« Nous ne ferons aucun commentaire avant la publication de la liste officielle le 15 décembre. » Heureusement pour moi (et pour vous, lecteurs et lectrices de l’édito de notre newsletter Watt Else), tous les constructeurs automobiles ne sont pas aussi rigides dans leur réponse. Il est vrai que le sujet du bonus est particulièrement épineux. Beaucoup marchent sur des œufs en attendant une réponse officielle.
Si certains ne s’aventurent pas hors du cadre du « sans commentaire », chez d’autres constructeurs, les langues se délient bien volontiers depuis 4 mois. Le nouveau calcul du score environnemental, qui définit l’éligibilité au bonus 2024 selon 6 critères pointus, est tombé comme une chape de plomb sur leurs épaules. Autant dire que certains en ont gros sur la patate.
La simplification, ce n’est pas pour maintenant
Pour certaines marques, l’étape du dépôt de demande d’éligibilité tient plus de l’épreuve des 12 travaux d’Hercule que de la simple formalité. Il faut dire que les données exigées par l’Ademe sont loin d’être évidentes à réunir. Il peut même être nécessaire de s’y reprendre à plusieurs reprises.
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Il est (relativement) facile pour les constructeurs nationaux et européens de communiquer avec le siège pour obtenir les données nécessaires. Les filiales de constructeurs étrangers, notamment asiatiques, ont eu un challenge supplémentaire de taille : expliquer la nouvelle mesure et faire comprendre au siège (chinois, japonais, coréen, américain…) pourquoi ils ont besoin de données particulièrement détaillées, que personne n’a jamais demandé auparavant. Si le gouvernement avait voulu créer un bonus discriminant, il ne s’y serait pas mieux pris.
Un « gros boulot » pour éventuellement rien…
Dans des filiales, où les effectifs sont calculés au plus juste, cette nouvelle mission s’est avérée particulièrement chronophage. Il fallait en plus trouver qui prendrait en charge le cadeau empoisonné dossier. Au point que certaines marques ont décidé de faire l’impasse, pour certains modèles ou tous.
Le directeur de MG a dit que la marque n’en déposerait pas. Toyota n’a fait des dépôts de dossier que pour sa gamme utilitaire fabriquée en France et ce fut déjà une tâche particulièrement ardue. Ford ne le fera qu’avec son modèle européen de 2024, car le Mustang Mach-e, avec sa production mexicaine, était perdant d’avance. BYD n’avait pas fini les demandes lorsque je les ai rencontrés fin novembre, et ce n’était pas vraiment un sujet prioritaire. Tous sont dépités face à la complexité ce nouveau bonus.
Kia et Hyundai attendent les résultats pour les modèles soumis — eux sont assez fiers d’avoir réussi à aller au bout du processus, qui a été un « gros boulot ». Voilà ce qui ressort globalement de tous les échanges que j’ai eus. Un véritable casse-tête dont les équipes se seraient bien passées, surtout dans des délais aussi courts.
À quelques heures de la première liste
Un peu comme des enfants face à l’ouverture d’une case du calendrier de l’avent, on attend désormais, avec une certaine excitation, la parution de la liste des modèles qui seront éligibles au bonus. Enfin, d’une première liste, car elle devrait être mise à jour régulièrement. Le gouvernement s’est engagé à le faire pour le 15 décembre. Espérons que ce dispositif ne subisse pas le même couac que le leasing social (voiture à 100 €), qui a déjà pris un mois de retard.
Rappelons quand même que pour l’heure, les montants des bonus 2024 sont inconnus. Le maintien des montants actuels est plausible, mais… rien n’est moins sûr. Que de mystère ! C’est vrai qu’il serait dommage de donner de la visibilité aux constructeurs et aux acheteurs.
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