Il fut une époque, pas si lointaine, où les salons de l’automobile étaient un des événements incontournables de l’année pour l’industrie, la ville d’accueil et les visiteurs. Tout le monde vibrait à l’unisson, mais ça, c’était avant.
Entre le désamour des constructeurs qui ne trouvent plus leur rentabilité dans ce format, les politiques qui voient d’un mauvais œil l’ode à l’automobile individuelle et les organisateurs qui doivent composer un événement avec un mélange des genres obscur… plus personne ne s’y retrouve. Et, non, ce n’est pas la faute de la voiture électrique. Si l’on voulait trouver un moyen de tuer le concept de salon automobile, on ne s’y prendrait sûrement pas mieux qu’avec l’organisation d’un salon comme celui de Munich.
Une exposition sans passion
Soyons honnêtes, la portion se déroulant au sein du parc des expositions, la « Messe », est certainement la plus décevante. Elle pourrait être sponsorisée par l’industrie pharmaceutique, tant l’organisation nous donne le cafard et un mal de tête en prime. L’IAA de Munich est devenu un salon professionnel (B2B) sans âme, où se mélangent pêle-mêle dans chaque hall 3 à 4 constructeurs automobiles, noyés au milieu des équipementiers, des startups, des institutions régionales et des fournisseurs de solutions. C’est surement l’idéal pour que l’organisateur vende des stands, en assurant un minimum de trafic dans le hall, mais pour le visiteur, il n’y a plus aucune visibilité sur qui fait quoi.
Les constructeurs n’ont donc fait que le minimum syndical dans le parc des expos, pour faire éventuellement un peu plus le show en ville. D’ailleurs, le plus gros exposant n’est pas un constructeur auto, mais Samsung, qui a investi trois grands stands pour faire une démonstration de force de ses technologies dédiées à l’automobile (batteries, écrans, aides à la conduite…).
Une fête plus sympa en ville, mais sous haute tension
C’est au cœur de Munich que l’on retrouve des stands éphémères, construits pour faire vivre une expérience immersive aux amateurs de voitures et d’autres mobilités. D’ailleurs, plusieurs constructeurs comme Ford, Lucid, Xpeng, Smart ou Rimac ne se sont même pas donné la peine d’investir dans le parc des expos.
Les structures de BMW, Porsche et Mercedes sont sans conteste les plus impressionnantes, mais le groupe Volkswagen a mis de gros moyens aussi. En ville, les constructeurs historiques ont repris le pouvoir sur les marques chinoises, alors qu’à la « Messe », c’est l’inverse.
Ces stands nous rappellent un peu la grande époque du salon de Francfort. Beaucoup d’entre vous n’ont certainement pas vécu le salon de Francfort (remplacé par Munich), ses halls immenses et ses installations démesurées des marques allemandes. Malgré les 15 km à pied en moyenne pour couvrir le salon, son ambiance unique me manque, comme la belle époque du Mondial de Paris, qui n’est plus que l’ombre de lui-même.
L’« Open Space » de l’IAA Munich est une belle fête populaire sur plusieurs places au cœur de la ville. Enfin, tant que la météo est clémente. La plupart des stands exposent les voitures en extérieur, sans protection. Alors, si la météo vient gâcher la journée, les constructeurs en sont de leur poche. Certains constructeurs ont dû prier le dieu soleil de leur accorder des journées de beau temps. Peut-être auraient-ils aussi dû demander à être épargnés par les manifestations de cyclistes et autres happenings de Greenpeace.
Malgré un dispositif policier impressionnant et des contrôles de sacs nombreux, plusieurs événements ont cherché à perturber la fête pour transmettre des revendications écologistes. Cela va probablement se reproduire ce week-end, au pic de la fréquentation, car l’espace ouvert est impossible à surveiller dans son intégralité.
Une belle galère pour les journalistes
Si l’IAA Munich doit recréer le lien avec le public, il n’est clairement pas là pour faciliter le travail des journalistes sur place. On s’est finalement tous retrouvés, bien malgré nous, à jouer à un jeu de piste géant pour trouver les nouveautés et les concepts entre l’exposition et la ville. Surtout qu’en ville, tous les stands n’étaient pas ouverts à la presse sur la journée consacrée, mais parfois seulement sur les journées publiques. Pourquoi nous simplifier la tâche ?
Cela s’est en plus combiné à une partie de cache-cache, ou de « où est Charlie », avec les services de presse des constructeurs, tant il n’était pas évident de savoir qui était où sans décrocher son téléphone pour avoir la réponse. Pour le relationnel avec les marques, c’est le pire salon que j’aie connu depuis une dizaine d’années.
Finalement, c’est peut-être en Chine que se tiennent désormais les salons automobiles les plus attractifs. Il y a bien un salon en France qui tire encore son épingle du jeu : celui de Lyon, qui aura lieu à la fin du mois (du 28 septembre au 2 octobre). C’est un salon de ventes tout simple. Mais, c’est aussi un moment convivial et festif, une notion que les autres gros salons européens ont mise à la poubelle pour faire du profit. Voilà comment scier la branche sur laquelle on est assis.
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