Ce qui était parti pour être un conflit social sans grande conséquence pour Tesla en Suède commence à virer au bras de fer assez gênant pour Elon Musk. Lorsque la grève a débuté le 27 octobre, le mouvement ne concernait que 130 employés des ateliers de la marque américaine. Depuis, des professions dans bien d’autres domaines d’activité ont rejoint par solidarité ce qui s’apparente à un boycott de Tesla dans le pays. Tout ceci pourrait bien bloquer durablement toute l’activité du constructeur en Suède.
« C’est insensé » a commenté Elon Musk sur X le 23 novembre. Le patron de Tesla a découvert que les immatriculations pour les nouveaux véhicules Tesla en Suède étaient dorénavant bloquées par les services postaux, en solidarité avec les salariés Tesla en grève. Elon Musk n’est probablement pas au bout de ses surprises, car il n’est pas exclu que le mouvement s’étende encore à d’autres activités, mais aussi aux pays voisins.
Les entreprises suédoises refusent une à une de travailler avec Tesla
La grève a débuté fin octobre dans les ateliers de réparation de Tesla avec les mécaniciens de la marque. Tesla pensait pouvoir la contourner en faisant venir des employés d’autres pays pour remplacer les grévistes. Mais la marque n’avait pas anticipé que des entreprises externes viendraient lui mettre des bâtons dans les roues. Chaque fois que Tesla pense pouvoir trouver une solution pour échapper au blocage, un autre service vient s’ajouter à ce boycott.
Comme une trainée de poudre, les opérations contre Tesla se multiplient à l’appel du syndicat IF Metall et en soutien aux salariés concernés :
- Les électriciens refusent de réparer les bornes de recharge Tesla,
- Le ménage dans les showrooms n’est plus fait par l’entreprise en charge,
- Les ordures ne sont plus ramassées devant les centres Tesla,
- Les dockers refusent de décharger les Tesla arrivant dans les ports,
- Le service postal ne livre plus les plaques d’immatriculation à destination de Tesla, mais aussi les pièces détachées de réparation…
Tesla avait bien trouvé une solution pour éviter le blocage des dockers suédois en passant par la Norvège, puis en acheminant les voitures par camion. Sauf que les syndicats norvégiens ne l’entendent pas de cette oreille : « La Norvège ne doit pas être un pays de transit permettant à Tesla de s’en tirer en brisant des grèves », a indiqué Jorn Eggumn, dirigeant d’un syndicat norvégien sur The Guardian.
De toute façon, sans livraison des plaques d’immatriculation, les acheteurs de Tesla ne pourront pas rouler avec leur nouveau véhicule, même si Tesla arrivait à faire arriver les véhicules en Suède par une manière détournée. Cette dernière évolution dans le conflit est certainement une des plus gênantes pour Tesla qui n’a pas d’alternative pour contourner le problème.
[mise à jour le 27/11 à 14h00] Selon Reuters, Tesla réplique au blocage des plaques d’immatriculation en attaquant en justice l’agence des transports du gouvernement suédois. La méthode est probablement efficace pour lever le blocage, mais elle ne va clairement pas contribuer à redorer l’image de la marque dans le pays, bien au contraire.
Le mouvement ne s’arrête pas là. Les salariés d’un fournisseur suédois de pièces en aluminium, pour la Gigafactory Tesla de Berlin, ont depuis vendredi cessé le travail. L’entreprise ne sera plus en mesure de livrer la production allemande, qui pourrait donc être perturbée en l’absence de ces composants de sécurité.
À ce petit jeu de « briseur de grèves », Tesla pourrait bien se mettre à dos les syndicats des pays voisins : Norvège, Finlande et Danemark sont prêts à rejoindre l’action de la Suède. Il est possible d’imaginer que l’Allemagne, qui était en grève peu avant à l’usine de Berlin, pourrait aussi rapidement saisir l’opportunité d’un mouvement européen.
Une obstination d’Elon Musk contre les syndicats, qui pourrait lui coûter cher
En s’obstinant à refuser de signer des accords de branches avec les syndicats, Elon Musk pourrait bien rencontrer de plus en plus de résistance en Europe. La Suède n’est peut-être que le 5ᵉ marché en Europe pour la marque, mais il est nécessaire pour atteindre les ambitions de volume de Tesla. Si le conflit venait à s’étendre dans les pays voisins, et notamment en Norvège, la situation deviendrait encore plus compliquée.
En Suède, 90 % des salariés sont couverts par des conventions collectives qui régissent et encadrent les salaires, les congés, les heures supplémentaires, etc. Un modèle social que le pays ne veut pas voir disparaître avec l’arrivée d’entreprises internationales. Même si la convention collective suédoise n’est pas défavorable à l’entreprise américaine, Tesla ne veut pas céder. Signer en Suède reviendrait à créer un effet boule de neige dans tous les autres pays où les syndicats veulent conserver leur pouvoir.
Si, pour les cinq premières semaines, la grève n’a que peu touché l’activité de la marque en Suède, cela pourrait commencer à changer. Le syndicat IF Metall peut aisément maintenir le mouvement de grèves sur plusieurs mois, et même plusieurs années. Tesla pourrait s’être engagé sur un conflit très longue durée sans le savoir. La dernière entreprise étrangère à avoir voulu outrepasser les syndicats en Suède avait fini par céder, après trois mois de grèves. Il s’agissait de l’entreprise Toys’r’us en 1995. Comment Tesla va réussir à se sortir de ce mauvais pas ? Le mystère est entier.
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