Lancia a choisi le jour de la Saint-Valentin pour présenter le modèle qui doit relancer la marque hors d’Italie. Comptaient-ils vraiment sur le pseudo-romantisme du 14 février pour nous mettre des étoiles plein les yeux ? De rendez-vous galant, on assiste surtout à un accouchement particulièrement laborieux.
Comme quoi, on peut être une marque d’un groupe mondial – qui veut faire la morale aux autres sur la manière de réussir – et se foirer complètement pour relancer une marque italienne qui jouit pourtant d’une belle histoire.
De voitures à 18 000 € au double ?
Lors de la fusion créant le géant de 14 marques Stellantis en 2021, les Italiens craignaient de perdre un ou plusieurs de leurs fleurons. Carlos Tavares, à la tête de Stellantis, avait alors garanti qu’aucune marque ne serait sacrifiée : Lancia était sauvée. Toutefois, depuis plusieurs années, Lancia n’existe plus que sur le marché italien, où est commercialisé le même modèle depuis 2011 sans évolution majeure. Avec une Ypsilon à 18 000 € souvent vendue au rabais, les volumes de vente se maintiennent, mais Stellantis ne s’en contentera pas.
Lancia doit redevenir une des marques premium (à belles marges) du groupe, au même titre que DS ou Alfa Romeo, de quoi faire briller les yeux des financiers chez Stellantis. Les observateurs extérieurs, eux, ont déjà sorti le pop-corn en attendant le spectacle d’un fiasco annoncé hors d’Italie.
Le groupe chinois SAIC a réussi à ressusciter avec succès la marque (quasi-oubliée) MG en Europe, il l’a fait en attaquant le marché avec un langage universel : celui des prix bas. Stellantis veut faire de même avec une marque au passé complexe et avec des prix élevés. Bonne chance !
Un clone de plus dans l’armée Stellantis
Si Lancia a prévu de revenir sur le devant de la scène avec des noms d’icônes du passé, l’illusion ne durera pas bien longtemps. Quel sera l’intérêt d’une énième déclinaison de modèle vu et revu chez Peugeot, Opel, Citroën, Fiat, DS, Alfa ?
La nouvelle Lancia Ypsilon a beau afficher un design extérieur et intérieur différent, elle ne fera pas oublier qu’elle est une cousine de la Peugeot e-208. Certes, une e-208 qui embarque une table à expresso intérieure et des sièges massant, mais cela ne fait pas tout. Notamment quand il faudra la vendre avec un réseau inexistant en dehors de quelques grandes villes.
Le communiqué de lancement donne finalement le ton : trois longs paragraphes rien que sur la police d’écriture du logo, alors que la partie sur l’électrification du modèle est beaucoup plus courte. Lancia s’adresse apparemment surtout à un marché de niche : celui des esthètes qui veulent se différencier. Cela n’a jamais vraiment réussi aux marques qui l’ont tenté par le passé.
Un lancement qui prend l’eau
Le pire réside certainement dans le lancement poussif de cette nouveauté. La voiture a tellement fuité en amont de sa présentation, que l’on en a même repêché un exemplaire volé et non camouflé dans un canal il y a deux mois. Un scénario si improbable que la marque a été soupçonnée de l’avoir monté de toutes pièces.
Perdu pour perdu, le constructeur a largement communiqué sur les spécificités du modèle en espérant entretenir le buzz. Jusqu’à griller les embargos fixés à la presse pour ses dernières communications. Moralité, le 14 février, jour J pour l’Ypsilon, plus personne ne s’y intéresse, on en sait déjà quasiment tout.
La présentation live méritait quand même un petit coup d’œil, rien que pour voir le patron (Luca Napolitano) s’imaginer en capitaine d’une marque automobile qui va tout révolutionner. Laissons-le rêver. La réalité du marché risque de revenir encore plus vite qu’un boomerang. Dommage, par contre, pour la marque Lancia. Elle méritait certainement mieux qu’un lancement bancal et une stratégie dirigée par le service marketing.
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