Les zones à faibles émissions, ou ZFE, doivent progressivement restreindre l’accès des villes aux véhicules les plus polluants. Alors que d’autres pays européens sont bien plus en avance sur la question, la France a tardé à mettre en place ce système. Ainsi, pour se conformer à ses engagements européens, les grandes métropoles françaises ont finalement dû instaurer un calendrier particulièrement serré pour l’entrée en vigueur de ces zones.
Ces zones à faibles émissions ont été rapidement considérées comme des zones à grandes exclusions. Les ménages les plus modestes, qui ne pourront changer leur véhicule pour un autre plus propre, n’auront plus le droit de circuler. Face à la fronde, plusieurs métropoles ont commencé à rétropédaler, en retardant le durcissement des ZFE. Le Grand Paris vient d’annoncer le 30 mars vouloir un nouveau report à 2025 de la prochaine étape. De son côté, Anne Hidalgo, pour Paris, s’oppose à ce changement de calendrier. Qu’est-ce que les ZFE changent au quotidien ?
Qu’est-ce qu’une Zone à Faibles Emissions (ZFE) ?
C’est une véritable révolution silencieuse qui arrive bientôt dans nos grandes villes. Les ZFE (Zones à Faibles Émissions) ont commencé à bouleverser le quotidien des automobilistes des grandes métropoles, mais aussi et surtout celui des artisans et professionnels disposant de véhicules utilitaires.
Ces ZFE ont vocation à restreindre l’accès des villes à l’ensemble des véhicules les plus polluants sur des périmètres et des plages horaires définis par les collectivités territoriales concernées. Les moteurs diesel sont particulièrement visés, puisque ce sont ces véhicules qui pourraient perdre l’accès aux centres-villes le plus rapidement.
Comment ça marche, concrètement, les ZFE ?
Pour classer quels véhicules ont le droit de rouler et quels sont ceux qui sont exclus, le système repose sur les vignettes Qualité d’Air. Selon la norme « Euro » de votre véhicule, la vignette à apposer sur votre pare-brise ira de Crit’Air 0, pour un véhicule électrique ou à hydrogène, jusqu’à Crit’Air 5, pour des véhicules diesel produits entre 1997 et 2000. Les véhicules antérieurs à 1997 n’ont pas de classification Crit’Air, ce sont les premiers véhicules à avoir été exclus des différentes métropoles disposant d’une ZFE.
Les voitures sont au centre de l’attention, mais toutes les catégories de véhicules sont visées par les ZFE avec des calendriers différents :
- Deux-roues, tricycles, quadricycles à moteur ;
- Voitures ;
- Véhicules utilitaires légers (VUL) ;
- Poids lourds, autobus, autocar.
Des sanctions sont prévues pour les personnes ne respectant l’interdiction de circuler :
- Une contravention de 68 euros avec un véhicule léger ;
- Une contravention de 135 euros avec un bus, un autocar ou un poids lourd.
Les contrôles sont pour le moment réalisés par les forces de l’ordre, mais des caméras contrôlant automatiquement la présence de la vignette Crit’Air sont envisagées, notamment sur le Grand Paris, pour vérifier tous les véhicules entrant dans la zone de manière automatisée. Les contraventions pourraient alors tomber très rapidement et en masse dans les boites aux lettres des contrevenants. Des arnaques sont régulièrement envoyées par SMS pour tenter de vous piéger avec la vignette Crit’Air, soyez prudent au moment d’acheter votre vignette, faites-le uniquement sur le site officiel.
Quelles sont les métropoles concernées ?
Une dizaine de métropoles doivent progressivement mettre en place des zones à faibles émissions (ZFE ou ZFE-m). Le calendrier d’exclusion, des vignettes Crit’Air 5, 4 puis 3, est différent selon les villes.
- Métropole de Lyon,
- Grenoble-Alpes-Métropole,
- Paris et Métropole du Grand Paris,
- Aix-Marseille-Provence,
- Nice-Côte d’Azur,
- Toulon-Provence-Méditerranée,
- Toulouse,
- Montpellier-Méditerranée,
- Strasbourg,
- Rouen-Normandie.
D’ici à 2030, toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants vont devoir disposer d’une ZFE. C’est inscrit dans la loi « Climat et résilience ». Cela ajoutera une trentaine d’agglomérations à la liste et couvrira une très vaste partie du territoire français.
Plusieurs métropoles ont déjà annoncé quelques réajustements du calendrier initialement annoncé. La Métropole de Lyon a notamment indiqué le 15 février que l’interdiction des véhicules Crit Air 2, soit l’ensemble des véhicules diesel et des voitures essence d’avant 2011, sera décalé de 2026 à 2028. Un report qui ne concerne pas les autres étapes du calendrier.
À Reims, l’exclusion des vignettes Crit’air 3 vient d’être repoussée, début mars, de 5 ans, passant d’une interdiction de 2024 à 2029. La qualité de l’air s’est améliorée dans la métropole, l’agglomération ne voyait pas d’urgence à précipiter de nouvelles restrictions en 2024.
Des élus de la métropole Aix-Marseille ont également tenté de réclamer un report du calendrier en mars. Sans succès. Par contre, des élus du Grand Paris viennent d’indiquer qu’ils souhaitaient un report de l’application de la prochaine étape du calendrier francilien. Anne Hidalgo s’y oppose pour Paris. Les débats sont donc toujours en cours pour la plus grande ZFE française.
Les reports sont-ils de bonnes ou mauvaises nouvelles ?
Si ces reports sont une bonne nouvelle pour les automobilistes et tous les conducteurs d’engins à moteur, qui n’ont pas les moyens d’acheter un véhicule plus récent, c’est, par contre, une mauvaise nouvelle pour la pollution de l’air des grandes villes.
Les zones à faibles émissions répondent à une obligation européenne qui vise à améliorer la qualité de l’air des villes et métropoles, notamment celles où la pollution de l’air est importante. L’objectif initial est ainsi de protéger la santé des habitants. Hélas, cet aspect de la mesure passe au second plan face à la fracture sociale qu’elle peut provoquer. La France a déjà été sanctionnée pour le retard sur la mise en place de ces actions, les reports successifs risquent d’amplifier les sanctions pour inaction à l’encontre de la France.
Ce que l’on oublie bien souvent, c’est que le projet de ZFE doit normalement s’accompagner de différents dispositifs pour favoriser d’autres mobilités : la trottinette, le vélo et les transports publics. L’idée ne doit pas consister à devoir changer une voiture, jugée trop ancienne ou polluante, par un véhicule neuf ou récent équivalent. Avec les tarifs actuels des voitures neuves classées en Crit’air 0 ou 1, c’est inimaginable. Or, pour le moment, malgré les projets de RER en région, les solutions pour se passer de l’automobile n’existent pas, ou trop peu. C’est ce qu’il s’appelle mettre la charrue avant les bœufs, il n’est pas étonnant que la mesure soit particulièrement impopulaire et discriminante.
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