Comme il est d’usage, je vais d’abord commencer par vous souhaiter à tous une bonne année 2024. Merci aussi d’être aussi nombreux et nombreuses à suivre chaque semaine cet édito. Mais revenons à nos moutons, enfin au marché de la voiture électrique en France. Les deux dernières semaines, habituellement réservées à la trêve des confiseurs pour l’automobile, ont été bien plus animées que prévu.
Le gouvernement a décidé que le 15 décembre était la meilleure date pour lancer à la fois : le nouveau bonus écologique 2024 et le leasing social à 100 €/mois (que l’on attendait presque plus). Enfin « lancer », il faut le dire vite. Derrière les annonces en fanfare se cachent surtout de gros cafouillages administratifs dont la France a le secret.
Cela commence avec des retards
Pour accompagner le nouveau bonus écologique, le gouvernement a fait savoir en décembre que son montant baisserait de 5 000 € à 4 000 € au 1ᵉʳ janvier 2024. Les ménages les plus modestes devraient toujours avoir accès à 7 000 € d’aide à l’achat. Je me vois obligée d’utiliser le conditionnel, car le décret n’est toujours pas publié ce 4 janvier.
Sans décret, pas de changement. Les véhicules électriques achetés depuis le 2 janvier bénéficient donc toujours de 5 000 € de bonus (si éligibles). Ce n’est probablement plus qu’une question d’heures, ou de jours, mais quel bazar ! Le montant du bonus n’est pas le seul concerné, les primes à la conversion et prime rétrofit demeurent également dans le flou.
Le leasing social ne fait pas beaucoup mieux. Si le gouvernement a listé en décembre les modèles qui bénéficierait de cette offre, la plateforme d’inscription pour le dépôt de dossier est toujours aux abonnés absents. Les clients sollicitent alors les concessionnaires qui n’en savent pas vraiment plus : « Revenez plus tard », répondent-ils en général.
Une fin 2023 sous le signe du « made in China »
À vouloir priver les voitures fabriquées en Chine de bonus, le gouvernement en a boosté leur commercialisation. Difficile de passer à côté du record de la MG4. La marque en a immatriculé 4 138 exemplaires en décembre, soit 20 % des immatriculations du modèle sur ce seul mois. Chez Leapmotor, ce sont 30 % des immatriculations qui ont été faites en décembre, et cela monte même jusqu’à 40 % pour la Seres 3. Nul doute que BYD a également constitué un petit stock pour démarrer l’année.
Encore plus que les années précédentes, les statistiques de cette fin 2023 sont donc particulièrement faussées. Les incertitudes liées aux modèles éligibles au bonus 2024 y ont contribué, mais les stocks (pour des reventes en occasion 0 km) et les nombreuses remises (parfois importantes) chez certains constructeurs ont aussi créé quelques distorsions dans les données.
Tesla a une nouvelle fois dominé le classement 2023 avec 37 127 Model Y (1ʳᵉ place) et 24 539 Model 3 (3ᵉ place). Pour autant, le groupe Stellantis, avec sa myriade de marques, dépasse les 63 000 immatriculations du constructeur américain. Le groupe Renault n’est pas loin derrière, grâce notamment au succès de la Dacia Spring, qui s’est immiscée en deuxième place du classement avec 29 761 exemplaires. Mais alors, est-ce que tout cela va changer en 2024 ?
L’année risque d’être mouvementée !
Il ne faut pas se leurrer, le premier trimestre devrait continuer à faire la part belle aux livraisons de modèles « made in China ». C’est à partir du mois d’avril que l’on devrait observer les premiers effets des nouvelles règles du bonus. Encore qu’on pourrait avoir quelques surprises !
Les politiques espèrent que les clients se précipiteront sur les modèles européens. Il est cependant plus probable que les volumes de vente de voitures électriques stagnent ou baissent, comme on peut l’observer en Allemagne avec la fin des aides à l’achat. L’année risque d’être bien plus compliquée que certains ne peuvent l’imaginer.
Le salut du marché du VE français viendra certainement de nouveaux modèles plus abordables, comme Citroën e-C3 et Renault 5. Encore faut-il que la production puisse répondre à la demande.
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