Lorsqu’il s’agit d’acheter ou de vendre une voiture électrique d’occasion, le kilométrage et l’année de production ne sont pas les seuls éléments qui rentrent en compte pour définir une bonne affaire. Comme l’indique Reuters dans un article du 23 octobre, l’état de santé de la batterie et l’autonomie restante auront un impact sur la valeur du véhicule d’occasion. Encore faut-il savoir comment contrôler cette information.
En dehors des véhicules Tesla, le reste du marché des voitures électriques d’occasion est un peu en retrait. L’état des batteries des voitures électriques créent un véritable flou sur la valeur de celles-ci. Cela a tendance à tirer les prix vers le bas par rapport à des voitures thermiques équivalentes. Des solutions sont pourtant disponibles pour lever les doutes. N’y aurait-il pas un intérêt à intégrer cela dans un cadre légal ?
L’autonomie affichée au compteur n’est pas suffisamment fiable
La donnée d’autonomie affichée au compteur lorsque la batterie est à 100 % est une indication. Sa fiabilité est par contre discutée. De nombreux constructeurs ont tendance à communiquer une valeur assez optimiste, pour ne pas dire erronée. Pour rassurer l’acheteur d’un véhicule d’occasion, cette indication n’est donc pas suffisante.
C’est le pourcentage du SOH (State of Health) qu’il faut consulter pour vraiment connaître l’état de santé d’une batterie. Le SOH mesure la différence entre la capacité réelle de la batterie par rapport à sa capacité initiale. Une voiture neuve affichera un SOH de 100 %. Le pourcentage affiché baissera ensuite dans le temps et selon la manière dont la voiture est chargée/utilisée. La première année est généralement celle qui enregistre la plus grosse chute, ensuite les observations tendant à montrer que la baisse se stabilise.
Le SOH est aussi la donnée utilisée par les constructeurs automobiles dans le cadre de la garantie de la batterie. Traditionnellement, si une batterie perd plus de 30 % durant la période couverte, la batterie est remplacée par le constructeur. Les conditions changent selon les constructeurs. C’est d’ailleurs souvent pour cette même raison que les marques ne sont pas à l’aise à transmettre les données aux clients. Certaines auraient même des pratiques de reprogrammation des systèmes de management des batteries (BMS) pour masquer les pertes d’autonomie. D’autres constructeurs font payer le test SOH pour décourager le client de le faire. Certains constructeurs n’ont pas l’air de vouloir se montrer transparent sur le sujet.
Des tests au cas par cas pour le moment
Si certains revendeurs de véhicules d’occasion commencent à intégrer la démarche, celle-ci n’est pas encore généralisée sur le marché international. Pourtant, les véhicules électriques achetés ces dernières années vont bientôt débarquer en nombre sur le marché de l’occasion. L’article de Reuters prenait en exemple le cas d’un Autrichien qui a fait appel à un service de certification de SOH (Aviloo), pour vérifier que la Tesla Model S de 2014 qu’il allait acquérir avait une batterie dans un état satisfaisant. Avec un SOH de 90 % pour un véhicule de 2014 et 240 000 km, l’acheteur a été rassuré et a conclu l’achat.
Cette étape semble nécessaire pour lever les inquiétudes des acheteurs face aux nombreuses fausses informations qui circulent sur le net sur la durée des vies des voitures électriques et de leur batterie. Étant un des plus gros postes de dépense en cas de panne, l’état de santé de la batterie ne peut pas être négligé. Le peu d’informations disponibles dégradent inutilement la valeur des voitures d’occasion.
Un intérêt à rendre cette information obligatoire : pourquoi pas lors du contrôle technique ?
Pour le moment, la démarche volontaire nécessite de passer par des entreprises tierces, que beaucoup de particuliers et professionnels ne savent pas encore identifier. En 2020, le site Automobile-Propre avait testé une autre solution nommée La Belle Batterie, devenu Moba, dont les résultats sur ce test du SOH étaient intéressants à connaitre. Mais quelle notoriété ont ces services ? Quasiment aucune. Plus connus, Norauto et Dekra se sont aussi lancés dans ces diagnostics. Si l’information sur l’état de santé des batteries devenait obligatoire pour la vente, cela pourrait améliorer les connaissances utiles sur la vie des batteries.
Tant que certains constructeurs ne joueront pas carte sur table à ce sujet, il semble nécessaire de trouver une alternative facilement identifiable. Or, pour vendre un véhicule d’occasion, le contrôle technique est obligatoire en France. Ne serait-il alors pas pertinent que le pourcentage du SOH soit un des éléments communiqués directement sur le document remis à l’issue du contrôle ? Ainsi, particuliers comme professionnels disposeraient d’une information certifiée au moment de la vente.
Cela nécessiterait que les contrôles techniques se forment et s’équipent. C’est parfaitement dans les cordes et dans le périmètre de leur activité. Ceci enlèverait une bonne épine dans le pied pour le marché de l’occasion.
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