Fiat aurait-il un peu menti sur sa 500e ? Dans la tendance actuelle, les constructeurs ont globalement deux approches de la voiture électrique. La première consiste à transformer les modèles thermiques pour qu’ils puissent également exister en électrique sur une base dite multi-énergies. La seconde solution est de miser sur des plateformes dédiées et optimisées pour l’électrique, qui ne font alors pas de version à moteur à combustion. Et puis, il y a Stellantis – le groupe de 14 marques (Peugeot, Citroën, Fiat…) – qui fait des plateformes initialement prévues pour être dédiées à l’électrique, mais qui finalement les adapte pour pouvoir accueillir une motorisation thermique.
Les rumeurs d’une Fiat 500e disponible en version essence semblent se confirmer, selon les informations rapportées par Automotive News Europe ce 20 mars 2024. Depuis son lancement en 2020, Fiat a pourtant toujours dit que la 500e ne serait qu’électrique. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’ancien modèle a continué d’être commercialisé pour les clients qui voulaient rester à une version essence. Qu’est-ce qui explique ce revirement ?
Une solution qui arrange tout le monde
Selon Italpassion, spécialisé dans l’actualité automobile italienne, les fournisseurs de Stellantis ont reçu un courrier. Il leur demande une réévaluation du coût et de leurs capacités de production pour répondre au besoin de 175 000 véhicules type « nouvelle Fiat 500 », dont 100 000 modèles seraient des versions à moteur thermique. Initialement, Fiat espérait pouvoir produire 100 000 exemplaires par an de son électrique, mais n’a jamais atteint cet objectif.
Différents facteurs expliquent ce rétropédalage chez Fiat. Il faut mettre dans un shaker les différents ingrédients, pour mieux comprendre le résultat :
- Fiat ne peut pas se passer des ventes de sa 500 thermique, surtout en Italie.
- L’ancien modèle thermique, toujours commercialisé, ne pourra plus l’être avec les nouvelles règlementations imposées par l’Europe dès cet été.
- La Fiat 500 électrique n’a pas atteint les volumes de ventes escomptés et la tendance des ventes ne devrait pas s’inverser.
- Le design de Fiat 500 électrique plait, mais une part de la clientèle est réfractaire à l’électrique, notamment pour le prix demandé.
- La plateforme développée pour cet unique modèle (hors déclinaison Abarth) n’est pas encore rentabilisée.
- L’usine italienne de Mirafiori, où est assemblée la 500e, ne produit pas assez pour maintenir les emplois.
- Le gouvernement italien met la pression sur Stellantis pour ne pas délaisser l’Italie et ses emplois.
Lorsque les différentes pièces du puzzle sont assemblées, le choix de Fiat semble cohérent. C’est quand même un nouveau désaveu pour la version 100 % électrique de la Fiat 500. Stellantis se plaint d’une baisse des volumes de commandes après une première année encourageante. Il est fort possible que cette chute des ventes coïncide étrangement avec le fait d’avoir augmenté le tarif du modèle d’environ 4 000 à 5 000 € selon les versions. L’entrée de gamme est passée en France de 25 400 € à 30 400 €. Forcément, cela coince pour la démocratisation de l’électrique.
Les modifications du modèle pour l’adapter au thermique et les transformations de la ligne de production vont forcément coûter de l’argent à Stellantis. Un tel investissement aurait pu être utilisé sur le modèle actuel pour le rendre plus compétitif en faisant baisser les coûts de fabrication.
Renault a su baisser ses coûts sur Mégane e-tech et répercuter cela sur les prix, impossible d’imaginer que Stellantis ne travaille pas sur le même objectif. À moins que tout cela ne finisse que dans la marge du constructeur.
Stellantis et l’électrique : l’amour vache
Le groupe franco-italo-américain et son patron continuent d’envoyer des signaux contradictoires concernant l’électrique. Il n’y a plus rien de vraiment surprenant. Cependant, ces rétropédalages permanents ne sont pas sans incidences. L’image du groupe pourrait bien finir par pâtir de cette inconséquence, surtout lorsque Stellantis semble systématiquement choisir la facilité plutôt que la combativité. Le groupe refuse de se remettre en question, préférant laisser penser que les clients ne veulent pas de l’électrique.
Le plan stratégique « Dare Foward 2030 » promettait pourtant en 2022 un programme ambitieux : 4 plateformes électriques qui allaient propulser Stellantis vers dans la mobilité électrique dès 2024. Finalement, les plateformes STLA apparaissent comme des plateformes multi-énergies un peu mieux optimisées pour l’électrique.
Les Peugeot e-3008 et e-5008, qui inaugurent la plateforme STLA Medium, seront livrés dès 2025 avec des motorisations hybrides. Par plateforme électrique, il fallait en fait comprendre « electric first » : elles sont imaginées comme des modèles électriques, mais absolument pas dédiées à l’électrique.
Pour avoir de vrais modèles pensés 100 % électrique chez Stellantis, il faudra probablement pousser la porte d’une concession du constructeur chinois Leapmotor avec lequel le groupe s’est associé.
Pour ne rien manquer des dernières tendances de la mobilité électrique, nous vous recommandons de vous abonner à notre newsletter hebdomadaire Watt Else.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !