommande est située sur le tube oblique, masqué lorsque l’on roule par le tube horizontal, ce qui oblige à :
- Lâcher le guidon pour changer de mode
- Se pencher sur le côté pour vérifier que le mode souhaité est bien actif en vérifiant la couleur des LEDs de niveau de la batterie
L’absence de feedback tactile ou auditif lors du changement de mode oblige en effet à vérifier soi-même le mode enclenché. Canyon aurait clairement pu améliorer ce point. C’est aussi ce qui ressort lorsque l’on aborde la recharge du Drivepack. Celui-ci étant également dans le tube oblique, il faut veiller à ce qu’il ne tombe pas au sol ou, pire, sur les pieds lorsque l’on actionne le mécanisme de déverrouillage qui demande un petit peu de pratique pour être utilisé correctement. Une première action sur le levier pour désengager la batterie, une seconde pour la retirer totalement.
Bon point par rapport au Roadlite:ON testé sur Numerama néanmoins : la batterie n’a pas besoin d’être manipulée et allumée à chaque utilisation du vélo. L’opération peut être réalisée depuis la télécommande du cadre, batterie engagée. C’était un des points noirs de la première version du Drivepack.
La recharge de la batterie se fait via le chargeur fourni et dure environ 3h30 pour une charge complète.
Mais à qui s’adresse ce vélo ?
À ce moment du test, la question du positionnement de l’Endurace:ON et la population à laquelle il s’adresse se pose. De prime abord, par sa géométrie et la gamme à laquelle il appartient, il semble être un vélo dédié aux sorties sportives du week-end. Mais dans ce cas, il est aisé de penser que les adeptes de la discipline n’ont normalement aucun mal à atteindre les 25 km/h promis par l’assistance électrique à la seule force de leurs mollets. Et à 2 999 €, il est également assez clair que ce vélo ne s’adresse pas aux néophytes qui découvrent le vélo de route et souhaitent s’y essayer.
Alors à qui s’adresse ce vélo ? Pour Canyon, il peut constituer le choix idéal pour les cyclistes d’un certain âge qui ont eu l’habitude de rouler solo ou en groupe et souhaitent continuer à le faire en utilisant l’assistance pour compenser un physique moins affuté. Mais à l’usage, il est apparu un autre profil pour lequel l’Endurace:ON se destine et sur lequel Canyon ne communique absolument pas : les adeptes du vélotaf ET des sorties sportives qui n’ont pas le budget, la place ou l’envie de posséder deux vélos distincts pour répondre à ces besoins :
- Un VAE bien conçu pour les déplacements pratiques (domicile-travail) en semaine
- Un vélo musculaire de qualité pour les sorties sportives du week-end
En prenant en compte les coûts à engager pour l’achat et la maintenance de deux vélos, l’Endurace:ON pourrait même être considéré comme une alternative économique.
Rappelons que tout cela n’est rendu possible par le point différenciant du moteur Fazua: l’absence totale de friction du moteur électrique. Une batterie déchargée n’est donc plus une sentence irrévocable de fin de sortie. Si cela arrive, le VAE devient tout simplement un vélo musculaire de 15 kg. Certes, vous n’aurez plus d’assistance mais vous serez sur un vélo musculaire tout à fait valable. En cela, la présence d’une vraie transmission à 11 vitesses en lieu et place de la transmission single speed que l’on peut trouver sur des VAE affichés à des tarifs équivalents permet également de toujours être assuré de pouvoir pédaler librement.
Comme évoqué en début de ce test, en mode 100% musculaire il est possible de rouler sans Drivepack et donc de gagner 3 kg pour un poids total de 12 kg. Cependant dans ce cas, tout le mécanisme est exposé. Canyon a prévu le coup et propose donc en accessoire un Downtube Cover, qui est en fait un tube d’aluminium vide reprenant la forme du Drivepack et pouvant s’enclencher dans le cadre à sa place. Et comme il est creux, le volume disponible peut être utilisé comme un petit « coffre de vélo » pour y stocker vêtements, outils ou barres de céréales. Comptez 85 € tout de même, car l’ingéniosité a un prix.
Comme avec le Roadlite:ON, l’Endurace:ON est en fait un véritable vélo 2-en-1 intéressant à plus d’un titre et pour des cas d’usage qui ne sont pas forcément ceux auxquels Canyon avait pensé au départ. Le moteur Fazua apporte une vraie polyvalence qui permet d’affubler les vélos qui en sont équipés du statut de vélo hybride qui, pour une fois, n’est pas qu’un terme marketing. Bravo Canyon, bravo Fazua.
Le verdict
Canyon Endurace:ON 7.0
Voir la ficheOn a aimé
- Design minimaliste, c’est un vélo de route
- Poids convenable pour un VAE
- Assistance Fazua discrète mais très efficace
- Transmission Shimano GRX
On a moins aimé
- Equipement minimaliste, c’est un vélo de route
- Autonomie un peu juste
- Emplacement de la télécommande pas très pratique
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