Tesla n’a pas seulement révolutionné le processus d’achat d’une voiture, le constructeur a aussi dynamité la notion d’entretien. Dans un tweet publié le 24 avril 2023, Tesla rappelle que l’entretien de ses voitures est réduit au minimum. Si le véhicule a besoin d’un dépannage, une bonne partie du processus peut être fait depuis l’application et sans avoir à se déplacer en concession. Face à cette stratégie de Tesla, les autres constructeurs semblent complètement dépassés à toujours exiger un passage régulier en atelier. Qui, de Tesla ou des autres constructeurs, a la vision la plus juste ? Même si la réponse peut paraître évidente, elle ne l’est pas tant que cela.
Tesla a un coup d’avance par rapport à ses concurrents sur la manière dont les problèmes des véhicules sont diagnostiqués et traités à distance. Mais, sans cet avantage technologique, la marque n’aurait de toute façon pas pu conquérir le monde comme elle l’a fait. Son système n’est pour autant pas sans défaut.
Tesla et son entretien réduit au minimum
Tesla n’impose pas de révision selon un calendrier annuel ou un kilométrage défini. D’ailleurs, certains des entretiens prévus par la marque peuvent être faits par les propriétaires eux-mêmes, sans être des mécaniciens dans l’âme. Les recommandations d’intervention Tesla sont les suivantes :
- Changement du filtre de l’habitacle après 2 ans d’utilisation d’une Tesla, voire tous les 3 ans pour les nouvelles Model S et X,
- Vérification du liquide de frein tous les 2 ans,
- Permutation des pneus et équilibrage tous les 10 000 km,
- Changement du filtre HEPA tous les 3 ans, si le modèle en est équipé,
- Entretien de la climatisation tous les 2 à 6 ans selon le modèle,
- Nettoyage et lubrification de tous les étriers de freins tous les 12 mois ou 20 000 km.
Cela change la donne par rapport aux voitures thermiques, qui doivent être vidangées régulièrement. Il n’y a ici ni changement d’huile, ni courroie, ni boîte de vitesses, ni filtre à carburant à remplacer. Certains diront qu’il est également possible de faire sa vidange d’un modèle thermique soi-même, cela nécessite quand même quelques connaissances techniques et surtout un peu d’équipement. Cela reste un cas à part.
Un véhicule électrique, peu importe sa marque, aura beaucoup moins de réparations mécaniques. Mais, pourquoi les autres constructeurs de voitures électriques forcent-ils encore à passer en atelier ?
La clé de Tesla : ses outils de diagnostic embarqués et ses mises à jour OTA
Si de plus en plus de constructeurs intègrent des mises à jour à distance (OTA ou « over the air »), peu d’autres marques sont aussi avancées que Tesla sur la manière dont la voiture est paramétrable sans intervention physique. Une partie des problèmes rattachés à l’électronique du véhicule peuvent être réglés à distance par les équipes Tesla. Les données de diagnostics intégrés aux modèles sont certainement parmi les plus pointues de l’industrie automobile. C’est une économie directe pour le constructeur en termes de masse salariale, mais aussi pour le propriétaire d’une Tesla qui n’a pas à payer chacun de ses passages à l’atelier.
Pour autant, « Sans entretien » ne signifie pas sans panne. Ce que les constructeurs traitent parfois en préventif lors d’un passage en atelier sur les autres modèles, les conducteurs de Tesla sont amenés à le gérer par eux-mêmes quand le problème intervient. Et, dans ces situations, la gestion partiellement déshumanisée de la demande de réparation et la distance avec le service center peut virer au casse-tête pour certains clients.
Des contrôles réguliers pour la sécurité du véhicule
Quand on interroge les différents constructeurs, qui maintiennent des passages réguliers à l’atelier pour les voitures électriques, ils répondent tous que ceci est pour la sécurité du véhicule.
Le passage en atelier implique peu de changements de pièces d’usure, mais permet au constructeur de vérifier la bonne santé du véhicule : état du châssis, de la carrosserie, des pneumatiques, de la direction et de la suspension. C’est aussi l’occasion pour la marque de vérifier l’intégrité de la batterie et de son bon fonctionnement.
De nombreux constructeurs imposent même un rendez-vous au bout d’un an. C’est le cas d’une grande partie des constructeurs généralistes dont les marques du groupe Stellantis (Peugeot, Citroën, DS, Fiat…) ou de Renault. Ce premier rendez-vous en atelier a moins vocation à vérifier le véhicule électrique qu’à faire le point avec le conducteur ou la conductrice pour savoir si des difficultés sont rencontrées.
Ces passages en atelier sont 20 à 35 % moins cher que pour des véhicules thermiques, mais ils restent un coût non négligeable à assurer et sont chronophages.
Une manière de conserver le réseau de concessions
Avec moins de pannes et de passages en atelier, le business model des concessions est dans un équilibre particulièrement sommaire avec l’émergence des véhicules électriques. Les ventes rapportent de moins en moins. Là où l’atelier permettait jusqu’à présent de trouver une forme de rentabilité sur le long terme, cet avantage disparaît partiellement avec l’électrique.
En imposant un planning de révision obligatoire, les constructeurs historiques sauvegardent une source de revenue cruciale. Pour être sûr que les clients ne s’en détournent pas, les conditions de garantie du véhicule et de la batterie impliquent de faire les entretiens en temps et en heure dans le réseau selon le programme établi. Les marques cherchent à garder ainsi leurs clients captifs le plus longtemps possible. C’est notamment le cas chez les Coréens de Kia qui, pour disposer de la fameuse garantie de 7 ans, imposent un entretien en concession. Ils sont loin d’être les seuls à fonctionner ainsi. Plus la durée de garantie est longue, plus elle rend dépendant le client de son concessionnaire.
Conserver un planning d’entretien pour s’assurer que les véhicules électriques fonctionnent bien et en toute sécurité reste une bonne démarche. Cela permet en plus de garder un lien humain avec le client, avec ses avantages et ses défauts selon les concessions. Il y a certainement un compromis à trouver entre le « sans entretien » à la façon de Tesla, qui laisse le client se débrouiller seul pour gérer son véhicule dans le temps, et les rendez-vous trop réguliers et couteux des constructeurs traditionnels.
En dehors des jeunes marques qui se lancent sans disposer d’un réseau de revendeurs, peu de constructeurs cherchent à renouveler ce suivi du véhicule. Il semble pourtant possible d’envisager de remplacer les grandes concessions de proximité par de plus petits points de vente. Ils pourraient être combinés à des services de dépannage mobiles, comme les Ranger de Tesla, et c’est peut-être là une des solutions d’avenir.
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