De plus en plus de Français et Françaises font le choix de la voiture électrique au moment de remplacer leur véhicule, ce qui implique de grands changements dans la manière de concevoir sa mobilité. De la conduite à la recharge, tout en passant par certaines particularités propres à la voiture électrique, un bouleversement s’opère forcément lorsque l’on reçoit son premier véhicule électrique.
Pour vous aider à y voir plus clair, on va revenir sur ce que l’on considère comme bon à savoir avant de franchir le pas de l’électromobilité, pour s’assurer une bonne expérience.
Faire le plein au quotidien
Une voiture électrique implique une recharge fréquente de sa batterie, et c’est souvent un point qui fait peur. Après des décennies à penser la voiture comme une thermique, l’anxiété liée à la charge d’une électrique est bien présente.
Les premières questions des personnes curieuses au sujet de la voiture électrique tournent fréquemment autour du même thème : comment se passe la recharge ?
Dans l’imaginaire collectif, on voit la recharge d’une voiture électrique comme quelque chose de très contraignant. En pratique, après quelques jours, on remarque une chose évidente : c’est aussi simple que de charger son smartphone pendant qu’on dort. On rentre le soir à la maison, on branche sa voiture, et le lendemain matin, elle a retrouvé toute son autonomie.
On pourrait même aller jusqu’à dire que la vraie contrainte du quotidien est celle de faire le plein d’essence en voiture thermique, puisque ce n’est pas une tâche que l’on peut faire à la maison. Le temps perdu en station essence pour tous les trajets du quotidien est en réalité un réel point négatif de la voiture thermique, que l’on a tendance à oublier.
Ménager sa batterie n’est pas si pertinent
Parmi les idées reçues bien ancrées, l’adage du « 20 % – 80 % » arrive souvent en tête. Il signifierait que la batterie d’une voiture électrique doit toujours rester chargée entre 20 % et 80 %, sans quoi cette dernière va se détériorer considérablement.
En réalité, il s’agit d’un grossier raccourci issu d’études sur le vieillissement prématuré des batteries, pour lesquelles la conservation pendant de longs mois à moins de 20 % de batterie ou à plus de 80 % accélère la dégradation des cellules.
Cependant, en utilisation quotidienne, vous pouvez sans problème charger votre voiture à plus de 80 %, ou bien encore descendre sous 20 % de batterie avant de la charger. C’est plutôt le stockage longue durée qui doit être réalisé en étant proche de 50 % de batterie, pour éviter une dégradation trop marquée.
En outre, certaines chimies de batteries acceptent d’être chargées jusqu’à 100 % au quotidien. Les constructeurs mettent en place toute une série de garde-fous pour éviter qu’il arrive malheur à la batterie.
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Fort heureusement, les propriétaires de véhicules électriques peuvent profiter de l’intégralité de leur batterie, sans quoi l’autonomie serait bien réduite s’ils et elles ne devaient en utiliser qu’une partie.
À 100 % de batterie, la conduite est désagréable
La conduite d’une voiture électrique contraste avec une thermique, notamment grâce au freinage régénératif. C’est ce qui permet aux conducteurs de ne presque pas toucher la pédale de frein : lorsque l’accélérateur est relâché, la voiture ralentit d’elle-même.
Certains modèles vont même jusqu’à l’arrêt complet sans devoir appuyer sur le frein, et les conducteurs prennent rapidement l’habitude d’avoir une pédale de gauche plutôt décorative.
Malheureusement, ce que l’on ignore souvent, c’est que lorsque la voiture est chargée à 100 %, le freinage régénératif est réduit à néant, forçant les conducteurs à reprendre l’habitude d’appuyer sur la pédale de frein.
Ce que l’on appelle communément le freinage régénératif revient en réalité à transformer les moteurs en générateurs d’électricité. En ralentissant, l’énergie est alors absorbée par la batterie. Lorsque la batterie est pleine, il est impossible d’y ajouter de l’énergie, par conséquent, le freinage régénératif n’est plus possible.
Pour assurer une conduite toujours confortable, il est préférable de réserver la charge à 100 % uniquement aux occasions où elle est indispensable, lors d’un départ en vacances par exemple. Notez que le même phénomène d’absence de freinage régénératif se produit lorsque la température de la batterie est trop froide. C’est le cas après une nuit dehors en hiver : il faudra fréquemment appuyer sur la pédale de frein pendant les premiers kilomètres.
La charge rapide, ça va trop vite
Soyons volontairement provocateurs : on va s’aventurer à dire que la charge rapide est finalement trop rapide. Effectivement, s’il faut 20 à 30 minutes de recharge lors des grands voyages pour pouvoir reprendre la route, en pratique certaines pauses sont plus longues, et la voiture est prête avant les passagers.
Admettons qu’une pause repas soit prévue à un endroit où il y a de quoi se restaurer. Il y a fort à parier que l’attente entre le passage de commande et le repas en lui-même dépasse le temps nécessaire à la voiture pour être suffisamment rechargée afin de continuer le trajet.
Étant moi-même adepte des très courtes charges pour ne pas perdre de temps lors des voyages (moins de 10 minutes), je suis obligé d’admettre que certaines pauses pourraient être plus longues sans que ça ne soit dérangeant.
Lorsque l’on s’intéresse à la voiture électrique, on peut s’imaginer que les trajets seront un calvaire à cause du temps supplémentaire nécessaire pour recharger. En pratique, il n’en est rien. Une famille traversant la France et s’arrêtant 15 à 20 minutes tous les 250 km ne mettra presque pas plus de temps en voiture électrique.
La réalité fantasmée des conducteurs effectuant 800 km sans pause pipi ne concerne quasiment personne. Les voyages en électrique en 2023 ne sont pas significativement plus longs que ceux en thermique.
Charger en dehors de chez soi coûte cher
En voiture électrique, la charge à domicile est très bon marché. Aux tarifs réglementés du mois d’août 2023, le prix de revient est d’environ 3,5 euros aux 100 km. Ceci correspond peu ou prou à une consommation de 2 litres d’essence pour 100 km, ce qui n’existe pas dans le monde des voitures thermiques.
Pour autant, lorsqu’il faut charger en dehors de chez soi, c’est souvent la douche froide. Les prix s’envolent, étant de 2 à 5 fois plus chers, selon les endroits. Actuellement, au niveau de la charge rapide en itinérance, Tesla s’en sort avec les honneurs, puisque ses Superchargeurs sont la manière la moins chère de se charger rapidement en grands trajets.
En face, les Totalenergies, Ionity ou Fastned affichent des tarifs plus élevés, dépassant bien fréquemment les 10 euros pour parcourir 100 km. Qui plus est, les multiples cartes de recharge nécessaires pour que tout se passe bien rendent l’expérience bien inférieure à ce que l’on peut s’imaginer avant de rouler en électrique.
Planifier ses trajets est toujours casse-tête
Le monde des voitures thermiques ne connaît pas ce casse-tête de la planification des grands trajets. Outre l’autonomie d’une voiture thermique avec un réservoir plein, bien plus importante que celle d’une voiture électrique, les endroits ainsi que la durée nécessaire pour remplir le réservoir ou la batterie n’ont rien à voir.
Le rêve de tout un chacun serait de pouvoir se dire : on part à 800 km, et dès qu’on arrive à 10 % de batterie, on s’arrête 20 minutes sur une aire d’autoroute, puis on continue. Cependant, cette réalité n’est pas encore d’actualité.
Il faut composer entre les différents réseaux de recharge disponibles, les puissances acceptées par sa voiture et la localisation parfois inadaptée de différents chargeurs. À titre d’exemple, si les Superchargeurs Tesla sont souvent considérés comme le mètre étalon de la charge rapide, leur localisation laisse parfois à désirer.
Ainsi, il est encore nécessaire d’utiliser des outils pour planifier son voyage, comme ABRP ou Chargemap pour savoir où, quand et combien de temps il faudra s’arrêter pour arriver à destination. Aussi avancées soient-elles, ces aides à la planification d’itinéraires restent imparfaites. Il faut encore aujourd’hui avoir de la marge, et être prêt à s’adapter pour que les voyages se passent dans de bonnes conditions.
Ne pas crier avant d’avoir mal
En conclusion, retenez que l’expérience de la mobilité électrique reste extrêmement positive pour la quasi-totalité des possesseurs de voitures branchées. Naturellement, les déçus se font entendre et des idées reçues sur la voiture électrique persistent.
En se fiant aux rumeurs et aux bruits que l’on entend ici et là, on pourrait s’imaginer qu’un conducteur de voiture électrique met 9 heures au lieu de 4 heures pour voyager. Ou qu’il fait la queue pour recharger à chaque station et que sa voiture n’est bonne que pour les trajets urbains.
Dans la pratique, c’est tout le contraire, avec une expérience des plus plaisantes pour le conducteur comme pour les passagers, sans que les contraintes soient pénalisantes. Ne criez donc pas avant d’avoir mal et acceptez de mettre un pied dans la mobilité électrique. Il est très improbable que vous le regrettiez.
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