Au fur et à mesure que le « software » prend le contrôle de la voiture électrique, une inquiétude grandit parmi les observateurs. Que se passera-t-il en cas de disparition de certaines marques ? Le récent exemple de constructeurs chinois en mauvaise posture financière a le mérite de soulever cette question ô combien cruciale pour nombre d’acheteurs frileux.
La crainte de se retrouver avec une voiture électrique partiellement ou totalement inutilisable a de quoi réveiller quelques appréhensions face à ces voitures ultra-connectées et celles développées autour du logiciel (Software Defined Vehicle).
Une voiture connectée peut-elle toujours marcher sans son constructeur ?
« Outch pour le SAV et le suivi du software…», me disait-on sous une publication traitant de la mise à l’arrêt de la marque chinoise HiPhi, fraîchement arrivée en Europe. Cette remarque est loin d’être isolée, elle revient à chaque article annonçant qu’un nouveau constructeur est en difficulté.
Beaucoup de projets de véhicules électriques ont vu le jour sur le principe du « smartphone sur roues », soi-disant plus facile à développer qu’une voiture thermique. La blague ! Toutes ces marques n’auront probablement pas les reins assez solides pour survivre après les premières années à dilapider des millions d’euros pour développer une voiture. Heureusement, certains auront déjà explosé en plein vol avant d’embarquer avec eux quelques centaines ou milliers de clients dans les galères à venir pour l’entretien et les mises à jour.
Une simple panne de l’application Tesla pendant quelques heures avait déjà donné des sueurs froides aux propriétaires de ces modèles. Les Tesla pouvaient rouler, mais l’expérience de l’utilisateur était réduite. Imaginez maintenant que tous les serveurs avec lesquels les voitures communiquent (pour leurs données de navigation, de profils utilisateurs ou de mises à jour) soient mis hors ligne.
Normalement, le risque de se retrouver avec une voiture inutilisable est quasi nul, mais l’utilisation pourrait en être très dégradée. Sans oublier que l’absence de mises à jour à long terme pourraient rendre les voitures vulnérables. Enfin, sans tous les services connectés, la voiture connectée conserverait-elle une quelconque valeur ? Beaucoup de questions n’ont pas encore de réponses claires, par manque d’expérience.
Une trop forte dépendance au software
Une voiture n’est pas un smartphone que l’on peut facilement remiser dans un tiroir le jour où il est devenu obsolète, faute de mises à jour. On a beau aimer la voiture électrique et hyperconnectée, il faut se rendre à l’évidence : elle risque d’apporter quelques complications dans le temps. Des problèmes qui ne se sont pas posés avec ce que l’on considère aujourd’hui comme des « anciennes ».
Il va peut-être falloir mettre des gardes fous réglementaires pour s’assurer que les voitures restent utilisables, malgré l’obsolescence des programmes ou lorsque aucun repreneur n’aura payé pour les serveurs d’une marque en faillite. La voiture « jetable » n’est pas acceptable.
Une expérience déjà vécue en Europe, mais sur les bornes de recharge
La Chine a certainement plus d’expérience que l’Europe concernant les conséquences de la mort d’un constructeur de voitures électriques. Après une période d’euphorie, largement subventionnée par le gouvernement chinois, les startups automobiles qui n’ont pas fait les bons choix commencent à mettre la clé sous la porte. On pourrait apprendre de leurs erreurs.
L’Europe a, jusqu’à maintenant, plutôt eu à gérer la faillite de certains opérateurs de recharge. Il y a quelques années, Izivia avait coupé ses bornes d’autoroutes sans préavis, laissant les automobilistes circulant en voiture électrique le bec dans l’eau sur les aires d’autoroute. L’histoire se répète encore en Belgique avec les 50 000 bornes Powerdale qui laissent les propriétaires sans solution, parce que les serveurs de l’application pilotant les bornes ont été coupés. Tout cela n’est pas vraiment rassurant !
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