Ce qui se passe chez Tesla, aurait dû rester chez Tesla, sauf que l’information a fuité auprès de Reuters ce 6 avril. Neuf anciens employés de Tesla ont témoigné que des images extraites des caméras des voitures Tesla servaient aussi à distraire les équipes sur le chat interne de l’entreprise. Des témoignages qui soulèvent plusieurs problèmes de confidentialité des données et du respect de la vie privée.
Les différents modèles Tesla sont équipés de nombreuses caméras extérieures, et pour les modèles les plus récents de caméras à l’intérieur également. Ces caméras sont exploitées pour le fonctionnement de l’Autopilot, de la conduite autonome FSD, du mode sentinelle, mais aussi depuis peu par le système Tesla Vision pour les aides au stationnement. Ces caméras sont donc indissociables de l’utilisation d’une voiture Tesla. Peu des conducteurs de Tesla sont probablement conscients que des scènes captées par les caméras de leur voiture peuvent se retrouver à distraire certains employés de Tesla.
Mise à jour du 8 avril : une plainte contre Tesla, pouvant mener à une action collective, a déjà été déposé en Californie.
Mieux vaut désactiver le partage de données avec Tesla
Pour chaque véhicule, il peut être décidé d’activer ou désactiver le partage de certaines données de la voiture avec les équipes Tesla. On retrouve cette option sur de plus en plus d’objets connectés. Sur le fond, cela permet aux concepteurs d’améliorer les produits au travers de mises à jour, s’ils se rendent compte de dysfonctionnements grâce aux remontés des données. C’est plutôt utile.
À l’origine, ces données vidéos doivent permettre à l’équipe de visionneurs Tesla de qualifier ce que les véhicules voient sur la route, ou dans les manœuvres de stationnement. Cela doit aider le système à faire la différence entre un cône de chantier et une poubelle, entre un panneau stop et une barrière de péages, ou entre un lave-linge et un ballon de gym.
Sauf que comme bien souvent, l’objet initial de la récolte des données peut parfois être utilisé à mauvais escient. C’est le cas de ce qui est rapporté par Reuters dans son dossier du 6 avril. Les images prises par les caméras des voitures de la marque, y compris au sein des garages des clients, ont pu être consultées à distance par l’équipe. Tout ce qui sortait de l’ordinaire était capturé par l’employé visionneur, puis partagé au reste du groupe pour distraire : accidents spectaculaires, situations insolites, objets surprenants, personnes se promenant en petite tenue, ou même nues, autour de la voiture…
Certains de ces extraits étaient même modifiés pour les transformer en mème, afin d’être sûre de bien faire rire l’équipe sur le chat interne de l’entreprise.
Personne n’est épargné, pas même Elon Musk
Même le garage d’Elon Musk se serait retrouvé espionné. « Il y a environ trois ans, des employés sont tombés par hasard sur une vidéo d’un véhicule submersible unique garé dans un garage et l’ont partagée, selon deux personnes qui l’ont visionnée. Surnommé « Wet Nellie », la Lotus Esprit sous-marin blanche avait été présenté dans le film de James Bond de 1977, L’espion qui m’aimait. Le propriétaire du véhicule : Elon Musk, directeur général de Tesla, qui l’avait acheté pour environ 968 000 dollars lors d’une vente aux enchères en 2013. Il n’est pas certain que Musk ait eu connaissance de la vidéo ou qu’elle ait été partagée. »
Les données récoltées ne sont pas rattachées à un compte client : ceux qui y ont accès n’ont donc pas la possibilité de savoir à qui appartient le véhicule. Sauf qu’ils disposent de la localisation de la Tesla, ce qui est particulièrement intrusif, notamment pour les vidéos capturées aux domiciles des clients de Tesla.
Tesla s’est déjà fait attraper pour des détournements des systèmes embarqués
Les caméras embarquées par la marque ont déjà posé des problèmes dans certains pays. En Chine, les Tesla ont été interdites dans plusieurs zones. Le plus récemment, cette interdiction a eu lieu dans la ville où se tenait le congrès du parti communiste chinois, pour éviter que les voitures puissent filmer et diffuser des informations sensibles.
En Europe, c’est le mode sentinelle qui s’est déjà fait rattraper à Berlin et aux Pays-Bas à cause du mode sentinelle qui pouvait filmer des lieux et des personnes à leur insu. Tesla va probablement devoir s’expliquer auprès de l’Europe sur l’utilisation des données de ses véhicules.
En attendant, si vous avez une Tesla et que vous êtes assez sensibles à la question de la sécurisation de vos données personnelles et de votre vie privée, il semble utile de désactiver le partage des données avec Tesla.
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