Annuler la Tesla Model 2 serait la pire idée d’Elon Musk

Tesla va-t-il être ce constructeur automobile qui, dans son catalogue, vend un poids lourd mais aucun véhicule compact ? Cette éventualité a pris un peu plus d’épaisseur après une indiscrétion signée Reuters, qui indique que l’entreprise aurait annulé la Model 2 (nom qui n’a jamais été officiel), une voiture plus petite que la Model 3. Elon Musk préfèrerait miser sur le robotaxi, un projet plus excitant à ses yeux qui sera dévoilé en août.

Sur le papier, annuler la Model 2 apparaît comme une décision stratégique invraisemblable et difficile à comprendre. Si Tesla veut devenir un acteur durable sur le marché, alors il se doit d’alimenter un maximum de segments — comme les autres (Volkswagen, Toyota…). Sur certains marchés, les compactes sont privilégiées. C’est le cas en France, avec la Peugeot 208 et la Renault Clio qui se livrent un duel serré depuis des années. À ce jour, Tesla n’a aucun concurrent à leur opposer.

Tesla a besoin d’une Model 2

Quand j’ai écrit mon essai du Volvo EX30, voiture dont je suis désormais propriétaire, j’expliquais pourquoi j’avais choisi ce modèle plutôt qu’une Model 3 (ou, éventuellement, un Model Y). En dépit de leur avance technologique difficile à contester (sur l’efficience), les voitures de Tesla ont un problème de taille : elles sont trop grandes pour beaucoup de conductrices et de conducteurs. Quand bien même le rapport qualité/prix est bon, acheter plus grand n’est pas un choix anodin. Il faut pouvoir assumer.

Comme beaucoup, j’attendais avec impatience la présentation d’une Model 2, qui pourrait être la Tesla idéale : les technologies si appréciées du constructeur, dans un format vraiment adapté à mes besoins.

Si la Model 3 reste le véhicule le plus accessible et le plus petit du catalogue, alors Tesla pourrait rapidement connaître un problème de volume. Vendue sous les 25 000 $, la Model 2 est ce produit capable d’alimenter constamment les usines et de répondre à une demande continue. Tesla espère produire 2 millions de véhicules en 2024, mais les résultats du premier trimestre mettent déjà à mal cet objectif. Avec une Model 2 séduisante et bien positionnée, il serait plus facile à remplir. Beaucoup plus qu’avec un robotaxi, en tout cas.

Le désir d’une compacte électrique

Il y a quelques semaines, Renault a levé le voile sur la Renault 5, une remise au goût du jour 100 % électrique de son illustre modèle. La marque française a frappé très fort (pas uniquement chez nous), en montrant un véhicule qui n’est pas un gros SUV ou une berline immense. D’autres modèles du segment ont capté l’attention, à l’instar de la nouvelle Dacia Spring ou de la Citroën ë-C3.

Ces voitures vendues autour des 20 000 € sont indispensables pour soutenir la croissance de la mobilité 100 % électrique. Elles sont parfaites pour un usage quotidien, adaptées aux environnements urbains et candidates au rôle de second véhicule du foyer. Il y a une vraie attente et Tesla peut difficilement se passer de cette catégorie, surtout face à des géants chinois qui n’hésiteront pas à inonder le marché. Ce serait presque un aveu d’échec, si Tesla refuse d’aller là où tout le monde va. Peut-être que la Model 2 impliquerait des concessions trop grandes pour l’entreprise (autonomie réduite, puissance de charge limitée…).

Tout porte à croire qu’Elon Musk préfère s’en remettre à ses lubies plutôt qu’aux réalités du marché. Mais il serait dommage de voir Tesla gâcher son avance et ses jolis succès en raison de mauvaises décisions.

Le futur de Tesla sera assurément un sujet que nous suivrons dans notre newsletter hebdomadiare Watt Else.