À la fin du CES 2024, je me suis envolé à San Francisco, une de mes villes préférées aux États-Unis pour ses paysages, le mode de vie de ses habitants et son ultra-modernité. Depuis toujours, San Francisco est une ville précurseure, ce qui n’a rien d’étonnant quand on est entouré par la Silicon Valley.
Quelques minutes après mon arrivée, j’ai remarqué de drôles de véhicules sur la route. Des Jaguar I-PACE avec des capteurs LiDAR sur le toit sont partout dans la ville, ce qui m’a laissé penser qu’Apple et Google menaient des tests de véhicules autonomes. Je me suis approché d’une d’entre elles et, immense surprise : il n’y avait personne à l’intérieur. La voiture se déplace toute seule, sans aucun examinateur pour éviter un accident. En toute honnêteté, je ne savais même pas que c’était légal.
Encore plus surprenant, j’ai découvert que ce service est accessible du grand public. Waymo One est un concurrent d’Uber ou de Lyft, qui permet de commander un taxi autonome n’importe où depuis San Francisco, sans jamais personne à l’intérieur (on peut techniquement s’assoir à la place du chauffeur, mais toucher le volant est interdit). Évidemment, mon instinct de journaliste tech m’a incité à télécharger immédiatement Waymo One, même si l’idée de monter à l’arrière d’un véhicule conduit par une IA m’effrayait. Précisons que Waymo appartient à Google.
Un système d’invitation pour éviter de saturer le service
Premier constat : Waymo One n’est pas disponible sur l’App Store français. J’ai dû passer mon iPhone en région américaine pour télécharger l’application, qui est évidemment gratuite.
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Deuxième observation : Waymo One est disponible pour le grand-public, mais il y a une liste d’attente d’un mois (environ) pour accéder au service de robotaxis. Pressé, j’ai contacté Waymo en DM sur Twitter. Le service client m’a proposé un code pour accéder à l’application sans attente pendant trois jours.
Une fois inscrit, Waymo One ressemble à Uber. On entre son adresse de destination, on paye (avec Apple Pay, même pas besoin de communiquer les numéros de sa carte) et on attend. Dans mon cas, j’ai dû patienter 10 minutes au total, ce qui est plutôt raisonnable au vu de la demande pour ce service. Précision importante : les courses sont payantes. Même si Waymo fait du test grandeur nature, son service est un vrai concurrent d’Uber, avec des prix similaires. Les chauffeurs VTC protestent d’ailleurs contre son existence.
La voiture arrive, met son clignotant et m’accueille en me parlant
Dans l’application, Waymo explique ce qu’il faut faire quand la voiture arrive. Le service indique que mes initiales seront écrites sur le toit du véhicule, pour que je puisse le reconnaître. Au loin, j’aperçois mon taxi autonome. Il me voit, met le clignotant droit et se gare sur le côté. Pour déverrouiller les portières, j’appuie sur le bouton « Unlock » dans l’application.
À l’intérieur, Waymo passe une musique futuriste. Sur l’écran arrière, une vidéo de présentation me demande de mettre ma ceinture, m’explique que l’itinéraire pourra être contrôlé depuis mon smartphone ou l’écran de bord et qu’il me suffit d’appuyer sur « Start Ride » pour commencer la course. J’ai peur, mais je le fais.
La voiture met son clignotant à gauche, attend que les voitures passent et commence alors à rouler. On ne va pas se mentir, c’est extrêmement déconcertant. À plusieurs reprises, je lui criais dessus à voix haute pour lui demander de ralentir ou d’arrêter de doubler (évidemment, elle ne m’entend pas). Parce que oui, les taxis autonomes de Waymo doublent et accélèrent. Il ne s’agit pas de trajets au ralenti.
Sur l’écran de contrôle, on peut demander à Waymo de s’arrêter sur le côté le temps d’effectuer une course, de modifier l’itinéraire, de changer la musique, de régler la température de la cabine ou d’obtenir des informations sur le véhicule. Une vue 3D permet aussi de voir les informations captées par le LiDAR en temps réel. Feu rouge, panneau stop, piéton, véhicules autour… Cet aspect est plutôt rassurant.
À plusieurs reprises, des piétons ont traversé au mauvais endroit alors que mon taxi autonome accélérait. J’ai cru frôler la prison à chaque fois, mais la voiture s’est toujours arrêtée à temps, jamais brusquement. Sa gestion des feux rouges, des panneaux STOP et des automobilistes qui font n’importe quoi est aussi remarquable. Waymo se comporte comme je l’aurais fait : ce qui n’enlève rien au côté flippant de l’expérience, un volant qui braque seul n’a rien de normal.
Waymo me dépose, dit au revoir et trace sa route
Au bout de 15 minutes de route, une voix dans la voiture m’indique que nous allons bientôt arriver. Il me faudra être prudent en ouvrant la portière, pour éviter de percuter un vélo ou une voiture. Le taxi autonome arrive à mon point de destination et m’indique rechercher une place de stationnement. Il n’en trouve pas et décide donc de mettre les warnings et de s’arrêter sur le côté. Il me remercie, je sors et je le regarde partir. Sans personne à l’intérieur. Wow.
Cette expérience m’a appris une chose : les taxis autonomes sont loin d’être un concept de science-fiction. S’ils sont autorisés à San Francisco depuis seulement août 2023 (son concurrent Cruise a perdu sa licence à cause d’un accident), les taxis autonomes fonctionnent et pourraient un jour investir nos routes. Reste à répondre à une question : la non-frilosité de San Francisco envers les technologies innovantes sera-t-elle imitée ailleurs, particulièrement en France ?
Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose me dit que je ne risque pas de monter dans un Waymo à Paris avant plusieurs années. En revanche, il me semble très probable que je réessayerai ce service lors de mon prochain passage en Californie. Waymo est déjà disponible à San Francisco et Phoenix et prépare son lancement à Los Angeles et Austin.
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