Lanterne rouge dans l’adoption du véhicule électrique, l’Italie veut quand même limiter l’essor des voitures électriques chinoises sur son territoire. Dans un article publié par Reuters le 2 octobre, deux sources semblent confirmer les ambitions du gouvernement italien d’adopter une incitation à l’achat proche de l’esprit du bonus français.
L’Italie envisagerait de soumettre les aides à l’achat selon des critères prenant en compte les émissions de CO2 dans le processus de fabrication et de distribution. En France, l’objectif est clairement de favoriser la production locale, puis européenne. Sauf qu’en Italie, la seule voiture électrique produite pour le moment est la Fiat 500 électrique. Cela donne un choix particulièrement limité.
L’Italie est déjà très en retard sur le véhicule électrique
Alors que l’Europe est en moyenne à 13,9 % de part de marché pour les voitures électriques neuves pour les 8 premiers mois de l’année, l’Italie affiche un modeste 3,9 % sur la même période (données de l’ACEA). La France est un peu au-dessus de la moyenne avec 15,4 %, mais très loin d’autres pays champion en matière d’adoption de la voiture électrique.
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Seuls 4 pays font moins bien que l’Italie : la Pologne (3,5 %), la Croatie (2,8 %), la République tchèque (2,7 %) et la Slovaquie (2,4 %). Des pays de l’Europe de l’Ouest, l’Italie est particulièrement en retard. Même si parfois le marché frémit, il repart souvent aussi vite à la baisse le mois suivant.
Le prix des voitures électriques, le prix de l’électricité et la problématique de la recharge sont des gros freins pour l’achat de voitures électriques. L’Italie a eu, sur les deux derniers trimestres 2022 et deux premiers de 2023, des tarifs de l’électricité assez dissuasifs pour l’acquisition d’une voiture électrique. En février 2023, les foyers italiens devaient supporter un tarif moyen de 0,48 €/ kilowattheure, selon Euronext. Depuis la fin du premier semestre, le prix du kilowattheure est revenu à un tarif proche de celui de la France. Des véhicules chers et une électricité chère retardent forcément l’adhésion à cette nouvelle mobilité.
Favoriser la production locale ? Oui, mais laquelle ?
Selon Reuters, le ministre italien de l’Industrie, Adolfo Urso, aurait déclaré que les Italiens ont utilisé 80 % des mesures d’incitation du mois dernier pour acheter des véhicules produits à l’étranger. Une révision des conditions d’attribution devrait soutenir à la fois le passage à des véhicules plus respectueux de l’environnement et la production nationale de voitures. Ce sont en tout cas les mêmes arguments que ceux utilisés par le gouvernement français.
Le problème, c’est qu’en matière de voitures électriques, la production italienne est pauvre. Il y a bien la Fiat 500 électrique fabriquée sur le territoire national, mais elle est un peu seule. La Fiat 600e, qui vient d’être lancée, est assemblée en Pologne. La voiture électrique sans permis Fiat Topolino est produite au Maroc. En dehors de Fiat, il faudra attendre encore quelques mois pour que Lancia lance sa voiture électrique et il en va de même pour Alfa Roméo. Il n’est même pas encore garantie que ces modèles soient assemblés en Italie. Le gouvernement italien semble mettre la charrue avant les bœufs à vouloir favoriser des voitures plus locales.
À la différence de la France, les aides italiennes concernent aussi les véhicules hybrides et peu polluantes. Ce qui représente heureusement un choix un peu plus large pour les Italiens, y compris en se concentrant uniquement sur la production locale. Une décision, de toujours soutenir les anciennes motorisations, qui ne réjouit pas vraiment les associations écologiques italiennes, comme GreenPeace, qui considèrent que l’Italie ne met pas assez de moyens en œuvre pour le climat.
Avec ce tableau de la situation italienne, il est plus aisé de comprendre pourquoi l’Italie s’est battue pour défendre le e-fuel et pour s’opposer à la norme Euro7. L’Italie avance à reculons sur la voiture électrique. Alors, bloquer les voitures électriques chinoises, qui pourraient démocratiser les véhicules électriques en Italie, reste cohérent avec la politique du pays.
Le bonus écologique est-il une bonne ou mauvaise idée de la France ? Que penser de sa réplication dans d’autres pays européens ? Ces questions font partie des sujets abordés sans langue de bois dans notre newsletter hebdomadaire Watt Else, abonnez-vous pour ne rien manquer !
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