Qu’est-ce qui se déplace le plus vite ? Un drone filant dans les airs ou bien une voiture de Formule 1 lancée sur une piste ? Spontanément, la réponse la plus évidente serait de désigner le bolide automobile. Après tout, on parle de véhicules qui peuvent filer sans mal jusqu’à 350 km/h. Le record dans un Grand Prix a même atteint 370,1 km/h. C’était en 2005 — une performance signée Kimi Räikkönen à Monza.
Mais il ne s’agirait pas d’enterrer trop tôt les aéronefs sans pilote. En effet, il existe des prototypes qui peuvent tout à fait rivaliser avec une F1. C’est le cas du tout jeune Red Bull Drone 1, qui a été construit en vue d’une opération de communication très particulière : suivre une voiture de Formule 1 pendant un tour entier. Et pas n’importe quelle Formule 1 : celle de Red Bull, pilotée par le triple champion en titre, Max Verstappen.
Le résultat, partagé le 27 février 2024 sur le compte YouTube de la célèbre boisson énergétique, vaut le détour. Comme d’ailleurs les clips mis en ligne sur d’autres plateformes, notamment sur TikTok. Des séquences plus brutes et plus courtes, mais qui permettent de profiter davantage du spectacle. Cela, sans coupure, sans montage et, surtout, sans commentaire. Juste la prouesse, sans aucune fioriture.
D’après Red Bull, « cela n’a jamais été fait auparavant ». Surtout, l’aéronef affiche des performances qui ont de quoi faire des envieux : l’engin passe de 0 à 100 km/h en deux secondes. Et il ne lui faut que deux secondes de plus pour passer de 100 à 300 km/h. Vitesse de pointe ? 350 km/h. D’après le constructeur, les autres drones ne tiendraient la distance que quelques secondes à ce rythme. Le Rocket Drone, son autre nom, peut tenir l’allure pendant trois minutes.
Bien sûr, la comparaison entre un drone et une voiture de course a ses limites. Si Red Bull, dans une autre vidéo, montre que le Red Bull Drone 1 gagne une course de vitesse contre l’automobile, c’est oublier que les deux engins ne pèsent pas le même poids. Un kilogramme pour le Rocket Drone. 798 kg pour la RB20, la nouvelle monoplace qui sera pilotée en 2024 par Max Verstappen. Moins de masse à déplacer, moins de résistance au vent. C’est aussi pour cette raison que les F1 essaient de rester légères.
Avant cette opération médiatique, tournée sur le circuit du Grand Prix de Silverstone, au Royaume-Uni, il a fallu une préparation d’un an pour « créer un drone capable d’accélérer deux fois plus vite qu’une voiture de F1 ». Le constructeur s’est aussi associé au collectif Dutch Drone Gods. C’est l’un de ses membres, Ralph « Shaggy » Hogenbirk, qui a piloté le drone avec une prise de vue à la première personne (FPV).
Le coup de communication de Red Bull est ici un classique. Dans le même genre, la marque s’était associée à Felix Baumgartner pour organiser en 2012 une autre prouesse extrême. Faire de l’Autrichien le premier homme à effectuer le saut le plus haut (à l’époque, presque 39 km d’altitude) et lui permettre accessoirement de devenir le premier à franchir le mur du son (il a atteint Mach 1,25) lors d’une chute libre.
Réinventer la manière de voir un Grand Prix ?
Au-delà de la promotion bien ficelée de la société, qui a lieu quelques jours avant le coup d’envoi de la saison 2024 de Formule 1 (la première course est programmée le 2 mars à Bahreïn), cette expérimentation s’avère être une approche inédite dans la manière de suivre une voiture ou une course. Jamais, en effet, la Formule 1 avait été montrée de cette manière, et aussi longtemps.
Aujourd’hui, les monoplaces sont suivies par des caméras dispersées autour d’un circuit, à des hauteurs variées, et pour montrer différentes zones. On peut également bénéficier de vues aériennes, avec l’appui d’hélicoptères. Et enfin, il y a aussi des caméras embarquées, directement sur les bolides. Le drone pourrait dès lors offrir une quatrième option pour montrer les courses sous un nouveau jour.
Inimaginable ? Il y a certes la question de la sécurité du public, du paddock et des pilotes — bien que d’aucuns pourraient dire que le danger est déjà là pour les vingt pilotes lorsqu’ils évoluent dans un mouchoir de poche à très haute vitesse. La chute d’un drone sur la piste ou, pire encore, sur quelqu’un serait une catastrophe. Surtout si elle occasionne un accident plus grave derrière.
La perspective a toutefois été ouverte par… Max Verstappen lui-même. « C’est sans aucun doute un moyen de changer la façon dont les gens regardent la Formule 1 », a-t-il déclaré. D’autant que la qualité d’image est vraiment bonne — une caméra stabilisée 4K est embarquée pour assurer une maîtrise de l’image sans aucun tressautement. À un moment, Shaggy se permet même un mouvement de caméra dynamique, lors d’un virage.
Impossible de dire si ce type de drone viendra un jour en renfort de la production audiovisuelle de la F1 — mais comme il s’agit aussi d’un grand spectacle, la porte n’est pas totalement fermée. Il y aura évidemment à régler des problèmes techniques, comme l’autonomie de ces machines (ou alors, il faudra prévoir une flotte suffisamment conséquente pour faire des relais tout au long de la course) ou les turbulences de l’air, et des enjeux de sécurité.
La distraction des pilotes est un autre enjeu, par exemple, en évitant que l’engin entre trop dans leur champ de vision. Les autres points à vérifier :
- Faire attention aux obstacles (grues, ponts, etc.).
- Ne pas trop s’approcher (dans l’essai, Shaggy a estimé s’approcher parfois jusqu’à 2 ou 3 mètres).
- Anticiper certaines manœuvres, comme le freinage, pour ne pas se faire surprendre.
- Choisir une zone de vol moins risquée — par exemple, derrière les voitures, ou bien sur le côté, et pas au-dessus de l’asphalte.
Autant de considérations qui font que l’on ne devrait sans doute pas voir ce type d’initiative émerger dès 2024. En revanche, peut-être cela changera-t-il dans les prochaines éditions. Cela rendrait les courses bien plus spectaculaires, que ce soit en direct, ou bien durant les prochaines saisons de Formula 1 : Drive to Survive sur Netflix.
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