Le groupe Franco-italo-américain Stellantis a-t-il misé sur le bon partenaire en choisissant de s’allier à Leapmotor ? La réponse à cette question ne pourra se vérifier concrètement que dans quelques années. Il faudra du temps pour que l’ensemble des volets de l’accord signé le 26 octobre entre Stellantis et Leapmotor soient exploités par les deux partenaires.
En attendant, se pose la question de la légitimité de ce constructeur chinois encore méconnu en Europe. Leapmotor n’a jamais vraiment attiré l’attention à l’international avec ses voitures électriques et ses technologies. Pour autant, ce n’est pas parce que l’entreprise ne fait pas les gros titres des médias que l’entreprise n’offre pas des avancées technologiques intéressantes.
Beaucoup d’avancées en à peine 7 ans d’existence
Leapmotor a une histoire assez courte. L’entreprise chinoise n’a vu le jour qu’en 2015. C’est seulement à partir de 2018 que l’on va entendre parler des premiers développements de Leapmotor sur l’intelligence artificielle dédiée à la conduite autonome.
Le premier véhicule électrique de la marque est apparu sur le marché chinois en 2019, avant de disparaître en 2021. Depuis, 3 autres modèles ont rejoint les routes et un nouveau concept va bientôt entrer en phase de production. Leapmotor a décidé de viser essentiellement le segment des voitures électriques chinoises de 20 000 à 40 000 euros, ce qui correspondrait en Europe à la tranche des voitures commercialisées entre 40 000 et 80 000 €.
La citadine électrique T03 est un peu l’exception à la règle dans le catalogue actuel du constructeur, puisqu’elle est commercialisée entre 9 000 et 12 000 € en Chine. C’est le seul modèle qui, pour le moment, a été exporté vers l’Europe — enfin plus spécifiquement, vers la France. Ce qui explique probablement un démarrage un peu timide des ventes avec seulement 225 immatriculations.
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En Chine, ce sont surtout les C11 et C01 qui correspondent au véritable savoir-faire de l’entreprise. Ces deux modèles offrent des prestations supérieures à la concurrence sur plusieurs points : une bonne autonomie, un espace intérieur spacieux et une variété de fonctions de conduite autonome assez abouties.
Leapmotor a également 7 véhicules prévus pour intégrer leur catalogue d’ici à 2025. Le salon de Munich a été l’occasion de découvrir le C10. Les 6 autres modèles se répartiront sur le segment A (micro-citadine), ainsi que C et D, ce qui correspond à des modèles de berlines/SUV compacts et familiaux. Si les modèles sont imaginés en 100 % électrique, ils pourront être commercialisés avec la technologie de prolongateur d’autonomie développé par Leapmotor, et qui intéresse particulièrement Stellantis.
R&D et intégration verticale sont les deux points forts de l’entreprise
Plus que les modèles en eux-mêmes, ce sont les technologies développées par l’entreprise qui sont particulièrement intéressantes. Un peu plus tôt dans l’année, Leapmotor a indiqué qu’elle mettait à disposition sa plateforme aux autres constructeurs. Il n’a pas fallu longtemps pour que Volkswagen se montre intéressé pour développer des modèles de la marque Jetta pour le marché chinois. Stellantis était aussi dans les rangs, plus discrètement.
Ce qui intéresse un groupe comme Stellantis, c’est que Leapmotor développe en interne tous ses composants et logiciels clés : de la gestion du moteur, à la conduite autonome en passant par le système embarqué. Un investissement dans la R&D qui lui confère un avantage avec le contrôle total de toute la chaîne de valeur, et notamment une bonne maîtrise des coûts. Ce sont également les méthodes déployées par Tesla depuis des années.
En développant des systèmes multiplateformes et des composants électroniques à partir de zéro, la marque a créé des éléments qui sont très modulables pour s’adapter à différents modèles de véhicules électriques. Une rentabilité sur la recherche et développement que les grands groupes automobiles comme Stellantis ont perdu en sous-traitant massivement ces développements.
La phase d’ingénierie n’est pas le seul élément sur lequel Leapmotor a porté une attention particulière. La fabrication est aussi à la pointe de la technologie selon Leapmotor, en utilisant l’intelligence artificielle pour optimiser les process. L’entreprise ne possède pour le moment qu’une usine en Chine qui dispose d’une capacité de production de 200 000 véhicules électriques, mais d’autres projets sont à l’étude.
Le meilleur parti pour Stellantis ?
Leapmotor n’est pas le champion des ventes en Chine, mais la croissance rapide de l’entreprise a de quoi aiguiser les appétits. Dans un pays où la concurrence est féroce, la marque a su creuser une place et compte bien continuer à progresser en local, mais aussi à l’international. Ce sera désormais en partie le rôle de Stellantis.
Ce ne sont pas tant les modèles produits par l’entreprise qui intéressent vraiment un groupe comme Stellantis. Mais ce sont tous les développements invisibles et les process mis en place par l’entreprise pour progresser largement plus rapidement que n’importe quel constructeur automobile traditionnel. C’est donc un intérêt pour la technologie et le savoir-faire de Leapmotor qui a dû séduire Carlos Tavares, patron de Stellantis. La revente des modèles Leapmotor en Europe et ailleurs n’est très certainement qu’une contrepartie au deal.
Stellantis trouvera-t-il dans les solutions de Leapmotor les clés pour augmenter encore la rentabilité des modèles 100 % électrique pour les 14 marques du groupe ? Tout ceci sera intéressant à suivre au fil du temps.
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