Les deux projets européens de voiture solaires ont explosé en plein vol à quelques mois d’intervalle. Faute de financements suffisants, aucune des deux voitures « révolutionnaires » ne verra le jour. Le premier projet, celui de l’Allemand Sono Motors, a tiré sa révérence en mars dernier. Il vient d’être rejoint cette semaine par celui de Lightyear, qui se débattait encore pour exister après un premier échec.
L’idée de ces startups part d’un bon sentiment (un peu naïf) : exploiter le soleil pour alimenter en énergie les batteries d’une voiture électrique. L’énergie solaire est une source d’électricité gratuite, l’offre est forcément séduisante sur le papier. Il faut cependant se méfier des promesses trop alléchantes.
Un discours marketing bancal
L’histoire est pleine d’inventeurs qui pensaient réinventer la roue. Tous ne sont pas mal intentionnés. Mais derrière les beaux discours se cache parfois une réalité technique ou économique bien différente.
En choisissant sciemment de présenter leur concept comme une voiture pouvant rouler à l’énergie solaire, Sono Motors et Lightyear trahissaient d’avance la confiance des potentiels acheteurs et investisseurs. Avec une batterie vide, le soleil seul n’était pas suffisant pour faire avancer les voitures. La communication de base reposait donc sur un mensonge.
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De voiture solaire, il n’est en fait question que de voitures électriques avec un prolongateur d’autonomie fonctionnant à l’énergie solaire. Et ce, seulement si les conditions de luminosité sont réunies. En fonction du pays, du climat ou même du lieu de circulation/stationnement du véhicule, les résultats montraient des variations importantes dans l’apport d’énergie enregistré par le prototype.
D’ailleurs, le principe n’est même pas nouveau. D’autres constructeurs intègrent des cellules photovoltaïques optionnelles, pour offrir quelques kilomètres d’autonomie, sans se vanter d’avoir créé la « voiture solaire ». Multiplier la surface couverte par ces cellules solaires ne suffit pas à rendre le rendement suffisant pour cette appellation trompeuse.
Nombreux à croire à cette promesse
Le nombre de personnes qui ont cru en ces deux projets est certainement l’élément qui m’a le plus surprise. Pour la Sion de Sono Motors, ce sont 44 000 personnes qui ont montré un intérêt : 22 000 précommandes (sans acompte), 21 000 réservations avec dépôt d’argent, et 1 000 de plus avec le crowdfunding de la dernière chance, alors que le projet battait de l’aile.
C’est probablement la promesse d’une voiture moche fonctionnelle, abordable à l’achat et rentable à l’usage qui a fait mouche. À moins de 30 000 €, le prix d’achat de la Sion était irréaliste. Pourtant, les amateurs de voitures électriques y ont cru.
Le constat est assez similaire avec la LightYear 2 à moins de 40 000 €. Le projet aurait enregistré plus de 40 000 réservations, pour la promesse d’un véhicule pouvant réaliser 800 km entre deux recharges.
Si les Chinois ne l’ont pas déjà copié, c’est que ce n’est pas une bonne idée
Alors que les Chinois disposent d’une expertise technique sur la cellule photovoltaïque, il est surprenant d’observer qu’ils ne semblent pas s’intéresser à ce concept. À moins qu’ils aient déjà réalisé que ce n’était pas économiquement viable.
L’avenir nous donnera peut-être tort de ne pas y avoir cru, un peu comme pour certains projets européens de voiture à hydrogène. Sono Motors et Lightyear pourraient finalement être trop en avance sur leur temps. Cela expliquerait pourquoi les investisseurs et les banques n’ont suivi qu’un temps ces deux startups pilotées par de jeunes entrepreneurs ambitieux. Après tout, qui peut se targuer de savoir quelles seront les innovations de demain ?
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