Le 26 juillet 2023, à peu près 1 300 Tesla ont été rappelées par le constructeur américain. Un chiffre bas, très bas, quand on le compare au nombre de véhicules de la marque en circulation (plusieurs millions dans le monde). Alors pourquoi cette information méritait-elle une actualité sur notre site ? Parce que pour une fois, le rappel était un vrai rappel. Lire : une demande expresse aux conducteurs des voitures concernées d’amener leur véhicule en réparation pour un léger problème matériel — l’alignement des caméras.
Et cette affaire, qui n’en est pas une, cristallise toute la polémique autour du terme « rappel » en 2023.
Quand on lit que Tesla rappelle des « millions de voitures », on se dit sans y réfléchir qu’une ceinture de sécurité peut se décrocher et tuer le conducteur lors d’un accident, ou qu’une jante menace de se dévisser. C’est faux : la plupart de ces « rappels » sont des ajustements proposés par Tesla par des mises à jour directement poussées aux voitures concernées. Des soucis mineurs, corrigés par le logiciel et la capacité de Tesla à fournir à ses clients une mise à niveau rapide, sûre et efficace par ce biais.
C’est quoi un rappel ?
Quelle est la situation pour le reste de l’industrie ? Le tableau est loin d’être glorieux. D’après un décompte de Forbes établi en février 2023, sur l’année 2022, Ford a rappelé 9 millions de véhicules, Stellantis 3 millions, Nissan 2 millions et Mercedes, Volkswagen et BMW, un peu plus d’un million chacun. Tesla ? 4 millions, ce qui placerait l’Américain en deuxième position sur ce classement du SAV. Mais le détail que nous évoquions dans le paragraphe précédent rend les rappels Tesla fondamentalement moins problématiques ou invasifs que ceux des autres constructeurs.
Sur les 4 millions de Tesla rappelées en 2022, note Forbes, 99 % ont été patchées par une mise à jour logicielle délivrée par internet sans la moindre intervention du constructeur ou d’un technicien. À l’opposé, Ford a réparé ses véhicules rappelés par mise à jour logicielle dans 1 % des cas, Nissan dans 2 % des cas et Mercedes dans 17 % des cas. Les autres ? L’intégralité de leurs véhicules rappelés a dû être ramené en concession, aucun n’ayant été réparé ou mis à jour grâce au logiciel.
Si l’on se fie à ces chiffres, la pyramide s’inverse et Tesla qui était le deuxième constructeur à faire « le plus de rappel » n’entre même pas dans le top 10, avec à peine une centaine de milliers de véhicules sur lesquels une véritable réparation est nécessaire. La terminologie du rappel, héritée d’un monde où les mises à jour logicielles n’étaient pas possibles (et pas souhaitées, les constructeurs pouvant vendre un nouveau modèle équipé de la suite infodivertissement à jour), n’a plus aucun sens en 2023.
Tesla est sous une loupe, scruté en tant que leader sur le marché de la voiture électrique par une industrie qui a du mal à trouver une place et profite de chaque angle mort pour tacler l’Américain. Le rappel en est un et la terminologie n’est pas capable de faire la différence entre un problème majeur nécessitant une intervention et une mise à jour.
Vous voyez déjà ce que ça fait 1 million ?
Le sujet a même tendance à empirer quand on le transpose au monde entier. Il n’y a qu’à voir le « rappel » de toutes les Tesla chinoises en mai 2023. Rendez-vous compte : plus d’un million de Tesla rappelées ! Les routes de Chine submergées par des véhicules électriques avec un gros T ! Les centres de service Tesla incapables de traiter cet afflux de clients ! C’est ce qu’on pourrait croire à la lecture de certains titres de presse. Mais la réalité est toute autre : Tesla a simplement poussé une mise à jour permettant aux clients chinois d’ajuster la puissance du frein régénératif. La stricte même mise à jour a été proposée aux clients américains en avril 2023 et n’a pas déclenché de titres aguicheurs dans la presse.
La différence entre les deux événements ? L’agence chinoise qui s’occupe de la sûreté des véhicules a décidé de communiquer officiellement sur cette fonctionnalité et l’a nommée du Mot Interdit : le rappel. Electrek, commentant en anglais la séquence, rappelle alors que les médias ne sont pas forcément anti-Tesla, mais plutôt composés de journalistes incompétents qui ont vécu une bonne partie de leur existence avec des rappels qui étaient de vrais rappels.
C’est désormais à eux et aux administrations de se mettre à jour. Et, peut-être, aux constructeurs historiques de découvrir Internet et la magie des mises à jour à distance.
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