Même l’une des plus grosses entreprises d’assemblage de produits tech peut se retrouver à ramer pour produire des voitures électriques. C’est le cas de Foxconn qui a peut-être surestimé ses compétences en la matière.

Foxconn est réputé pour être le fabricant de nombreuses marques high-tech, et est surtout connu pour l’assemblage des iPhone. L’essor du véhicule électrique a apparemment aiguisé l’appétit du géant taïwanais du semi-conducteur. En 2021, il a officialisé son lancement sur le secteur automobile en présentant 3 modèles de voitures électriques, un projet suffisamment crédible pour attirer l’attention. Selon Bloomberg, le 16 mars 2023, Foxconn a de grandes ambitions puisque ce département automobile a prévu de générer 33 milliards de dollars de recettes annuelles d’ici à 2025. À mi-parcours, les résultats ne semblent pas tout à fait au rendez-vous.

Si l’activité de composants électroniques pour l’industrie automobile a été multipliée par 5, la branche dédiée à la production de voitures électriques boit quelque peu la tasse. La qualité, les performances et les budgets promis ne sont vraisemblablement pas à la hauteur.

Le premier pick-up fabriqué par Foxconn pose problème

Foxconn a acquis en 2021 l’usine de Lordstown Motors Corp, située dans la ville de Lordstown (Ohio), pour 230 millions de dollars. L’accord scellé ne concerne pas uniquement les murs de l’usine, puisque Foxconn a repris aussi la production du pick-up électrique nommé Lordstown Endurance.

Le Lordstown Endurance est produit par Foxconn // Source : Foxconn
Le Lordstown Endurance est produit par Foxconn. // Source : Foxconn

Cette usine doit devenir le hub de production de voitures électriques de Foxconn pour l’Amérique du Nord. Néanmoins, tout ne se passe pas comme prévu pour y produire le premier véhicule électrique. En janvier 2023, Lordstown Motors a demandé à Foxconn d’interrompre la production du pick-up. La raison invoquée par Lordstown ? Les coûts de production dépassent les 65 000 dollars, or c’est le tarif auquel Lordstown voulait vendre son pick-up aux clients. Le calcul n’est donc pas bon.

Il n’y a pas que le coût de production qui pose un problème, puisque le pick-up semble aussi ne pas apprécier l’hiver. Les premiers pick-up livrés au client perdent de la puissance par temps froid, ce qui a entrainé une procédure de rappel. Lordstown Motors cherche alors à s’associer à un constructeur expérimenté pour poursuivre sa production. C’est un coup dur pour Foxconn, qui s’est peut-être jeté un peu trop vite dans le grand bain. Ce, alors qu’il manque franchement d’expérience pour produire une voiture électrique.

Des projets avec Fisker sur la sellette ?

Fisker avait indiqué, lors des premières annonces du concept PEAR, que le second véhicule électrique de la marque serait produit aux États-Unis par Foxconn dans l’usine de Lordstown. Le premier modèle est actuellement assemblé en Autriche par Magna, une entreprise expérimentée dans la fabrication des voitures, ce qui n’empêche pas quelques délais.

La situation de Foxconn avec Lordstown Motors pourrait bien inciter Henrik Fisker à revoir ses projets. Fisker va avoir besoin d’un partenaire capable de produire en quantité ce modèle abordable de 30 000 dollars. Ce que Foxconn ne semble pas être en mesure de faire actuellement, avec le pick-up à 65 000 dollars de Lordstown.

Fisker a également besoin d’avoir un modèle fiable, puisqu’il pourrait jouer sa réputation sur ce véhicule à diffusion plus large que le Fisker Ocean. Les discussions seraient toujours en cours entre les deux entreprises, selon l’article du 16 mars de Bloomberg.

Foxconn cherche d’autres projets à accompagner  

Foxconn pourrait devenir le partenaire d’une entreprise de matériel agricole électrique. D’autres projets de production, pour lesquels le constructeur taïwanais était pressenti, paraissent avoir des difficultés financières. Il est peu probable que ces véhicules électriques soient un jour produits, par Foxconn ou un autre fabricant.

Usine de Lordstown / Foxconn // Source : Foxconn
L’usine de Lordstown a couté 230 millions à Foxconn. // Source : Foxconn

Si l’on dresse un bilan de la situation, Foxconn n’a fabriqué que quelques prototypes de voitures électriques, plusieurs bus électriques et quelques dizaines de pick-up Endurance pour Lordstown. Cela ne pèse pas lourd.

Le plus surprenant reste quand même d’observer Foxconn chercher de nouveaux partenaires pour produire leurs modèles, plutôt que de lancer la production de ses modèles en nom propre, qu’il a présentés en 2021 et 2022.

Sony, qui s’est également lancé dans l’aventure du véhicule électrique, a certainement bien fait de s’associer avec Honda pour mener à bien son projet de voitures électriques. Cela ne signifie pas que les deux constructeurs japonais vont réussir l’opération commune de produire et de vendre des voitures électriques. Ils mettent en tout cas leur savoir-faire respectif dans la balance pour avancer. D’autres marques de la tech, comme Xiaomi et Huawei, cherchent aussi à creuser leur trou dans l’univers de la voiture électrique. Le même constat s’applique à tous : il n’est pas aussi facile de produire des voitures électriques que des téléphones ou des ordinateurs. Même Dyson avait fini par renoncer à son projet, quant à Apple, on attend toujours.

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