Lorsqu’une personne commence à s’intéresser à la voiture électrique, elle doit intégrer de nombreuses informations. L’une des premières concerne le coût d’utilisation, qui est bien souvent très inférieur à celui d’une voiture thermique.
Le coût de l’électricité nécessaire pour rouler est en effet bien moindre, mais est-ce suffisant pour amortir la différence de prix lors de l’achat ? Certains profils de conducteurs arriveront facilement à se convaincre de l’intérêt financier à rouler en voiture électrique, là où d’autres ne vont pas voir l’avantage avant de nombreuses années.
En France, un conducteur moyen parcourt environ 12 000 kilomètres par an, et les assurances distinguent usuellement les petits rouleurs comme ceux parcourant 6 000 kilomètres par an (soit 500 km par mois). Est-ce que ce genre d’automobiliste peut tout de même trouver un intérêt à rouler en voiture électrique ?
Une voiture électrique est encore onéreuse
C’est une critique qui revient souvent, à raison : une voiture électrique neuve coûte cher, trop cher pour beaucoup de Français ou Françaises. Le prix d’achat moyen d’une voiture neuve en France s’établit à près de 33 000 euros en 2023 et peu d’électriques sont moins onéreuses.
Les véhicules électriques les plus vendus sont plutôt proposés entre 35 000 et 45 000 euros (Tesla Model 3, Tesla Model Y, Renault Zoe), de manière à bénéficier du bonus écologique maximal. Ainsi, il est indéniable que le prix affiché d’une voiture électrique neuve est encore très élevé en 2023.
En outre, le marché de l’occasion est incomparable avec celui des voitures thermiques, présentes depuis des décennies. Trouver un véhicule électrique à moins de 5 000 euros est une mission presque impossible, alors que des voitures thermiques en état de marche sont présentes en nombre sur les sites de petites annonces.
Ainsi, avec un entretien qui est fortement réduit et un coût d’usage incomparable, est-il tout de même possible qu’une voiture électrique revienne moins chère qu’une thermique ?
- Compte tenu des prix actuels de l’électricité et de l’essence, on estime à 2,5 euros le coût aux 100 km d’une voiture électrique, contre 10 euros pour une thermique.
- Un conducteur parcourant 6 000 kilomètres par an, ce que nous considérons comme la limite pour un petit rouleur, économise alors seulement 450 euros chaque année.
- Si la différence de prix à l’achat est de 5 000 euros par exemple, il faudra plus de 11 ans d’utilisation de voiture électrique pour commencer à voir l’intérêt financier.
Autant dire que pour des petits rouleurs, ce n’est pas forcément un argument recevable. Fort heureusement, il existe de nombreuses aides à l’achat pour baisser le coût de revient d’une voiture électrique. Mais est-ce suffisant pour que cela ait du sens économiquement pour des petits rouleurs ?
Des aides conséquentes, mais sont-elles suffisantes ?
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En France, de nombreuses aides permettent aux personnes éligibles de rouler en voiture électrique pour un prix relativement faible. Le Bonus écologique permet à tous les particuliers de baisser le prix de 5 000 euros sur les véhicules électriques de moins de 45 000 euros, et il peut monter à 7 000 euros pour les personnes à faibles revenus.
Une prime à la conversion, une prime et surprime ZFEm sont également proposées aux foyers éligibles (sous conditions de revenus et de localisation de la résidence principale ou du lieu de travail), permettant d’amener le total des aides à 12 500 euros.
Cependant, une voiture électrique, même la moins chère du marché, reste chère, lorsque l’on met de côté les aides qui ne sont pas disponibles pour tous. La Dacia Spring est notamment affichée à 20 800 euros, alors qu’une Renault Twingo essence est disponible à partir de 16 750 euros.
Pire encore, une Twingo électrique est affichée à partir de 25 250, soit 50 % de plus que la version Essence. En comptant le bonus écologique, une Twingo électrique revient à 20250, soit 3 500 euros de plus que la version essence.
Comme dit plus haut, si nous considérons que le gain à l’utilisation est de 450 euros par an pour les petits rouleurs, ce ne sera qu’au bout de 8 ans que les courbes de coûts s’inverseront entre les deux véhicules.
De plus, les contraintes liées à l’utilisation ne sont pas forcément en faveur de l’électrique si les personnes concernées souhaitent faire quelques grands trajets : le rayon d’action d’une Twingo électrique est de 190 km, ce qui ne permet pas vraiment s’éloigner de plus de 100 km de chez soi.
En comptant les autres aides toutefois, l’électrique devient plus intéressante. Sur l’exemple d’une Twingo, avec 12 500 euros d’aides, l’électrique tombe à 12 750 euros, soit 4 000 euros de moins que la version thermique. Dans ce cas précis, le choix de l’électrique neuve a du sens dès le début, peu importe le profil de conducteur.
Pour les personnes n’ayant pas la possibilité de profiter de l’intégralité des aides disponibles, il est nécessaire de trouver d’autres arguments que celui financier pour les inciter à passer à l’électrique. Et si cela passait par la conscience écologique ?
La conscience écologique : un argument en faveur de la voiture branchée ?
La voiture électrique est mise en avant par les gouvernements comme étant une alternative moins polluante que le véhicule thermique. De nombreuses contre-vérités et idées reçues subsistent toutefois, ce qui peut pousser certains sceptiques à considérer la voiture électrique comme trop polluante.
On entend notamment beaucoup parler des batteries, qui sont fabriquées en Chine avec de l’électricité issue de centrales à charbon, à l’impact écologique conséquent. Si la dette carbone d’une voiture électrique est bien réelle à sa sortie d’usine, nous avons la chance en Europe — et tout particulièrement en France — de profiter d’une électricité non carbonée pour recharger nos voitures.
Ainsi, à l’utilisation, il est indéniable que la voiture électrique a un impact écologique moins important qu’une voiture thermique. Les études sérieuses sur le sujet montrent même que dans les pires cas de figure (batterie fabriquée en Chine, et voiture rechargée à l’électricité issue de centrales à charbon), le bilan carbone d’une voiture électrique est inférieur à celui d’une voiture thermique équivalente, sur la totalité de son cycle de vie.
Par conséquent, les personnes ayant une conscience écologique peuvent considérer la voiture électrique plutôt qu’une voiture thermique pour leurs déplacements, même si financièrement, ce n’est pas le meilleur choix pour eux. Il convient d’arbitrer entre le coût et le bilan carbone pour choisir ce qui convient le mieux à leur état d’esprit.
Qui gagne vraiment de l’argent à rouler en voiture électrique ?
Les avantages de la voiture électrique sont indéniables face à un véhicule thermique, en termes de confort de conduite, de silence, mais il reste des inconvénients pour de nombreux profils. Le coût trop important et la difficulté relative à parcourir de grands trajets sont bien réels pour la plupart des personnes, ce qui ne facilite pas l’adoption d’un véhicule branché.
Les aides à l’achat peuvent permettre de diminuer le ticket d’entrée de manière conséquente, ce qui peut permettre aux petits rouleurs de s’y retrouver financièrement. Voici en résumé, ci-dessous, les économies estimées annuellement selon les profils de conducteurs en véhicule électrique par rapport à un véhicule thermique équivalent.
Kilomètres par an | Économies en 1 an | Économies en 5 ans |
---|---|---|
6000 km | 450 € | 2250 € |
10000 km | 750 € | 3750 € |
15000 km | 1125 € | 5625 € |
20000 km | 1500 € | 7500 € |
30000 km | 2250 € | 11250 € |
40000 km | 3000 € | 15000 € |
Comme attendu, financièrement, la voiture électrique est très intéressante surtout pour les gros rouleurs. Pour les autres, il faut que l’argument financier ne soit pas l’unique raison du passage à l’électrique, sans quoi ils ne pourraient pas forcément en être satisfaits.
Qui plus est, si le coût du carburant augmente, celui de l’électricité semble augmenter bien plus rapidement. Et encore, on ne parle pas de la charge rapide, qui peut d’ores et déjà être plus onéreuse qu’un plein d’essence pour parcourir une distance équivalente.
Enfin, l’interdiction des ventes de véhicules thermiques d’ici 2035 en Europe et la multiplication des ZFE peut être un argument fort en faveur de la mobilité électrique : à quoi bon acquérir une voiture thermique neuve aujourd’hui, s’il ne sera plus possible de circuler avec dans nos villes avant la fin de la décennie ?
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