La saga du bonus écologique que l’on a connue en fin d’année 2023 — avec son score environnemental qui pénalise surtout les véhicule fabriqués en Chine — n’a pas fini de faire parler d’elle cette année. Si des voitures que l’on considère comme excellentes et qui se vendaient bien en 2023 ont mécaniquement vu leur tarif grimper de 6 000 €, d’autres arrivent la fleur au fusil, pour tenter de grappiller des parts de marché. On peut, par exemple, citer la Renault Scénic E-Tech fraîchement débarquée, ou bien la Peugeot e-3008.
Le point commun de ces véhicules ? Qu’ils sont proposés par des constructeurs français, assemblant le véhicule en France. L’éligibilité au bonus est donc un avantage de taille, face à une partie de la concurrence, même si elle ne tarde généralement pas à réagir. Au final, est-ce suffisant pour les marques françaises, ou bien est-ce peine perdue pour battre les Tesla et MG cette année ?
En France, roule-t-on en électrique française ?
Au 15 décembre 2023, la liste des véhicules électriques qui conservent le bonus écologique était connue. Parmi les heureux élus, on retrouvait pas mal de françaises, sans grande surprise : Renault Zoe, Twingo, Mégane, Scénic et Kangoo E-Tech, Peugeot e-208, e-2008, e-308 et e-3008, ou bien Citroën e-C4, e-C4X et la DS DS3.
Le point commun de ces voitures électriques ? Elles ne sont pas sur le podium des plus vendues en 2023 en France. La meilleure est cinquième du classement (Peugeot e-208), ce qui montre que les Français ne sont pas si chauvins que ça, en matière d’automobile, lorsqu’il faut voter avec leur portefeuille.
En l’occurrence, des véhicules venus de Chine — partiellement pour certains modèles — trustent les premières places du classement : Tesla Model Y, Dacia Spring et Tesla Model 3. Aucune des trois n’est d’un constructeur chinois, mais toutes sont assemblées en Chine (la Tesla Model Y assemblée à Berlin ne suffisant pas à assouvir toutes les commandes pour l’Europe pour le moment).
Mais si telle était la situation l’année dernière, un gros changement apparaît en toute fin d’année : la Tesla Model 3 et la Dacia Spring disent adieu au bonus écologique, tout comme bien d’autres modèles qui étaient populaires. On peut par exemple citer la MG4, la Kia e-Niro, la Hyundai Kona ou encore la MG ZS EV qui ont toutes su trouver leur public.
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Toutefois, pour mettre les chiffres en perspective, alors même qu’une seule variante de Tesla Model 3 était éligible au bonus écologique en 2023 (les versions Grande Autonomie et Performance étaient au-delà des 47 000 €), plus de 24 500 unités se sont vendues en France. Si on ajoute les quelques 37 000 Tesla Model Y, cela signifie que la marque américaine a vendu pas moins de 61 500 voitures électriques en France en 2023.
En face, Renault a sa première voiture qui pointe à la 7e place du classement : la Mégane E-Tech s’est vendue à 17 623 exemplaires. En ajoutant les Zoe et Twingo, on arrive seulement à moins de 32 000 unités, soit peu ou prou la moitié de ce qu’à fait Tesla. Le compte n’y est pour le moment pas.
Un bonus qui ne changera pas la donne pour les SUV
Comme rappelé ci-dessus, on est dans des ordres de grandeurs bien différents entre les Françaises du haut du tableau et les voitures électriques les plus vendues l’année dernière. Certaines nouvelles voitures comme la Scénic E-Tech ou la Peugeot e-3008 peuvent-elles inverser la tendance ?
Commençons par regarder les prix catalogues des françaises les plus populaires en 2023 et probablement dans l’année à venir, qui ont des rivales chez d’autres constructeurs.
Véhicule | Tarif (entrée de gamme) |
---|---|
Peugeot e-3008 | 44 990 € |
Peugeot e-208 | 34 100 € |
Renault Mégane e-Tech | 34 000 € |
Renault Scénic e-Tech | 38 990 € |
Citroën ë-C4 | 35 740 € |
En face des SUV (Scénic et 3008), on peut considérer la Tesla Model Y Propulsion affichée à un tarif de 42 990 €. Et cette dernière est éligible au bonus au même titre que les Françaises.
Lorsque l’on sait que sa capacité à faire de grands voyages, son volume utile et sa consommation sont des références sur le segment, il y fort à parier que les deux Françaises vont avoir du mal, dans leur duel avec la Model Y.
Sur le papier, la Renault Scénic d’entrée de gamme est tout de même 4 000 € moins chère que la Tesla Model Y Propulsion, mais avec la même batterie de 60 kWh sur les deux véhicules, Renault annonce que pour les grands trajets, elle sera derrière : il faut plus de 10 minutes de plus pour passer de 10 à 80 % en Scénic qu’en Model Y.
La Peugeot e-3008 de son côté est plus chère que la Tesla Model Y Propulsion, mais a une batterie un peu plus imposante (73 kWh). L’autonomie WLTP annoncée est alors de 525 km, mais la réalité est bien plus complexe. Vu son poids de plus de 2 tonnes, les premiers essais nous diront si elle peut bien atteindre une consommation raisonnable ou si c’est encore un exemple de voiture électrique trop grosse, trop lourde et donc malheureusement inadaptée aux grands trajets.
Comme vous l’aurez compris, sur le marché des SUV électriques, les françaises doivent montrer qu’elles ont de sérieux atouts face au leader du segment. Pour les autres (e-208, Mégane et ë-C4), il y a de bonnes nouvelles : la concurrence n’a plus le droit au bonus. Ce qui ne veut pas dire que le prix à payer va augmenter pour autant.
Des réponses qui ne se font pas attendre de la part des autres constructeurs
Les Peugeot e-208, la Renault Mégane E-Tech ou la Citroën ë-C4 ont toutes probablement le même objectif : s’imposer face à la MG4, qui offrait jusqu’à la disparition du bonus sans doute le meilleur rapport prix/prestations du marché de l’électrique en France.
Malheureusement pour les constructeurs français, MG s’est retroussé les manches et propose encore aujourd’hui, en février 2024, la MG4 à partir de 22 990 €, soit 7 000 à 9 000 € de moins que les Peugeot, Renault ou Citroën électriques citées plus haut.
Toute cette agitation de début d’année a d’ailleurs été résumée dans notre article. Au final, on voit que le bonus écologique est bien souvent une condition nécessaire, mais pas suffisante pour qu’un modèle se vende correctement.
Les constructeurs n’hésitent pas à rogner sur leurs marges pour tirer les prix vers le bas et rester compétitifs, ce qui fut encore le cas pour la Tesla Model Y au mois de janvier, alors qu’elle conserve le bonus. Pour Renault, Peugeot ou Citroën, même en bénéficiant d’un bonus plus ou moins fait pour défavoriser certaines voitures produites ailleurs, le match est loin d’être gagné.
Seule la Tesla Model 3, qui a perdu son bonus, pourrait être l’une des grandes perdantes de l’année 2024 en France. Mais pour Tesla, cela semble acceptable tant la Model Y est assurée de cartonner cette année encore. En face, les constructeurs français n’ont pas encore de berline électrique pour le moment : une occasion ratée ?
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