Tesla n’en est pas à son coup d’essai en ce qui concerne la suppression d’un élément matériel sur ses voitures. Entre les capteurs de pluie, le radar et désormais les capteurs à ultrasons, les Tesla actuelles misent sur le logiciel plutôt que sur le matériel pour répondre aux différents besoins.
En théorie, tout va bien. Le logiciel embarqué est au point et ce que Tesla offre à ses utilisateurs leur convient. En ce qui concerne Tesla Vision pour le parking, force est de constater que les limites physiques de cette innovation basée sur les caméras sont bien trop importantes pour pouvoir lui faire confiance en toutes circonstances.
Plus de six mois sans aide au stationnement
Lorsque, à la fin de l’été 2022, Tesla annonçait la disparition des capteurs à ultrasons de ses Model 3 et Model Y, de nombreux clients ont commencé à craindre le pire pour garer leur voiture de 4,70 mètres de long. Jusqu’alors — et c’est le cas dans la quasi-totalité des véhicules de ces segments —, les Tesla affichaient la distance restante avant un obstacle à l’avant ou à l’arrière du véhicule.
De plus, une ligne matérialisait l’obstacle, et selon les préférences du conducteur, un avertisseur sonore pouvait retentir lorsque l’on s’approchait un peu trop. En somme, une expérience tout ce qu’il y a de plus classique sur un véhicule de 40 000 à 80 000 euros pour faciliter les manœuvres.
Cependant, Tesla ne fait vraiment pas tout comme tout le monde. L’entreprise a donc confirmé sur son site internet la suppression de ces capteurs à ultrasons permettant cette fameuse aide au stationnement. Lors de l’annonce à l’automne 2022, voici ce que Tesla précisait sur son site internet : « pendant une courte période au cours de cette transition, les véhicules Tesla Vision qui ne sont pas équipés de capteurs à ultrasons seront livrés avec certaines fonctionnalités temporairement limitées ou inactives ». Parmi ces « certaines fonctionnalités », il y avait en fait 4 fonctions différentes, toutes dédiées au stationnement : le park assist, le parking auto, la sortie auto et la sortie auto intelligente.
Une fois de plus, victime du bien connu « Elon Time », les possesseurs de Tesla se sont retrouvés sans aide au stationnement « pendant une courte période » ayant duré au final plus de six mois. L’aide au stationnement par Tesla Vision est finalement arrivée, et nous avons pu en faire le tour dans de nombreuses situations.
Tesla Vision : on ne peut pas s’y fier
Pour le dire simplement : Tesla Vision ne permet pas de remplacer des capteurs à ultrasons. Ce que beaucoup de propriétaires de Tesla craignaient se révèle pour le moment bien vrai.
Tesla Vision repose sur un réseau d’occupation basé sur la vision pour remplacer les données générées par les capteurs à ultrasons. Autrement dit, il s’agit de traiter les données reçues par les huit caméras des véhicules (trois sur le haut du pare-brise, deux sur les ailes avant, deux au niveau des portières, et une à l’arrière) pour estimer ce qui se trouve aux abords de la voiture, et la distance à laquelle tous les éventuels obstacles sont.
Contrairement à un capteur à ultrason qui donne une information exacte basée sur le temps de parcours d’une onde, Tesla Vision doit deviner ce que voient les caméras, ainsi que la distance à laquelle toutes ces informations se trouvent.
Cette méthode est déjà utilisée, avec plus ou moins de succès, pour le régulateur de vitesse adaptatif et l’assistance au maintien de cap de Tesla. Mais la précision nécessaire pour ceci ne se compte pas en centimètres, contrairement à l’aide espérée pour les manœuvres de parking.
Les quelques angles morts, liés au placement des différentes caméras sur une Tesla, se révèlent être très problématiques, là où les capteurs à ultrasons rendaient bien le service voulu. C’est notable par exemple juste devant le pare-choc avant, si un obstacle de moins de 40 centimètres de haut est présent.
Ce genre d’obstacle, qui peut être un petit muret ou un vélo d’enfant abandonné négligemment au sol, est difficilement visible par les caméras situées en haut du pare-brise, alors que pour les capteurs à ultrasons cela ne posait aucun souci.
Certains imaginaient que la solution via Tesla Vision allait aboutir à une aide au stationnement plus perfectionnée que la méthode classique, parce que les caméras couvraient une zone plus importante que les capteurs. S’il est vrai que les capteurs étaient présents uniquement sur les pare-chocs alors qu’il y a des caméras sur les côtés des Tesla Model S, Model 3, Model X et Model Y, il est malheureusement trop simple de les prendre en défaut.
Aide au stationnement indisponible : une nouveauté dont on se serait bien passé
Une des premières différences entre Tesla Vision et les capteurs à ultrasons se présente lorsque les caméras sont sales, obstruées, ou tout simplement quand il fait nuit.
Ces situations qui n’altèrent pas du tout le fonctionnement des capteurs USS représentent de véritables challenges pour les caméras qui entourent une Tesla. En l’état, dès qu’une caméra est obstruée par exemple, l’aide au stationnement est indisponible. Si par malheur, vous avez de la saleté ou de l’eau sur la caméra arrière à cause des conditions de route, vous ne pourrez plus vous appuyer sur l’aide au stationnement, même pour la marche avant.
Un problème de visibilité sur une seule caméra supprime totalement l’aide au stationnement. Et malheureusement, c’est une situation qui est relativement fréquente. Si le mauvais temps s’installe, préparez-vous à n’avoir aucune aide au stationnement avant que les caméras ne soient propres.
Enfin, autre nouveauté que l’on n’attendait pas : au démarrage du véhicule, un message apparaît désormais invitant à patienter pendant le chargement de l’aide au stationnement. Les capteurs à ultrasons de leur côté donnent l’information immédiatement, alors que le Tesla Vision doit récupérer les informations qui étaient enregistrées au moment du stationnement de la voiture, ce qui est loin d’être idéal. En l’absence de mouvement, le réseau d’occupation basé sur la vision ne peut déterminer les distances auxquelles se trouvent les obstacles. Et nous allons voir que même en mouvement, ces mesures sont parfois bien éloignées de la réalité.
Des mesures trop approximatives
Ce qui est le plus inacceptable, dans le fonctionnement actuel de l’aide au stationnement Tesla Vision, est que même en situation idéale, les mesures de distances ne sont pas assez fiables pour que l’on puisse faire confiance au système.
À titre d’exemple, l’indication de distance s’arrête à 30 centimètres, après quoi il est écrit « STOP », et un indicateur sonore retentit en continu si vous l’avez activé dans les paramètres. Si en effet vous vous situez à 30 centimètres d’un mur, il peut être opportun de s’arrêter pour ne pas tenter le diable. En pratique, lors de nos différents essais, nous étions souvent bien plus loin que ce qu’indiquait Tesla Vision, et même hors de certains marquages au sol de stationnement.
Entre les erreurs de distance et les obstacles occasionnellement non détectés, et en ajoutant l’indisponibilité lorsque les conditions ne sont pas parfaites, il est actuellement impossible de se satisfaire de Tesla Vision.
Peut-on imaginer que cela s’améliore avec le temps ? Ce n’est pas garanti, certaines fonctionnalités sont insatisfaisantes depuis des années, comme la sortie auto qui ne s’améliore pas par exemple. Laissons toutefois le bénéfice du doute à Tesla, en espérant qu’au fur et à mesure des mises à jour logicielles, l’aide au stationnement via Tesla Vision devienne enfin digne de confiance.
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