L’industrie automobile européenne a besoin de l’aide de l’Europe pour la transition vers l’électrique. Elle en appelle au bon sens des eurodéputés pour arrêter de saborder les efforts que les constructeurs européens mettent en place.

L’association des constructeurs automobiles européens a une déclaration à faire aux institutions européennes et c’est par la voix de Luca de Meo, patron de Renault et président du lobby, que le message a été délivré le 29 novembre. L’Europe a besoin de gagner en compétitivité pour sauver son industrie automobile. Les entreprises n’ont pas besoin de normes toujours plus restrictives et souvent contradictoires : « Les États-Unis stimulent, la Chine ordonne et l’Europe régule » résumait ainsi Luca de Meo dans un propos repris par La Tribune.

Les industriels veulent davantage de collaboration avec les institutions européennes pour « créer les conditions nécessaires à la fabrication d’une gamme diversifiée de modèles sans émissions, y compris de petits véhicules électriques abordables qu’il serait rentable de produire en Europe. » C’est désormais inscrit dans le manifeste signé par les membres de l’association.

Des normes trop nombreuses et coûteuses

« Notre industrie a en moyenne huit ou neuf régulations par an jusqu’en 2030, dont certaines sont contradictoires » a souligné Luca de Meo aux journalistes. Ces réglementations ont des conséquences directes sur le poids et surtout les prix des véhicules électriques européens.

Il ne s’agit pas d’arrêter d’imposer des normes, mais de changer d’approche pour limiter l’empilement successif de nouvelles contraintes, dans des délais intenables pour une industrie qui doit complètement se réinventer. Luca de Meo rappelle que « des milliards ont été investis pour parvenir à décarboner l’automobile, bien plus que n’importe quel autre secteur. »

Le concept entrée de gamme présenté par Volkswagen ID. LIFE en 2021 // Source : Volkswagen
Le concept entrée de gamme présenté par Volkswagen ID. LIFE en 2021. // Source : Volkswagen

Ces normes européennes sont notamment devenues un frein au développement des petites voitures. Les mini citadines se retrouvent à embarquer des technologies de sécurité que l’on retrouvait seulement sur les modèles les plus évolués. Il est difficile de composer avec cela pour faire des véhicules réellement abordables.

Luca de Meo a même abordé le principe des petites Kei cars japonaises. Il s’agit de minuscules véhicules disponibles au Japon qui bénéficient d’une taxation allégée et pour lequel le client n’a pas besoin de posséder une place de stationnement. Le patron de Renault indiquait qu’avec les petites batteries et faibles autonomies, ces modèles peuvent être accessibles à moins de 10 000 euros. Un tarif qu’aucune voiture électrique en Europe ne peut atteindre. Les réglementations européennes limitent le développement de ce genre de véhicule ou de ceux des quadricycles lourds, comme la Microlino.

Microlino // Source : Thomas Ancelle pour Numerama
Une Microlino. // Source : Thomas Ancelle pour Numerama

Une politique protectionniste jugée « inefficace »

Luca de Meo a mis en garde l’Europe sur les mesures de protectionnisme que les membres de l’Union européenne envisagent contre la Chine. Le patron de Renault juge ces décisions « inefficaces et inflationnistes » à long terme. L’Europe, à ses yeux, doit avant tout songer à s’assurer que les constructeurs auront accès aux matières premières nécessaires avant de s’engager dans un conflit commercial avec la Chine.

Ursula von der Leyen - discours 13/08/23 // Source : Extrait vidéo Union européenne
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en août 2023. // Source : Extrait vidéo Union européenne

Le patron de Renault en a profité pour réaffirmer que la concurrence avec les autres pays était nécessaire. « L’Europe ne doit pas seulement veiller à être aussi bien équipée que les autres régions, elle doit aussi s’assurer que nous sommes sur un pied d’égalité. La concurrence est très saine, et une véritable concurrence signifie également des marchés mondiaux ouverts et des règles commerciales libres et équitables. »

Enfin, Luca de Meo a insisté qu’il était nécessaire de maintenir les aides publiques pour développer la voiture électrique en Europe, car selon lui « le marché de l’électrique n’est pas naturel, il faut l’aider. Dans tous les pays où les aides ont diminué, la demande a chuté ». Sur ce point, les constructeurs allemands sont les premiers à pâtir de la chute des aides sur certains marchés européens, ce qui les mets dans des postures économiques délicates.

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