Curieuse de prendre le pouls du secteur automobile français, j’ai assisté le 24 octobre aux conférences organisées par la filière Automobile (PFA). Les intervenants se sont enchainés face à plus de 1 000 professionnels du secteur. Premier étonnement : l’ensemble est apparu particulièrement optimiste. On aurait pu croire à des discours de motivation d’avant-match !
Non pas que je m’attendais particulièrement à du sang et des larmes, mais le ton et le fond du message ont bien changé depuis le Mondial de Paris 2022, où les mêmes acteurs étaient réunis. Les inquiétudes, les messages politiques protectionnistes et les querelles de clocher semblent avoir été remisés au placard. L’industrie a-t-elle décidé de voir le verre à moitié plein, plutôt que celui à moitié vide ?
« L’électrique n’est plus une option, mais notre horizon »
En tant que président de la filière, Luc Chatel a souligné en introduction que le chemin parcouru en quelques années a été considérable, mais les tempêtes ont été nombreuses (covid, pénurie de semi-conducteurs, guerre en Ukraine, prix de l’énergie). Malgré ces embuches, la part de l’électrique a déjà été multipliée par 10 en 5 ans et toute la filière a mis les bouchées doubles pour se réinventer. Objectif : produire 2 millions de voitures électriques en France en 2030.
Une « compétition très rude » attend cependant le secteur automobile français. Pour continuer à mettre pied au plancher, la filière automobile a quand même quelques demandes à formuler au gouvernement : qu’on arrête de lui changer les règles tous les quatre matins et surtout qu’on les soutienne (financièrement) pour jouer à armes égales avec les USA et la Chine.
France vs Chine ou France vs USA : même combat
Face à des pays qui ont mis d’énormes moyens pour réussir à dynamiser leur industrie automobile, l’Europe est à la traine. D’ailleurs, la principale arme de l’Union européenne tient davantage en des sanctions envers ces pays, qu’en des capacités à s’aligner sur les mêmes investissements. La France va quand même consacrer 1,5 milliard d’euros par an pour faire grandir la demande des voitures électriques. Est-ce suffisant ?
Le ministre de l’Économie estime que la Chine n’a que 5 ans d’avance sur la France. D’ici à 15 ans, la France pourrait faire de bien meilleures batteries et « devenir une des grandes nations productrices ». De son côté, le président du groupe Renault explique que la Chine a commencé à prendre de l’avance depuis 20 ans. Pour autant, il considère aussi que les « progrès réalisés en Europe sont extraordinairement rapides » et ne s’inquiète pas outre mesure de la pression exercée par la Chine.
Il faut juste passer « de la naïveté à la réciprocité dans nos relations avec les Chinois » nous a expliqué Jean-Dominique Sénard de Renault. Il va être nécessaire de s’imposer face à la Chine, sans créer de crises inutiles, mais que ces tensions sont nécessaires pour établir un rapport de force équitable.
Petit tacle de Bruno Le Maire
La dépendance à la Chine et l’arrivée de cette concurrence sur le marché européen n’est pas qu’une faute politique récente. Le ministre de l’Économie n’a pas hésité à glisser une petite pique bien sentie en rappelant que certains ont cru à « l’illusion d’une industrie sans usine ». Fortement encouragés par les politiques de l’époque, la filière a délocalisé la production et les compétences. Une décision qui se paye aujourd’hui au prix fort et qui demande de gros efforts pour rattraper le retard.
Même si les matchs à venir s’annoncent particulièrement intenses, l’industrie automobile française a de nouveau foi en ses capacités à affronter ses adversaires. La motivation est revenue à un bon niveau, mais attention quand même à ne pas trop présumer de ses forces.
L’industrie automobile française passe la seconde. Alors pour ne rien manquer de l’actualité de la voiture électrique made in France, abonnez-vous à notre newsletter gratuite et hebdomadaire Watt Else.
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