Avec la MG4, la berline BYD Seal est le symbole de l’intérêt de marques chinoises de voitures électriques pour l’Europe. BYD est annoncé comme l’un des grands méchants loups chinois qui veulent conquérir la France (et le monde) avec leurs voitures électriques. Sans divulgâcher la lecture de l’essai entier, vous pouvez encore dormir sur vos deux oreilles. Même si la BYD Seal n’a pas de défauts profondément rédhibitoires, ce n’est pas avec ce modèle que BYD va révolutionner le marché de la voiture électrique en France.
Numerama a eu l’occasion de prendre le volant de la berline Seal lors d’un essai presse. Le programme a permis la prise en main rapide des deux versions (propulsion ou transmission intégrale) disponibles sur le marché français.
Un design extérieur réussi
Il n’y a rien à reprocher au design global de l’auto. Ce type de look ne fera jamais l’unanimité, mais l’esthétique du modèle ne présente pas de faux pas ou de choix qui fait débat : c’est élégant et bien proportionné. Le coup de crayons pourrait quand même donner une légère impression de déjà-vu croisé sur d’autres modèles asiatiques, mais la signature lumineuse et quelques détails stylistiques la rendent assez facilement identifiable.
Si l’on devait lui trouver un défaut, c’est du côté du gabarit de l’auto que cela pourrait coincer. Avec une longueur de 4,80 mètres, la Seal va ravir les amateurs de belles berlines. Mais dans le quotidien des français, les 8 cm de plus que la Tesla Model 3 (avec ses 4,72 m) pourraient faire un peu trop. Heureusement pour la BYD Seal, la Tesla Model 3 a quelque peu relancé l’appétence pour ce genre de carrosserie. En plus, elle reste moins longue que la Hyundai Ioniq 6 ou que la Volkswagen ID.7.
Un intérieur tout confort
À vouloir à tout prix chercher des défauts sur cette BYD Seal, le client européen un peu exigeant en trouvera forcément. Il y a en effet des plastiques un peu plus basiques sur les parties basses, des revêtements brillants qui prendront les traces de doigts, mais dans l’ensemble, c’est du bon, voire du très bon pour un tarif inférieur à 50 000 euros.
Le coffre (à malle) de 400 litres pourrait cependant refroidir ceux qui voyagent en famille avec beaucoup de valises. Heureusement, BYD n’a pas fait l’impasse sur un frunk de 53 litres sous le capot pour gagner un peu de place dans le coffre.
La sellerie existe en deux couleurs sur la Seal : noir ou un bleu-gris assez léger qui fait bien ressortir l’intérieur du modèle. Dans les deux cas, les sièges sont accueillants et confortables. L’espace à bord est bon. Le toit panoramique est apprécié. À l’opposé de Tesla et de son environnement chirurgical, on est ici dans une voiture qui a quelques boutons, des commodos et un environnement qui semble vite familier.
Peu importe la version choisie (Design propulsion ou Excellence 4 roues motrices), l’équipement et le confort acoustique seront identiques. Il ne manquera que l’affichage tête haute dans la version d’entrée de gamme, mais pour le reste, la longue liste des équipements de série est identique. Sur ce point, BYD offre un bon rapport qualité/prix qu’il est difficile à critiquer.
Comportement routier : du bon et du moins bon
La version propulsion offre déjà 230 kW de puissance, soit 313 ch, envoyée sur les roues arrière. Cette déclinaison d’entrée de gamme offre déjà beaucoup d’agréments de conduite. Elle est réactive et même un peu joueuse en la poussant jusqu’à ses limites d’adhérence. Elle convient aussi parfaitement à une conduite apaisée et économe. Cette version ne bénéficie pas de la même suspension que la Seal Excellence AWD, et sur des routes très irrégulières, cela se ressentira par des trépidations.
Dans sa version à deux moteurs, la Seal offre jusqu’à 390 kW de puissance (530 ch), de quoi offrir quelques démarrages canons aux amateurs du genre. Le reste du temps, la puissance totale est complètement sous-exploitée. Par contre, le confort à bord de cette version est supérieur à la version propulsion et la gestion électronique de la motricité est aussi améliorée pour gérer une telle puissance. Il n’y a que 3 000 € d’écart entre les deux types de motorisation, nul doute que BYD cherche à vous pousser vers celle-ci.
Si la tenue de route et les performances sont au rendez-vous malgré les plus de 2 tonnes du véhicule, un élément est en dessous du reste : le freinage. Avant tout, il n’y a pas de « one-pedal » sur ce modèle, ce qui va gêner ceux qui roulent déjà en électrique et y sont habitués, et le freinage régénératif n’est pas forcément ce que l’on attend. Certains réglages du freinage peuvent être paramétrés via l’écran central, mais ils ne sont pas évidents à trouver. Dans l’ensemble, le freinage peut être un peu abrupt, il n’est pas évident à doser. C’est un point qui semble améliorable.
Technologies embarquées : l’autre point discutable
La BYD Seal est très bien équipée. Son grand écran de 10,25 pouces pivotant pour l’infodivertissement fait toujours son effet, même si l’intérêt de passer l’écran de l’horizontal à la verticale reste discutable. Écouter de la musique dans la voiture et passer du temps à bord est aussi un plaisir.
La notion de créer des interfaces « simples » n’est pas encore le fort des constructeurs chinois. C’est quand même frustrant pour un champion de la technologie. BYD n’est pas le seul à se prendre les pieds dans le tapis à ce niveau-là pour le marché européen. Passé les premières commandes pour passer du téléphone, au GPS, puis aux réglages, cela se complique vite.
Les choses se gâtent encore un peu plus avec les aides à la conduite. La BYD Seal a en effet toutes les aides à la conduite (infernales) imposées par l’Europe. La voiture bip pour tout et son contraire, il vaut mieux en désactiver une partie à chaque démarrage pour une conduite plus zen. Mais entre des labels obscurs et des fonctions cachées dans des sous-menus, BYD a oublié de faciliter la tâche du conducteur. Quant au fonctionnement de ces aides, il est largement perfectible, que ce soit le régulateur de vitesse ou le maintien de voies pour n’en citer que deux.
Recharge et autonomie : juste au-dessus de la moyenne
La BYD Seal est équipée d’une batterie de 82.5 kWh, intégrée à la plateforme dédiée à l’électrique nommée « e-plateform 3.0». Elle repose sur la chimie LFP, spécialité de la maison avec ses cellules « blade » qui font corps avec la carrosserie. Théoriquement, la version propulsion permet jusqu’à 570 km wltp, et 520 km en transmission intégrale. Lors de l’essai, l’ordinateur de bord donnait des consommations moyennes entre 17 et 18 kWh/100 km, malgré un parcours avec beaucoup de voies rapides. C’est assez cohérent avec l’homologation, mais quelques doutes subsistent sur les données affichées. L’essai ne permettait pas de pousser les tests à ce niveau-là.
Côté recharge, la BYD Seal embarque un chargeur 11 kW pour le courant alternatif, et permet jusqu’à 150 kW en courant continu sur les bornes rapides. C’est un peu décevant pour une berline faite pour tailler la route, mais là aussi, il faudrait surtout tester si la promesse d’un 20 à 80 % en une demi-heure tient la route.
Positionnement tarifaire & concurrence : bon élève
Il n’y a pas une liste d’options longue comme le bras à prévoir sur la Seal, tout est inclus. Le prix annoncé est le prix payé, hors remises supplémentaires du constructeur :
- BYD Seal Design (propulsion) : 46 990 €
- BYD Seal Excellence (transmission intégrale) : 49 990 €
À cause de sa fabrication chinoise, la Seal est privée du bonus écologique français. Ce qui la met sur un pied d’égalité avec sa grande rivale : la Tesla Model 3. Il va pourtant être difficile de concurrencer la berline de Tesla. Même avec un prix plus attractif sur la motorisation la plus puissante, BYD risque de rester dans l’ombre de l’Américain. Un problème que le constructeur Chinois n’a pas en Chine ou dans d’autres pays asiatiques, car là-bas la Seal y est vendue bien moins cher que la Tesla.
Par contre, comparé à d’autres berlines électriques du marché, elle est bien plus compétitive et généreuse. À équipement équivalent, une Hyundai Ioniq 6 ou une Volkswagen iD.7 sont rapidement plus de 10 000 € plus chères, elles sont par contre un peu plus adaptées aux habitudes des européens.
Malgré ses qualités, il sera assez difficile à BYD d’imposer la Seal en France. Il faut dire qu’en dehors de la Model 3, ce créneau n’a pas non plus une côte d’enfer auprès du public, et c’est bien dommage ! Le souhait d’un positionnement sur un segment premium abordable pourrait aussi pénaliser l’essor de la marque en France.
Le verdict
BYD Seal
Voir la ficheOn a aimé
- Le tarif pour ces performances et équipements de série
- La plateforme est bien née et efficiente
- Tenue de route à la hauteur
On a moins aimé
- Freinage (physique, régénératif, et absence du one-pedal) perfectible
- Coffre trop limité
- Aides à la conduite et technologies à améliorer
La BYD Seal est encore imparfaite par rapport aux attentes des clients français les plus exigeants en matière de voiture électrique. Il faut dire que son origine chinoise fait que le modèle part déjà avec un handicap pour plaire aux acheteurs en France. Après, des éléments comme la conduite à une pédale, le freinage régénératif, le planificateur sont devenus incontournables pour cette catégorie de véhicules et cela manque sur la Seal. Pour ceux qui n’ont pas encore eu d’électrique, elle pourra proposer une très bonne première expérience en la matière. Pour le tarif proposé, la proposition est déjà intéressante et à ne pas exclure sans l’avoir testée, vous pourriez être surpris. Elle risque cependant de rester dans l’ombre de sa principale concurrente : la Model 3 de Tesla.
Concrètement, cet essai a été une agréable surprise. Même si quelques détails chagrinent un peu, il n’y a rien d’insurmontable pour autant. Ce sont essentiellement des questions de compromis à faire et dans d’autres cas d’espérer des mises à jour du logiciel embarqué pour corriger des défauts. La base (plateforme électrique) est bonne, et ce n’est déjà pas donné à tous les constructeurs de voitures électriques.
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