L’Europe considère avoir déjà des preuves solides pour envisager de sanctionner l’importation des voitures chinoises sur le territoire européen. L’enquête « anti-subvention » lancée en octobre 2023 par la Commission européenne doit encore s’étendre sur plusieurs mois. Toutefois, l’institution européenne prépare dès à présent la riposte en annonçant, le 5 mars 2024, collecter les informations sur les véhicules importés en provenance de Chine, comme le rapporte Automotive News Europe.
La décision de sanctionner financièrement les véhicules chinois ne pourra intervenir qu’à l’été, mais l’Europe n’exclut pas de rendre la décision rétroactive pour cibler également les véhicules entrés sur le territoire en début d’année. Le fichage des véhicules ciblés a d’ailleurs débuté au 5 mars.
Le sens du timing
Cette annonce tombe étrangement le jour où ces mêmes constructeurs ont été encensés par le gouvernement chinois pour leurs bons résultats. Ce 5 mars, les patrons des plus grands constructeurs chinois ont été invités à se rendre au congrès annuel du parti, où ils ont reçu une reconnaissance officielle pour leur influence croissante sur la scène mondiale.
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La Chine a été longtemps dépendante des marques automobiles étrangères. Aujourd’hui, le pays ne cache pas ses ambitions de vouloir consolider et renforcer son influence internationale sur la voiture électrique. L’un des délégués du NPC a déclaré : « Nous devons aussi avoir nos propres marques chinoises globales qui sont reconnues par d’autres dans le monde entier. » Ceci passera notamment par une course à l’innovation pour différencier les marques chinoises des marques historiques. C’est ainsi ce que l’on a pu observer avec BYD et MG lors du salon de Genève la semaine passée.
À défaut de pouvoir s’assurer de stimuler la demande internationale pour les produits chinois, la Chine a déclaré qu’elle continuerait à le faire sur les dépenses intérieures, avec des aides et des lois qui lèveront certaines limites d’acquisition. Cela permettra aux marques chinoises de compter sur le marché local, malgré la guerre des prix qui s’y déroule.
Une sanction inévitable de la Chine en Europe
Face à un tel discours du gouvernement chinois, il n’est pas étonnant que l’Europe veuille freiner les ambitions des constructeurs chinois sur le marché automobile européen. Depuis le démarrage de l’enquête anti-subvention, les intentions de l’Europe sont claires, les voitures importées depuis la Chine feront l’objet de droits de douane qui pourraient passer de 10 à 20 ou 30 %. L’enquête ne sert qu’à éviter un conflit commercial ouvert avec la Chine.
Autant dire que les constructeurs n’auront d’autre choix que de reporter ce surcoût sur les prix des modèles vendus en Europe. Ces marques vont surtout devoir ralentir le rythme des offres de remises en cours dans de nombreux pays pour doper la demande. MG et BYD sont particulièrement dans le viseur de la Commission européenne.
L’augmentation des droits de douane est une mauvaise nouvelle pour les marques chinoises. La rétroactivité des droits de douanes sur les modèles déjà vendus pourrait faire particulièrement mal à ces constructeurs. La note pourrait être salée.
L’Europe joue encore avec le feu en voulant taper au portefeuille des marques automobiles chinoises. Voilà un sujet qui fera probablement l’objet d’un édito dans notre newsletter hebdomadaire Watt Else. Abonnez-vous pour ne rien manquer de ces sujets.
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