Face à des modèles à essence souvent bien moins chers, le consommateur n’est pas toujours prêt à payer plus pour rouler en voiture électrique. Quand bien même l’investissement pourrait être rentabilisé à l’usage, le prix d’achat des voitures électriques fait toujours barrage.
Le patron de Renault, Luca de Meo, en est bien conscient et s’est engagé à ramener les prix des voitures électriques au même niveau que les thermiques en quelques années. Ampère, la nouvelle branche dédiée aux véhicules électriques et au logiciel de Renault, a tenu le 15 novembre 2023 une conférence de présentation de sa stratégie pour les prochaines années. Au programme : plus de modèles 100 % électrique, plus abordables et plus rentables pour la marque.
Repenser la manière de concevoir les voitures
Les ingrédients de la recette sont simples, mais la réalisation est particulièrement complexe. Tesla est un des constructeurs qui maîtrise assez bien la technique, il est l’exemple à suivre. Mais il est bien plus compliqué pour les constructeurs automobiles traditionnels de changer complètement la manière de concevoir une voiture pour s’adapter aux nouveaux enjeux de l’électrique. Tout est à revoir, y compris l’organisation même de l’entreprise. C’est d’ailleurs pour cette raison que Renault a créé Ampère : une entité séparée de la partie historique pour gagner en agilité.
Une première étape consiste à adopter des plateformes natives développées spécifiquement pour les voitures électriques. C’est déjà le cas « de 75 % des meilleures ventes de VE » a confirmé Luca de Meo. Les constructeurs qui restent sur des plateformes modulaires – qui doivent s’adapter aux motorisations thermiques et électriques – seront forcément limités dans les développements du véhicule.
La seconde étape consiste à introduire la gestion logicielle au cœur même de la création du véhicule, et non pas comme une cinquième roue du carrosse, comme c’est souvent le cas sur les véhicules thermiques et certaines électriques actuelles.
Enfin, pour pousser l’optimisation des voitures électriques, il faut réduire les délais de développement des nouveautés, le nombre de pièces embarquées dans les modèles et améliorer tous les processus de production.
Renault s’attaque frontalement à tous les coûts
Si Tesla a une longueur d’avance sur le sujet, Ampère (de Renault) annonce aussi d’importantes économies à venir. Ce qui permettra à Renault de tirer les prix vers le bas sans sacrifier sa marge.
Dans le détail, l’entreprise a toute une stratégie pour réduire de 30 % les coûts fixes de fonctionnement de l’entreprise. Ampère prévoit ensuite des économies substantielles sur la durée de développement des futurs modèles. Enfin, grâce aux volumes et aux progrès technologiques, c’est sur les différents éléments des véhicules que le constructeur va pouvoir économiser jusqu’à 40 % par voiture dès 2027/2028. La marque envisage ainsi de baisser les coûts de :
- 50 % sur la batterie, tout en conservant la même autonomie,
- 25 % pour les moteurs électriques, toujours sans dépendance aux terres rares,
- 25 % également sur les plateformes, mutualisées avec d’autres marques,
- 15 % sur tout ce qui lié à l’habitacle des véhicules, sans renier ni la qualité ni la technologie,
- 50 % avec toutes les optimisations de la production et de la chaîne d’approvisionnement.
Les premiers gains passent souvent par des améliorations qui peuvent sembler mineures comme : abaisser le nombre de modules d’une batterie (passant de 12 à 4) ou baisser le nombre de pièces nécessaires de 20 %. C’est notamment avec ces modifications que l’écart de prix se creuse rapidement entre la production d’une Mégane et celle de la future Renault 5 à 25 000 €.
Luca de Meo a aussi bien compris qu’il était temps de passer aux semi-conducteurs de nouvelle génération pour faire d’autres économies. Les constructeurs chinois et autres acteurs récents du marché (Tesla, Fisker) l’ont déjà bien assimilé. Avec la puissance des puces récentes, une voiture électrique va pouvoir passer de 80 puces nécessaires à seulement 5. Les anciens semi-conducteurs automobiles, en plus des difficultés d’approvisionnement, sont paradoxalement plus chers que les nouvelles puces. Simplement, pour pouvoir les intégrer aux véhicules, il faut repenser la voiture autour du logiciel, qui agit désormais comme un véritable cerveau pour l’automobile.
En gagnant sur le temps de développement et sur les pièces elles-mêmes, Luca de Meo annonce que les futurs modèles Renault seront « deux fois moins chers à produire que leur équivalent chez d’autres constructeurs européens ». Mieux, Renault devrait pouvoir concurrencer les prix pratiqués par les constructeurs chinois, tout en produisant ses voitures en France et en Europe. Il ne s’agit pas pour Renault de produire des voitures low cost (comme la Dacia Spring) pour afficher des prix bas, mais bien de repenser et optimiser absolument tout sur les futures voitures électriques. C’est ce qui permettra enfin qu’il n’y ait plus de différences de prix avec les véhicules thermiques.
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