Le 7 mars 2023, les ministres des Transports des différents pays membres auraient dû signer l’accord européen visant à interdire la commercialisation des moteurs thermiques en 2035. Sauf que l’Allemagne a fait volte-face, la veille de la signature, pour tenter d’imposer une modification du texte afin d’autoriser les moteurs thermiques basés sur la technologie e-fuel. Le ministre des Transports allemand a réussi à convaincre d’autres pays membres de s’associer à la démarche pour proposer une modification du règlement européen.
Après plusieurs échanges, l’Allemagne et l’Union européenne sont tombés d’accord pour présenter le texte modifié aux ambassadeurs des 27 pays membres ce lundi 27 mars, pour une validation le mardi 28 mars 2023 du règlement par les ministres concernés. Excepté que désormais, c’est la France qui veut faire blocage contre l’ajout de cet « amendement Porsche », comme certains l’ont déjà renommé. Clément Beaune, Ministre délégué chargé des Transports, s’est exprimé ce dimanche 26 mars sur Twitter en indiquant que le texte n’a pas été changé et qu’il ne le sera pas pour intégrer les carburants de synthèse (e-fuel).
La France ne veut pas laisser l’Allemagne gagner
Dès le 13 mars, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a confié son désaccord avec les décisions de l’Allemagne auprès de France Info. Pour le ministre, il s’agit d’une « faute environnementale » de l’Allemagne et il s’est dit « prêt à aller au bras de fer sur ce sujet ».
La France a d’abord fustigé l’Allemagne sur la méthode, assimilée à un chantage malvenu, avant de s’attaquer au fond. Bruno Le Maire a précisé : « On ne peut pas dire qu’il y a urgence climatique et reculer sur l’objectif de passage aux voitures électriques. »
Clément Beaune a réagi ce dimanche 26 mars sur Twitter pour contrer les médias qui semblent déclarer que les jeux sont faits, et que l’Europe va adopter le règlement modifié pour autoriser l’utilisation des moteurs à e-fuel. La France compte bien s’y opposer et espère certainement le soutien d’autres pays sur le sujet.
On devrait donc pouvoir observer 3 camps distincts lors des réunions européennes de ces deux prochains jours : ceux qui ont rallié l’Allemagne pour soutenir l’e-fuel, ceux qui vont s’opposer à ce que l’Allemagne obtienne cette exception, et enfin ceux qui sont prêts à accepter cette porte ouverte à l’e-fuel pour signer le texte principal.
La France veut certainement éviter d’être accusée d’inaction climatique
Si la France souhaite s’opposer à la coalition menée par l’Allemagne, c’est pour ne pas être jugé une nouvelle fois pour son inaction face aux changements climatiques. Il s’agit vraiment d’une posture politique, plus que d’un intérêt économique pour la France.
Le groupe Renault et Stellantis ne s’expriment pas publiquement sur le sujet. Un silence qui peut surprendre, surtout connaissant les positions passées de Carlos Tavares, le patron de Stellantis, sur l’électrification forcée. Les deux groupes sont réputés comme motoristes, pour la conception de moteurs à combustion interne (ICE), mais pas encore ceux des véhicules électriques. Ils ont finalement tout intérêt à ce que l’ajout de l’Allemagne soit accepté.
La position du gouvernement peut être perçue comme un but contre son camp, par toute la filière automobile française, qui aimerait avoir ce choix technologique pour atteindre une mobilité zéro émission.
Si la France n’obtient pas le soutien d’autres pays européens, la position sera probablement difficile à maintenir. Surtout que la France ne peut pas non plus se permettre de bloquer l’adoption du règlement européen, car cela serait contre-productif. L’Autriche devrait se ranger du côté de la France, mais quelques dissensions internes pourraient venir perturber ce soutien. La France va-t-elle se retrouver seule contre tous ?
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