Le sujet des constructeurs chinois divise jusqu’à la tête des deux plus gros constructeurs français. Il y a vraiment deux salles, deux ambiances entre Carlos Tavares (le patron de Stellantis) et Luca De Meo (le patron de Renault). Au micro de BFM Business ce 28 août 2023, Luca de Meo s’est exprimé sur l’avenir de Renault, la voiture électrique, mais également sur la concurrence chinoise.
Chez Stellantis (Peugeot, Citroën, DS, Opel, Fiat, Jeep…), tout est fait pour militer contre l’invasion chinoise, y compris contribuer à la mise en place du nouveau bonus écologique pour la freiner. Chez Renault, le discours est bien plus modéré. La compétition est la bienvenue, mais il faudrait quand même que tous les joueurs partagent les mêmes règles.
« Ils amènent des produits bons pour les consommateurs européens »
Après les Américains, les Japonais et les Coréens, pourquoi devrait-on se comporter en Europe différemment avec les constructeurs chinois ? C’est en tout cas dans ce sens que Luca de Meo s’oppose au principe de barrières douanières anti « Made in China » : « J’aime la compétition, je ne vois pas pourquoi on fermerait la porte à des constructeurs chinois. »
Un discours qui semble un peu plus raisonnable et réaliste que celui de son homologue Carlos Tavares. Les constructeurs chinois ont innové très vite, et à grand renfort de subventions, sur la voiture électrique, alors que les constructeurs européens ont traîné à y mettre les moyens nécessaires. Les Chinois maitrisent désormais toute la chaîne de valeur de cette production. La différence est visible sur les véhicules commercialisés actuellement. Tesla comme certains constructeurs chinois ont 2 à 5 ans d’avance sur les modèles produits et programmés en Europe pour 2023/2024.
Le patron de Renault va même plus loin en précisant : « Je ne vois pas de raison pour laquelle on devrait fermer la porte, surtout s’ils apportent des produits qui sont bons pour les consommateurs européens, c’est à nous de répondre et d’être compétitifs. »
Les mauvais joueurs reprochent à la Chine de vouloir casser les prix en Europe, ce qui n’est objectivement pas réellement le cas. Mais, il est vrai qu’ils ne jouent pas exactement avec les mêmes avantages que les constructeurs historiques.
L’Europe doit redevenir compétitive
Le patron de Renault est aussi le président de l’Association des Constructeurs Européens d’Automobiles (ACEA). Il représente ainsi les autres constructeurs membres de l’association. C’est à ce titre que Luca de Meo n’hésite pas à dénoncer les travers de l’Europe et le manque de compétitivité : « La question se pose sur tout le système, c’est-à-dire les charges sociales, le prix de l’énergie — nous payons l’énergie le double de ce que les Chinois payent –, toutes les règles, toute la complexité du système. »
Face à des règles toujours plus complexes et des coûts de production qui explosent, il invite l’Europe à se poser les bonnes questions : comment retrouver une compétitivité ? Comment retrouver de la productivité ?
« Il faut que l’on soit dans des conditions de pouvoir être en compétition avec les mêmes règles du jeu », a-t-il expliqué au micro de BFM.
Renault aimerait le retour des petites citadines
Les constructeurs européens produisent à la chaîne de plus en plus de SUV/Crossover. La raison est simple, ces véhicules sont rentables. Luca de Meo souhaite pourtant pouvoir revenir à de petites citadines qui ont plus de sens dans une transition écologique : « En Europe, on a aussi besoin de revenir à des petites voitures. Une petite voiture électrique a moins d’impact qu’une grande berline de 5 mètres, c’est évident. Mais, la réglementation ne permet pas de faire du business et, moi, ma priorité, c’est le business. »
Luca de Meo dénonce les réglementations européennes qui ont pénalisé les constructeurs qui avaient une tradition dans les petites voitures. Une catégorie de voitures qui pourrait rapidement être conquise par les constructeurs chinois. Néanmoins, même eux rechignent pour le moment à importer ces modèles, pas assez rentables dans leur conquête de l’Europe.
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