Motto fait partie de ces marques qui se sont lancées dans le sillage de Véligo, la solution de location de VAE de la Région Ile-de-France limitée à une durée de 6 mois (renouvelable une fois).
Le principe est simple : récupérer les clients arrivés à échéance chez Véligo pour leur proposer de prolonger l’expérience. Les acteurs commencent à se multiplier sur ce marché avec les Dance, Red-will, Swapfiets et depuis quelques temps les fabricants comme Cowboy ou Décathlon se mettent aussi à proposer des offres de location de leurs vélos.
Est-ce que ce Motto Two a les moyens de se tailler une place de choix sur ce marché concurrentiel ? Revue de détails.
Motto Two : tout comme Cowboy
Le premier point qui frappe quand on regarde le Motto Two, c’est son design qui n’est pas sans rappeler celui du Cowboy Cruiser. Comme pour le Cowboy, l’accent est mis sur le minimalisme, rien ne dépasse et c’est plutôt réussi. Comme Cowboy encore, Motto a opté pour un moteur dans le moyeu de la roue arrière et une transmission mono-vitesse par courroie, des freins hydrauliques Tektro, des feux avant/arrière intégrés, des gardes-boue sur mesure, un cockpit monobloc avec attache pour smartphone, la batterie au niveau du tube de selle et deux déclinaisons de cadre, une classique nommée « Sport » et une avec un cadre un peu plus ouvert baptisée « Confort » (ok, depuis cet été Cowboy propose 3 déclinaisons de cadres mais vous comprenez l’idée).
De fait, avec de telles inspirations, le premier contact est plutôt satisfaisant. La filiation avec Cowboy ne s’arrête d’ailleurs pas aux seules considérations esthétiques, la philosophie d’utilisation du Motto Two est également similaire : c’est un vélo connecté et géolocalisé, ce qui signifie qu’il faut impérativement utiliser une app propriétaire pour pouvoir l’utiliser.
Contrairement à Cowboy qui pour le coup propose un moyen « dégradé » d’allumer le vélo (en ôtant puis réinsérant la batterie), le Motto Two ne propose aucun autre moyen de l’allumer. Pas de smartphone, pas de vélo.
Le Motto Two, un VAE sportif, mais pas trop
Si le modèle prêté pour ce test se nomme Sport et semble compact et racé, il apparaît dès les premiers tours de roue que le seul sport identifié restera celui qui consiste à enjamber le cadre pour monter sur la selle. Parce qu’une fois enfourché, le Motto Two rappelle plus les Véligo, Vélib ou n’importe quel modèle robuste à la hollandaise que les vélos de route aux propriétés dynamiques et nerveuses.
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La faute à ce guidon courbé et à la position de conduite très droite mais aussi, et surtout, à un poids élevé qui gomme toute velléité d’aller titiller les chronos. Sur son site, Motto annonce le Motto Two Sport à 25 kg. Avec le panier en option (+4€ par mois) et l’antivol ABUS (fourni par défaut), on est plus proche des 27, 28 kg. C’est en le regardant de près qu’on réalise que les tubes qui composent le cadre sont d’un beau diamètre, conférant un aspect vraiment massif à l’ensemble. Bref, 25 kg est ici clairement la fourchette basse.
À la recherche du compromis design/coût
Côté pièces détachées, Motto utilise des pneus CST pour ses modèles, une marque plutôt low-cost croisée notamment sur le Tenways CGO 600 Pro, déjà testé par votre serviteur. Le moteur de 250W (au couple annoncé de 50 Nm) est également massif et fait assez brut avec ses vis apparentes, surtout en 2023, quand on a été habitué à croiser des moteurs Mahle, Bafang ou Mivice qui tendent à réduire le plus possible la taille de l’engin.
Ce sont ces points qui nous rappellent la vocation du Motto Two : un vélo de location, qui va passer de client en client au cours de sa vie et doit donc rester le plus réparable possible.
Le Motto Two est donc le fruit de compromis constants entre design « cool » et maintenance aisée et c’est sûrement ce qui explique que l’emplacement pour smartphone situé sur la potence ne permette pas la recharge par induction. Un tel système aurait forcément eu un impact sur les coûts et serait devenu une source additionnelle de pannes potentielles.
C’est ici que l’on arrive aux limites du tout-design à la Cowboy : le vélo est connecté et le smartphone fait office de télécommande, mais l’absence de recharge par induction implique un impact sur l’autonomie du mobile si l’on s’en sert en permanence. Motto l’a compris et a donc équipé la batterie du vélo d’un port USB-C afin que l’on puisse l’utiliser comme une batterie externe. C’est une solution de dernier recours moins pratique que l’induction, mais qui a le mérite d’exister.
Motto Two sur la route : sécurisant, mais pourrait être mieux calibré
Sur la route, le Motto Two nous transporte à un rythme de sénateur, le vélo bien équilibré met rapidement en confiance, la conduite est sécurisante et plutôt silencieuse. Les gros pneus filtrent bien les pavés parisiens en l’absence de toute suspension et la présence d’un bouton Boost sous la poignée droite (coucou VanMoof) permet d’avoir accès à un surplus de puissance en cas de besoin.
La sonnette intégrée est de bonne facture et les feux superbement intégrés au cintre à l’avant et à la selle pour l’arrière font un travail de feux… intégrés : ils permettent d’être vus, notamment le feu arrière qui intègre une fonction feu de stop lorsque l’on freine. En revanche, ils ne permettent pas de voir très loin, surtout le feu avant qui est plutôt léger de base et dont le faisceau se trouve souvent masqué dès que le panier (en option) est chargé.
Côté assistance électrique, pas de puissance adaptative ici, Motto a opté pour une approche classique avec 3 modes d’assistance différents (Eco, Normal et Sport) accessibles uniquement depuis l’app mobile, puisqu’en dehors du Boost, aucun autre bouton n’est présent sur le vélo. Le site de Motto ne mentionne pas le type de capteur utilisé dans le pédalier. Généralement c’est signe de capteur de rotation « basique » quand les vélos premium ont tendance à privilégier le capteur de couple pour ajuster au mieux l’assistance par rapport à l’effort fourni par le cycliste.
Et durant ce test il est apparu comme une évidence que les réglages adoptés pour le mode Normal, voué à être le plus utilisé, étaient discutables. Si ce mode permet d’atteindre la vitesse max autorisée de 25 km/h tranquillement, il semble mis en défaut dès que la route présente la moindre déclivité. Concrètement, le rythme de croisière est difficile à tenir dès que l’on croise un faux-plat et la mission devient très difficile dans une montée franche.
Conséquence : on se retrouve souvent à faire appel au Boost dès que l’on sent une baisse de régime — encore une fois, c’est une conduite très typée VanMoof. Est-ce intentionnel pour donner une raison d’être à la fonction Boost ? Est-ce juste un problème de réglage qui peut se résoudre via une mise à jour de l’application ? Est-ce lié au poids du cycliste ? Toujours est-il que puisqu’il est impossible pour l’utilisateur d’agir sur les différents paliers d’assistance, vélo de location oblige, il est possible que certains utilisateurs se mettent à utiliser le mode Sport avec un impact significatif sur la batterie.
Le Motto Two reste un « simple » vélo de location
Et c’est ce point qui nous rappelle à nouveau ce que le design léché a tendance à nous faire oublier : le Motto Two reste un « simple » vélo de location. Les options de customisation sont donc totalement absentes, la proposition standard doit satisfaire un maximum de clients. C’est dommage d’un point de vue confort d’utilisation, mais c’est totalement compréhensible d’un point de vue produit grand public.
Côté tarifs, l’offre de location est proposée sans engagement pour 94 € par mois, avec un engagement de 6 mois pour 84 € par mois et enfin avec un engagement d’un an pour 79 € par mois, soit les prix pratiqués, à quelques euros près, par les marques concurrentes déjà présentes dans les mêmes zones géographiques.
Pour ce tarif, Motto inclut une assurance casse/vol qui nécessitera quand même de s’acquitter d’une franchise en cas de vol, dont le montant peut varier de 100 à 400 € en fonction des conditions (vol avec ou sans batterie, de nuit, etc.). Si l’assurance est incluse, ce n’est pas le cas du panier en métal facturé 4 € par mois, soit près de 50 € sur un an. 1 000 € pour le Motto Two et son panier sur 1 an, c’est moins que ce qu’il coûterait à l’achat mais ça devient clairement moins intéressant au bout de 18 mois tant les alternatives à budget équivalent pullulent désormais : les bons vélos électriques entre 2 000 et 3 000 € sont légion.
Dans la course à l’intermodalité transport, le Motto Two est donc à considérer comme un après-Veligo pour les gens qui ont déjà utilisé des vélos de location, mais ne veulent pas encore franchir le pas de l’achat. Et tout comme le service proposé par la région Ile-de-France, le Motto Two, fiable et robuste, s’adresse avant-tout aux personnes qui considèrent le vélo comme un mode de transport plutôt que comme un mode de vie. Il faut bien commencer quelque part !
Le verdict
On a aimé
- Design soigné
- Finition
- Dotation standard très complète
- Port USB-C sur la batterie
On a moins aimé
- Poids
- App obligatoire pour utiliser le vélo
- Etagement des modes d’assistance électrique
- Capteur de rotation
- Certaines pièces un peu cheap
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