Un marché d’environ 15 millions de véhicules neufs, comme les États-Unis, doit forcément aiguiser l’appétit des marques chinoises. Les plus gros constructeurs chinois savent que c’est par l’export qu’ils pourront survivre et faire prospérer leur activité. Néanmoins, beaucoup de pays ne les accueillent pas vraiment à bras ouvert. Si l’Europe essaye de trouver des excuses sans trop froisser ce partenaire commercial crucial, les USA ne se sont jamais encombrés de ces considérations. Tout est fait pour bloquer l’arrivée des constructeurs chinois avec des mesures protectionnistes à double tranchant.
Conscient que de simples droits de douanes élevés ne retiendront plus très longtemps les constructeurs chinois, le gouvernement Biden veut imposer d’autres règles restrictives que Bloomberg a décrites dans un article du 9 février 2024.
Des droits de douane à 27,5 % bientôt insuffisants
Si les constructeurs chinois veulent vendre leurs véhicules aux États-Unis, ils doivent s’acquitter de droits de douane de 27,5 %. Cette taxation est héritée d’une décision de Donald Trump lors de son mandat. L’ancien président et candidat à sa réélection propose d’ailleurs maintenant de les monter à 60 % s’il est réélu en 2024. Augmenter les frais de douane, c’est ce que l’Europe aimerait réussir à imiter sans créer de conflit commercial avec la Chine, ce qui s’annonce particulièrement difficile.
Ces frais de douane doivent s’appliquer aussi bien aux voitures assemblées qu’aux composants associés (batterie, technologie…). L’objectif est de bloquer toute la technologie en provenance de Chine. Cela va clairement poser un problème aux géants américains qui ne peuvent pas s’associer aux fabricants de batteries chinois type CATL (ou d’autres technos) pour innover.
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Malgré un coût de fabrication des véhicules électriques jusqu’à 50 % inférieur à celui des États-Unis, les constructeurs chinois perdent quand même leur avantage financier lors de l’importation sur le sol américain. D’autant que les constructeurs américains peuvent bénéficier de crédit d’impôts grâce à la fabrication locale des voitures. Les USA sont donc un marché mis en attente pour plusieurs marques chinoises.
Il existe pourtant une solution pour contourner cela et certains constructeurs chinois commencent à l’envisager sérieusement. BYD est, par exemple, particulièrement tenté par l’idée de construire l’une de ses usines sur le sol mexicain, comme il est prévu de le faire en Europe pour des raisons assez similaires. BYD pourrait ainsi éviter les droits de douanes assassins imposés par l’administration américaine, tout en se développant sur les marchés d’Amérique latine. Le gouvernement Biden essaye désormais de convaincre son voisin mexicain de ne pas laisser ces constructeurs chinois s’implanter sur son territoire.
Une crainte pour les données générées par les voitures électriques
Les voitures modernes sont dorénavant connectées et elles génèrent un volume de données important que certains constructeurs veulent monétiser d’une manière ou d’une autre. Tant que les données restent dans les mains d’un constructeur local ou d’un pays de confiance, cela ne semble pas poser de problèmes au gouvernement américain.
Lorsqu’il s’agit d’une marque chinoise, les données générées et potentiellement envoyées vers la Chine deviennent d’un coup un risque de sécurité majeur. Le gouvernement américain travaille donc à renforcer le contrôle de ces données. L’idée est, à nouveau, de trouver un moyen supplémentaire pour ralentir l’introduction des marques chinoises sur le marché américain. On évitera de leur dire que le groupe chinois Geely est déjà bien implanté grâce à Volvo et Polestar. D’ailleurs, Polestar construit actuellement une usine en Caroline du Nord, ce qui pourrait permettre aux modèles d’obtenir les aides de l’Inflation Reduction Act.
L’Europe devrait-elle s’inspirer des décisions américaines ?
Certains accusent l’Europe d’avoir déroulé le tapis rouge aux marques chinoises et de n’avoir pensé aux conséquences qu’une fois qu’elles ont commencé à s’intégrer dans le paysage automobile. La réalité est peut-être un peu différente du scénario catastrophe envisagé par certains.
Est-ce que de nouveaux droits de douane plus élevés pourraient changer la donne ? C’est peu probable, puisque les constructeurs chinois sont déjà passés à l’étape suivante, celle d’implanter des usines en Europe pour contourner ces éventuelles sanctions commerciales à l’import. Cela pourrait freiner certaines nouvelles marques, moins solides que des acteurs comme Geely, SAIC (MG) ou BYD, mais ce ne sont clairement pas les plus menaçantes pour l’industrie automobile européenne.
Par contre, là où l’Europe pourrait être en avance face aux Américains, c’est sur la régulation des données de cette activité, puisque le sujet est déjà étudié en commission.
Surtout, le marché de la voiture électrique américain souffre d’un important frein pour son adoption. Les voitures électriques y sont particulièrement chères, les offres de crédit et financement n’aidant pas réellement à faire baisser les coûts. Sans cette concurrence féroce venue de Chine, qui a pas mal fait bouger les lignes en Europe, rien ne tire les prix vers le bas aux États-Unis, à l’exception de Tesla. Est-ce vraiment une situation enviable ?
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