Même en reprenant un processus industriel d’assemblage assez classique, Tesla a déjà réussi à optimiser la production automobile sur les modèles existants. À chaque nouveau modèle, Elon Musk affine encore l’industrialisation pour plus d’efficacité, mais également pour de plus grandes économies. Elon Musk ne veut pas s’arrêter là : il a annoncé le 1er mars 2023 que la prochaine plateforme « next-gen » s’accompagnerait d’une petite révolution sur la manière de produire les autos de la marque.
Selon une analyse parue sur Reuters le 15 mai, c’est autour de cette nouvelle méthode de production que les avis des experts n’aboutissent pas réellement à un consensus. Elle est considérée comme « révolutionnaire » pour certains, quand d’autres spécialistes voient déjà quelques limites et contraintes à surmonter.
Tesla veut ringardiser le modèle de production Toyota
Pour l’industrie automobile, le meilleur exemple de gestion de la production est détenu par Toyota. Ce fut la référence en la matière depuis plusieurs décennies, avec une méthode copiée par de multiples groupes automobiles. Finalement, peu de choses ont changé en 100 ans, depuis que cette façon d’industrialiser des voitures a été mise en lumière par Henri Ford. Tesla a donc déjà cherché à se différencier du géant japonais dans son approche. L’introduction progressive des pièces issues de méga-presse en est une des illustrations, mais c’est loin d’être la seule.
Avec la prochaine génération de modèles, Elon Musk veut complètement revoir la manière dont est organisée la production. Il souhaite introduire un assemblage modulaire, où plusieurs étapes seraient réalisées en parallèle avec un assemblage final, plutôt qu’une chaîne de montage classique.
Cette méthode doit permettre à Tesla de gagner de la surface dans ses usines. Des Gigafactory plus petites induisent des sites de production moins couteux à multiplier. En jouant sur l’assemblage et la taille des usines, Tesla estime pouvoir réduire de 40 % les coûts de fabrication, ce qui serait tout bonnement exceptionnel, si l’objectif est atteint.
Le chercheur allemand Jan-Philipp Büchler fait partie des experts qui estiment que cette méthode est « révolutionnaire ». Il va plus loin en précisant auprès de Reuters : « Il s’agit bien plus que d’une production modulaire […]. Il s’agit d’éliminer des étapes qui étaient standard, de créer de nouveaux modèles de travail, d’augmenter la vitesse et de réduire la complexité. »
Elon Musk est bien connu pour avoir réduit le nombre de pièces nécessaires pour assembler ses modèles. Toutes les étapes qui peuvent être supprimées le sont grâce à une simplification à l’extrême de sa gamme. C’est grâce à toutes ces économies de temps et de pièces que Tesla peut proposer des tarifs agressifs, tout en conservant une forte marge. Une méthode également appliquée chez SpaceX.
Une solution manquant d’agilité
Pour d’autres spécialistes de la méthode, dite de « Lean Management », la solution envisagée par Tesla pourrait poser des problèmes, si la synchronisation des différents grands éléments n’est pas parfaite. Malgré une annonce contraire de la part de Tesla, ce process repose également sur de la production « juste-à-temps », où chaque grain de sable dans un engrenage peut rapidement bloquer la chaîne.
Quant à produire plusieurs modèles différents sur la même ligne de production, « c’est pratiquement impossible », indique M. Oba, consultant en Lean Management, à Reuters. À la différence d’autres constructeurs, Tesla a une ligne de production par modèle, et la future méthode de production ne semble pas encline à changer cela. Plus la gamme va s’élargir, plus cette solution d’assemblage modulaire risque de se montrer trop rigide pour évoluer avec la société.
Impossible à mettre en place dans un délai aussi court
Le talon d’Achille de Tesla est le temps pris pour peaufiner l’industrialisation d’un modèle ou des batteries. Le désormais fameux « Elon Time », qui transforme 12 mois en 3 ou 5 ans (de retard), a déjà mis les nerfs des investisseurs à rude épreuve par le passé. Le nouveau et ambitieux process de production envisagé par Tesla pour sa prochaine usine au Mexique sera-t-il vraiment opérationnel pour tenir les délais annoncés ? Ce serait une sacrée surprise, si cela se révélait juste.
Si les futurs modèles de la gamme dépendent de cette nouvelle méthode de production, il va certainement falloir s’armer de patience. Toutefois, dans l’éventualité où Tesla arriverait à mettre en place cet assemblage modulaire, avec les objectifs de réduction de coûts indiqués et dans un délai raisonnablement court, cela serait un coup de massue pour les autres groupes automobiles. Ce qui pourrait encore un peu pimenter le jeu.
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