Depuis 2017, il faut montrer patte blanche pour obtenir l’autorisation du gouvernement chinois afin de produire de nouveaux véhicules électriques. Après une certaine période d’euphorie, la Chine a décidé de serrer la vis pour n’autoriser que les projets sérieux. Xiaomi en a fait les frais. Cela fait plus de deux ans que le constructeur chinois de téléphones et autres équipements électroniques a des projets de voitures électriques dans ses cartons, sans pouvoir les concrétiser.
Il y a du nouveau : ce sont deux sources internes qui ont fait fuiter l’information auprès de Reuters ce 23 août 2023. Avec cette autorisation de la Commission Nationale du Développement et de la Réforme (NDRC), Xiaomi avance d’une marche vers la commercialisation. Mais, la marque n’a pas vraiment attendu l’accord des autorités pour s’activer sur le sujet. Cependant, n’est-il pas un peu tard pour Xiaomi d’entrer maintenant dans la course aux véhicules électriques ?
Une usine Xiaomi quasi opérationnelle
Xiaomi a décidé d’installer son usine dédiée à la production automobile à Beijing. À vrai dire, le fabricant chinois avait quelque peu anticipé les autorisations pour commencer la construction du site. L’infrastructure est quasi finalisée et, selon les rumeurs, l’usine pourrait assembler 100 000 unités dès l’année prochaine.
Xiaomi a déjà comme objectif de produire jusqu’à 200 000 voitures électriques par an dans cette usine. C’est ambitieux, dans un pays où la concurrence est devenue extrêmement serrée. Pour l’heure, les ambitions à l’international sont inconnues.
Pour autant, Xiaomi n’a pas encore vu le bout du tunnel concernant les autorisations administratives à obtenir pour se lancer. Comme le précise le site CarNewsChina, le fabricant a désormais besoin de l’approbation du ministère de l’Industrie et des Technologies de l’Information (MIIT) pour pouvoir commencer la production, et donc la mise sur le marché. La commission NDRC, dont Xiaomi vient d’obtenir l’autorisation, ne supervise que l’approbation des capacités de production et des investissements dans les projets de construction automobile, tandis que le MIIT valide les aspects techniques des usines et des futurs modèles.
Des modèles en développement avancé
Une nouvelle fois, Xiaomi n’a pas hésité à mettre la charrue avant les bœufs. La marque développe activement ses voitures électriques, alors qu’elle n’avait jusqu’à présent aucune autorisation pour le faire.
Des modèles de tests de Xiaomi ont même été surpris sur les routes en Chine. Selon les premières informations, la Xiaomi MS11 sera une berline électrique adaptée aux longues distances, elle sera le premier modèle lancé sur le marché. Dans sa configuration la plus haute, elle devrait embarquer une batterie NMC de 101 kWh, pour une autonomie estimée de 650 à 800 km (normes chinoises) et supportera la charge rapide grâce à sa plateforme 800 V. Ce modèle pourrait être décliné en trois versions, dont deux avec les batteries LFP Blade de BYD, alors que la version la plus évoluée aura une batterie NMC de CATL.
Une publication d’un responsable du projet, sur les réseaux chinois, le montrait ventant des consommations extrêmement basses sur un trajet : seulement 8,8 kWh/100 km sur les derniers 50 km d’un itinéraire de test. Cependant, la courbe associée montre que la voiture était en descente. Deux autres consommations autour de 12,6 et 12,8 kWh, plus réalistes, semblent aussi avoir été prises à un moment opportun de la balade. Ça sent l’esbroufe.
C’est probablement sur la partie logicielle et sur la technologie embarquée que Xiaomi pourra se faire une place au soleil. Les prix en Chine de ce premier modèle sont estimés entre 33 500 € et 45 000 €, ce qui placerait le modèle face à la berline haut de gamme de BYD, la BYD Han, par exemple. Des tarifs supérieurs à la Tesla Model 3 en Chine. Un choix risqué !
Un pari tardif risqué
Xiaomi a besoin de se diversifier. Le marché du smartphone et des autres gadgets électroniques ne suffit plus à la marque, qui voit ses ventes baisser. Choisir de se diversifier en se lançant sur le marché ultraconcurrentiel du véhicule électrique, où une guerre des prix fait rage en Chine, semble quand même bien risqué.
Xiaomi s’est engagé à investir 10 milliards de dollars sur une décennie dans le secteur automobile. Pour son patron, Lei Jun, c’est le dernier grand projet d’entreprise qu’il portera. Cette somme devrait lui permettre de développer ses premières voitures électriques et de s’installer dans la compétition.
L’avantage de Xiaomi, c’est que la marque ne part pas de zéro sur certains aspects du projet. L’entreprise prévoit d’utiliser les milliers de magasins qu’elle possède comme salles d’exposition pour ses voitures électriques, selon des propos précédemment rapportés à Reuters.
Les constructeurs de téléphone portables peuvent-ils réussir dans la voiture électrique ? Beaucoup considèrent que les voitures sont devenues des téléphones sur roues. Le secteur pourrait alors paraître favorable à ces acteurs. Mais Huawei, comme Foxconn, ne brillent pas par leur réussite pour l’instant.
Constructeurs historiques ou nouveaux acteurs de la mobilité électrique, qui maîtrisera le mieux le secteur automobile de demain ? Si cette thématique vous intéresse, abonnez-vous à notre newsletter hebdomadaire Watt Else pour ne rien manquer de ces tendances.
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