Si même les dirigeants politiques se mettent à dire que la voiture électrique est réservée aux élites ou aux plus riches, où va-t-on ? Le message n’est pas faux. Mais, si on veut que les Français ne rejettent pas en bloc la voiture électrique, ce n’est pas une idée de génie. À quand une voiture électrique populaire ?
Concrètement, la voiture électrique est chère à l’achat. L’entrée de gamme n’en a que le nom, puisque la voiture la moins chère (la Dacia Spring) débute aujourd’hui à 20 700 €, pour un modèle fabriqué en Chine. La majorité de l’offre des voitures électriques est concentrée sur une fourchette allant de 40 000 à 50 000 €. C’est forcément une dépense qui n’est pas à la portée de toutes les bourses. À la différence de la Chine, en Europe l’offre ne correspond pas à la demande.
Des loyers pour faire passer la pilule
Pour donner l’impression que les prix ne s’envolent pas, la voiture moderne se loue. Les clients ont le choix entre deux offres : en Location avec Option d’Achat (LOA), avec la possibilité d’acquérir le véhicule à la fin du contrat, ou en Location Longue Durée (LLD), dans laquelle on repart sur un nouveau véhicule après la durée établie. Un peu comme les Américains, qui consomment tout à crédit, les Français cèdent peu à peu à cette tendance. Il est toujours psychologiquement moins douloureux de faire sortir 100, 200 ou 300 € par mois. Même si à la fin, comme au casino, c’est toujours la banque qui gagne.
Par contre, si les prix des voitures électriques suivent une logique de positionnement face à la concurrence, sur les mensualités de leasing, c’est la jungle. Pour deux modèles équivalents, l’écart de prix peut varier du simple au double. Attention, aussi, à ne pas se faire avoir par les offres publicitaires des constructeurs. Les prix d’appel sont toujours attractifs, comme les offres à 99 € par mois. Mais chez beaucoup de constructeurs, l’entrée de gamme est rarement le modèle qui sera vraiment vendu au client. Il y a parfois un écart entre l’abonnement d’appel, et l’abonnement de la version signée. Ce qui, pour le coup, n’arrive pas (ou peu) chez Tesla.
La baisse des prix des voitures électriques, une utopie ?
Les « early adopters » payent toujours la nouveauté au prix fort. Puis, quand la technologie devient mature, les prix baissent naturellement. C’est probablement ce qui va arriver avec la voiture électrique.
L’arrivée en 2024, puis 2025, de modèles plus abordables autour de 25 000 € devrait permettre de pousser un public plus large vers la voiture électrique. Et, peut-être enfin, de casser l’image d’une voiture électrique réservée à la classe moyenne et supérieure. Un autre acteur pourrait aussi dynamiter tout cela : c’est Elon Musk, avec Tesla. Si Tesla lance prochainement son modèle « abordable », cela pourrait créer un sacré mouvement de fond, bienvenu pour l’adoption de la voiture électrique.
Un tarif qui ne doit pas se juger qu’à l’achat
Par ailleurs, c’est sur tout le cycle de vie qu’il faudrait faire la comparaison entre les voitures électriques et thermiques. À ce jeu-là, la voiture électrique réduit l’écart à l’usage. C’est pour cette raison que le gouvernement veut accompagner les ménages les plus modestes à passer à l’électrique, avec l’offre de Leasing Social.
La voiture neuve reste rarement la porte d’entrée des conducteurs vers la voiture électrique. Pour la plupart d’entre eux, l’adoption passera par le marché de l’occasion. Les constructeurs misent sur ces véhicules de seconde main pour récupérer un marché plus large. Les choses vont bouger dans les prochaines années, mais il faudra encore se montrer patients pour avoir des électriques au prix des thermiques actuelles. En attendant, rouler en électrique, c’est chic !
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