Au moindre signe de ralentissement des ventes de voitures électriques ou de changement de stratégie d’un constructeur historique, la même rengaine ressort inlassablement : l’électrique n’est qu’une passade qui disparaîtra rapidement. De quoi donner du grain à moudre au clan des anti-voitures électriques. Sauf que tout ne se résume pas à mettre un coup de frein sur les nouveaux modèles à venir, les investissements réalisés en Europe sont colossaux — plus de 250 milliards mis sur la table par les différents constructeurs, qu’il faut désormais rentabiliser. La marche arrière n’est plus vraiment possible.
Carlos Tavares, le patron du groupe Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat et les 11 autres marques), ne cesse de souffler le chaud et le froid sur la voiture électrique. Mais tous les patrons du secteur automobile ne partagent pas ce discours ambivalent. C’est le cas de Luca de Meo, à la tête du groupe Renault, qui explique pourquoi la voiture électrique s’imposera en Europe pendant la conférence des résultats financiers du groupe, qui s’est tenue ce 15 février : « il faut faire des progrès pour la population comme pour l’environnement. »
Une obligation réglementaire plus qu’un choix
« L’électrique va continuer à se développer » a-t-il répondu à une question d’un analyste financier. Il a ensuite précisé que l’industrie automobile n’avait en fait pas réellement le choix. La réglementation CAFE (Corporate Average Fuel Economy) oblige les constructeurs à ne pas dépasser un seuil d’émission de CO2. Dès 2025, le seuil à atteindre est abaissé à 81g de CO2 : il faudra absolument que les constructeurs vendent beaucoup de voitures électriques pour compenser le bilan des voitures thermiques et hybrides. Aucun ne pourra faire l’impasse sur la voiture électrique, sans risquer des amendes stratosphériques.
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Luca de Meo considère que les conclusions sur le développement du marché de l’électrique sont tirées de manière bien trop hâtives : « L’électrique deviendra la technologie dominante, il ne faut pas se fier à un ralentissement sur 3 mois ». Dans une interview au Figaro publiée le 14 février, le chef d’entreprise est même allé un peu plus loin dans la mise en garde : « Le monde est un peu trop impatient avec l’électrique. Analystes et médias ont tendance à perdre la vision à long terme. Il faut garder la tête froide : ce marché aura des hauts et des bas, mais on ne reviendra plus en arrière sur la bascule vers l’électrique. »
Le retrait de l’entrée en bourse d’Ampère ne doit pas donner raison à ces théories
Lorsque Renault a annoncé que sa filiale Ampère – dédiée à la voiture électrique et au software – ne tenterait pas une introduction en bourse, certains raccourcis ont été faits pour prouver que l’électrique n’avait donc aucun avenir. La réalité est bien différente : les résultats financiers exceptionnels de Renault et l’instabilité des marchés ont poussé l’entreprise à revoir sa stratégie en jouant finalement la sécurité. Il n’y aucun discours alarmiste caché derrière cette décision, bien au contraire.
Renault confirme en effet que l’électrique va se développer dans le groupe avec une offre qui répond aux besoins des clients. La nouvelle plateforme AmpR Small est prête. L’année 2024 va permettre à la marque d’apporter des réponses aux attentes des Européens, notamment sur les véhicules les plus abordables :
- Renault 5
- Renault 4
- Renouveau de Dacia Spring
Ces 3 modèles répondront à la demande de véhicules électriques à moins de 30 000 €. Renault a aussi cherché à améliorer les coûts de fabrication pour des modèles du segment supérieur : Mégane et Scénic ont vu leur positionnement tarifaire s’adapter au marché sans sacrifier les marges du constructeur.
En trois ans, le groupe Renault n’a pas seulement rattrapé un éventuel retard sur l’électrique, il a pris une génération d’avance par rapport à d’autres constructeurs avec sa nouvelle plateforme et la stratégie d’Ampère. Le patron du groupe n’est d’ailleurs pas tendre avec ceux qui continuent de tergiverser : « Seuls ceux capables d’anticiper les prochains bouleversements tectoniques du paysage automobile auront un avenir. »
Luca de Meo prévient que « ce qui va arriver ensuite ne sera pas une promenade de santé ». Toutes les équipes sont pied au plancher et ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin : « ne comptez pas sur nous pour passer en mode croisière » a-t-il conclu sa présentation.
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