Les cargos porte-voitures sont confrontés à de nouveaux risques avec le développement du marché international de la voiture électrique. Ni les armateurs, ni les bateaux, ne sont réellement préparés aux virulents incendies que peuvent provoquer l’emballement thermique de plusieurs batteries lithium-ion. À la différence d’autres marchandises électroniques, les conditions de transport des voitures et la taille des batteries embarquées risquent forcément d’entrainer des dégâts plus importants, allant jusqu’au naufrage du bateau.
Il n’est pour l’heure pas encore confirmé que l’origine du sinistre sur le Fremantle Highway serait une batterie de voiture électrique. La présence de 500 véhicules électriques parmi les 3 800 voitures à bord a probablement joué un rôle d’accélérateur de l’incendie. Le feu est toujours actif depuis son déclenchement le 26 juillet 2023, mais il a depuis baissé en intensité. Il est possible de suivre l’évolution des opérations sur le site des garde-côtes hollandais.
Mise à jour du 14/08 : les premières inspections du cargo, maintenant éteint, ont eu lieu, apportant quelques informations supplémentaires.
Des feux difficilement maitrisables
Les porte-voitures — ou RoRo (Roll-on / Roll-off) dans le jargon logistique — embarquent des milliers de véhicules, dans d’immenses parkings à plusieurs étages, dans une structure métallique relativement hermétique (et particulièrement conductrice de chaleur). De manière encore plus poussée que sur un ferry, les véhicules sont stationnés extrêmement serrés pour en embarquer le plus possible et éventuellement d’autres cargaisons roulantes. Cela signifie qu’en cas de départ de feu sur une voiture, celui-ci peut facilement s’étendre aux véhicules voisins. Il est à noter que les incendies à bord de ces porte-voitures ont toujours existé, les voitures électriques n’ayant pas plus de raisons de prendre feu que leurs équivalents thermiques.
Selon Autonews, l’Agence européenne de sécurité maritime a publié dans un rapport du mois de mars que les principaux types de cargaisons identifiés comme responsables « d’une grande partie des incendies de cargaison comprenaient… des batteries lithium-ion ». Cela confirme que les voitures électriques ne sont pas les seules concernées par des incendies liées à la technologie instable des batteries lithium-ion.
L’inconvénient plus spécifique des véhicules électriques, équipés de batteries lithium-ion, c’est qu’ils brûlent avec deux fois plus d’intensité que lors d’un incendie normal. L’emballement thermique généré par la combustion de la chimie des cellules ne peut pas être éteint avec de l’eau ou une privation d’oxygène. De toute façon, de l’eau projetée en trop grande quantité dans un tel bateau pourrait déséquilibrer le bâtiment et le faire chavirer. Les technologies de batterie évoluent pour palier à ce risque d’embrasement.
Il est reproché à l’industrie maritime de n’avoir pas suivi le développement de la technologie et de n’avoir pas encore pris conscience des conséquences des feux de batteries de véhicules électriques. Les méthodes de transport n’ont pas été améliorées pour mieux sécuriser le voyage, ce que les assurances commencent à regarder d’un mauvais œil. Des options sont quand même en cours d’élaboration, comme de nouveaux produits chimiques pour éteindre les flammes, des couvertures anti-feu pour les véhicules électriques, des buses de tuyau d’incendie perforantes pour viser les batteries et des propositions pour séparer les véhicules électriques dans des espaces qui peuvent être confinés pour circonscrire l’incendie à une zone.
Une malédiction des véhicules allemands ?
Alors que de milliers de voitures électriques sont transportées quotidiennement sans aucun problème par voie maritime, les marques allemandes semblent jouer de malchance.
Dans le Fremantle Highway, se trouvaient notamment des BMW, des Mini et des Mercedes. Le bateau quittait l’Allemagne pour se rendre à Singapour. On peut donc imaginer que les véhicules à bord étaient des véhicules produits en Europe pour l’exportation. Les groupes Stellantis, Renault et Ford ont indiqué qu’ils n’avaient pas de véhicules à bord. Le groupe Volkswagen ne s’est pas exprimé sur le sujet.
Il faut dire que le groupe Volkswagen a déjà été ébranlé en février 2022 par le naufrage du Felicity Ace. Le cargo transportait alors plus de 4 000 véhicules entre l’Europe et les États-Unis avec des Porsche, Bentley, Lamborghini, Audi et Volkswagen à son bord.
Cela n’arrive pourtant pas qu’aux véhicules allemands. Le 5 juillet 2023, le cargo Grande Costa d’Avorio a pris feu dans la section des véhicules, tandis que le bateau était en cours de chargement dans le port de Newark. Le cargo avait plus de 1 200 véhicules à son bord, mais aucun véhicule électrique.
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