La signature du règlement européen, qui aurait dû initialement intervenir le 7 mars, a enfin eu lieu ce 28 mars 2023. Le texte, visant à interdire la vente des véhicules thermiques neufs en 2035, est désormais approuvé. Les trois semaines de retard sur le calendrier initial viennent d’un coup de force de dernière minute, engagé par le ministre des Transports allemand. Il a voulu faire figurer la possibilité d’inclure des véhicules roulant à l’e-fuel dans les textes européens. Un élément qui n’avait pas été retenu par le texte validé par les 27 pays membres avant la signature finale. L’absence de cet amendement a alors provoqué une fronde de l’Allemagne et de plusieurs autres pays.
Après plusieurs semaines de discussion, l’Union européenne et l’Allemagne ont conclu un accord. Ils ont trouvé une solution, par des moyens administratifs détournés, pour envisager la vente de nouveaux véhicules à moteur à combustion (ICE) au-delà de l’échéance de 2035, mais uniquement s’ils fonctionnent avec des carburants de synthèse neutres en carbone.
Le vrai vainqueur reste Bruxelles, plus que l’Allemagne
Ce compromis des législateurs européens laisse à penser que l’Allemagne et ses puissants lobbies automobiles ont gagné la guerre sur l’e-fuel. Il n’en est rien. La route est encore longue pour que les carburants de synthèse puissent être commercialisés après 2035.
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Puisque les pays européens ont approuvé la loi, la Commission va pouvoir créer une nouvelle catégorie de véhicules correspondant aux véhicules fonctionnant à l’e-fuel. Enfin, plus précisément, la commission s’est engagée à créer une catégorie spécifique pour les voitures qui peuvent fonctionner avec un carburant neutre en carbone. Avant tout, il faudra démontrer à la commission que le carburant de synthèse répond exactement à cette définition. Cela risque d’être plus compliqué qu’il n’y parait.
La Commission présentera ensuite un autre règlement spécifiant comment ces voitures peuvent contribuer à l’objectif 2035. Selon Reuters, ce règlement prendra la forme d’un acte délégué. Il s’agit d’un type de loi que les pays de l’UE et les législateurs peuvent difficilement rejeter. Dans le cas contraire, la Commission a déclaré que si cette loi était rejetée, elle « suivrait une autre voie législative » pour satisfaire la demande de l’Allemagne. On est encore loin d’une victoire sans l’ombre d’un doute de l’Allemagne sur le sujet.
La clause de révision de 2026 laisse quand même la porte ouverte à des changements. Pour l’instant, seul l’avenir de la voiture électrique est assuré en 2035.
Une planche de salut pour certaines marques seulement
Même si elles doivent pouvoir bénéficier de quelques largesses grâce à l’ « amendement Ferrari », les voitures de luxe se réjouissent de cette avancée concernant l’e-fuel. Ferrari, Lamborghini et Porsche voient dans ce carburant de synthèse l’occasion de faire perdurer leurs moteurs thermiques.
Même si ces constructeurs ont tous prévu une électrification progressive de leur gamme, la perspective de commercialiser des véhicules neufs fonctionnant avec un carburant de synthèse est très bien accueillie.
L’e-fuel pourrait ne s’adresser qu’à un marché de niche pour l’automobile de luxe, de collection et de compétition. Plus de débouchés sont envisagés pour ce carburant pour le secteur aérien et maritime, ce qui aurait probablement du sens pour faire baisser les émissions polluantes de ces secteurs d’activité.
Pour les autres constructeurs et pour le grand public, cet accord pour intégrer l’e-fuel dans les alternatives possibles en 2035, ne change rien à la stratégie établie. Les constructeurs ne songent plus qu’à une électrification totale de leur gamme en vente dans les pays européens. Même l’hydrogène ne semble pas vraiment intéresser les constructeurs traditionnels, en ce qui concerne la voiture particulière. À moins d’un bouleversement majeur en 2026, l’avenir de la voiture particulière et des vans sera 100 % électrique.
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