BYD est certainement le constructeur chinois qui a les plus grosses ambitions en Europe sur la voiture électrique. Les plans d’extension de la marque sur le continent européen sont pourtant théoriquement menacés par l’enquête lancée par Bruxelles contre les subventions chinoises. Les droits de douanes des voitures électriques chinoises importées en Europe pourraient être multipliés par 2 ou 3 en passant de 10 % actuellement à 20 ou 30 % fin 2024. Un coup de frein pour BYD ? Pas forcément, le constructeur a de la ressource.
Interrogée sur le sujet par Bloomberg, la Vice-Présidente de BYD a indiqué qu’en tant que société cotée en bourse, l’entreprise doit être gérée de manière transparente et ouverte au partage d’informations : « Nous ne nous inquiétons donc pas des enquêtes en cours en Europe », a-t-elle précisé.
« Rien à contester », dans les pratiques commerciales de BYD
Il est possible que certains constructeurs chinois n’aient pas très envie de voir l’Union européenne fouiller dans les documents comptables. De son côté, BYD indique clairement que l’entreprise partagera toutes les informations nécessaires pour « dissiper toute confusion concernant sa production.» BYD n’a rien à cacher de son fonctionnement : ni subventions massives de l’État chinois, ni aides déloyales.
À la différence de bien d’autres constructeurs de voitures électriques, chinois comme européens, BYD maitrise quasiment toute la chaîne d’approvisionnement. Cela permet à la marque de maîtriser ses coûts de production. C’est avec une mainmise sur une grande partie des processus de fabrication que BYD peut tirer les prix vers le bas, sans avoir recours à des subventions extérieures. Des batteries, aux semi-conducteurs et jusqu’aux cargos de transport, BYD a construit tout un écosystème, qui fait sa force aujourd’hui et qui lui permet de concurrencer Tesla à armes égales.
La vice-présidente de BYD, Stella Li, est consciente que la révolution apportée par la voiture électrique inquiète. Elle pense aussi qu’une fois que les données seront sur la table, beaucoup verront qu’il n’y a « rien à contester ». Hélas pour le constructeur, il risque pourtant de subir les sanctions aveugles exigées à l’ensemble du pays, sans distinction pour ceux qui font les choses dans les règles.
Face aux sanctions françaises, BYD pourrait chercher à riposter
Il en va un peu de même avec les règles d’éligibilité du futur bonus écologique français. Avec le bonus 2024, la France veut favoriser les voitures électriques européennes et exclure les voitures en provenance d’Asie d’aides à l’achat du gouvernement. En calculant la pollution CO2 émise lors de la fabrication et du transport de ces voitures, selon le pays de production, le bonus ne prend pas en compte les efforts réels des marques dans la transition écologique. Une méthode qui met ainsi dans le même panier les bons et les mauvais élèves d’un même pays, avec des procédures de recours complexes.
BYD a néanmoins pris des engagements forts vis-à-vis de la lutte contre le réchauffement climatique. C’est même l’un des actifs sur le sujet avec Tesla. L’entreprise a, en quelques années, beaucoup fait évoluer ses moyens pour être de plus en plus neutre en carbone, même si la route est encore longue. Le constructeur chinois peine à comprendre pourquoi la France souhaite viser sans distinction toutes les voitures électriques chinoises, sans prendre le temps de voir les progrès réalisés pour rendre la production plus propre.
D’un côté, le gouvernement français drague l’entreprise pour installer une usine en France, de l’autre la France (comme l’Europe) cherche à handicaper l’importation des modèles de la marque. Ce discours ambivalent de la France risque de pousser BYD à installer une usine dans un autre pays européen en représailles.
Des freins qui n’en seront peut-être pas
L’Europe souhaite que les constructeurs chinois produisent localement pour une concurrence plus équitable. Les constructeurs japonais et coréens sont aussi passés par ce rite de passage, accélérant au passage leur essor sur le marché européen. Seulement, c’est oublier qu’une usine d’une marque chinoise en Europe n’en fait pas une marque européenne.
Les revenus générés et les subventions européennes d’implantation de l’usine profiteront toujours en finalité à la Chine. Le rouleau compresseur chinois le sera tout autant en produisant en France, Espagne, Allemagne, Pologne ou Hongrie. C’est même probablement faire entrer le loup dans la bergerie, comme Tesla à Berlin.
L’Europe veut ralentir l’essor des voitures électriques chinoises par tous les moyens. C’est un sujet qui occupera certainement une place importante dans les mois à venir dans notre newsletter hebdomadaire dédiée à la mobilité électrique : Watt Else. Abonnez-vous pour ne rien manquer de ces sujets.
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