Carlos Tavares pourrait adapter sa stratégie industrielle pour les années à venir en fonction des résultats des élections européennes et américaines. En fonction, Stellantis accélérera ou ralentira sur les investissements dans l’électrique.

Stop ou encore ? Le patron de Stellantis, Carlos Tavares, n’exclut pas de revoir la stratégie d’investissement du groupe concernant la voiture électrique pour les 10 prochaines années. Il prendra sa décision fin 2024 en fonction du résultat des élections européennes et américaines. C’est ce qu’il a affirmé le 15 avril lors d’une visite de l’usine de Trémery qui produit les moteurs électriques du groupe.  

Carlos Tavares anticipe un éventuel changement cap de l’Europe et des États-Unis en cas de victoire des « partis populistes » comme le mentionne Les Echos dans son article du 16 avril. Dans l’idéal, le chef d’entreprise préférerait que rien ne change et que les objectifs actuellement fixés ne soient pas complètement remis en question par une nouvelle donne politique.

« Arrêtez de changer les règles »

Carlos Tavares n’a jamais caché ne pas être en faveur du choix de l’Europe de pousser les constructeurs uniquement vers le 100 % électrique. Il s’est pourtant plié aux exigences et au calendrier imposés par les institutions. Pour autant, revenir maintenant en arrière sur cette décision serait une grossière erreur selon lui. Un retour en arrière aurait des conséquences lourdes pour les constructeurs européens qui ont déjà investi massivement dans la voiture électrique. Et tout ceci est également valable pour les décisions politiques prises aux États-Unis, autre marché des plus importants pour les marques historiques.

Carlos Tavares lors du reveal Alfa Romeo Milano // Source : Capture du live Alfa
Carlos Tavares lors du reveal Alfa Romeo Milano/Junior // Source : Capture du live Alfa

Tous les constructeurs ont besoin d’un cadre réglementaire qui n’évolue pas vers tout et son contraire en quelques mois ou quelques années : « Arrêtez de changer les règles, ou de laisser penser qu’elles pourraient changer », a-t-il précisé aux journalistes présents, en espérant faire passer son message auprès des hommes politiques.

L’automobile est une industrie lourde qui investit sur du long terme. Pour illustrer son propos, Carlos Tavares a partagé une image : « J’ai lancé mon avion à pleine puissance sur la piste d’envol, il ne faut pas couper les réacteurs maintenant, sinon l’avion tombe. »

Un point sur lequel il rejoint aussi le discours de Luca de Meo, en tant que patron du groupe Renault et président de l’ACEA (Association des constructeurs européens d’automobiles). Il est pourtant assez rare ces derniers temps que les deux hommes partagent une opinion commune sur des sujets de ce type.

Pragmatique quand même

Carlos Tavares reste pour autant fidèle à lui-même avec son pragmatisme légendaire. Si tout est prêt pour continuer à accélérer les investissements sur la voiture électrique, il rappelle que lui a fait le choix le plus sage d’avoir opté pour ses plateformes multiénergies. Cela permet au groupe de pouvoir basculer vers plus de voitures thermiques ou plus d’électriques selon les besoins et sans impacter les performances de Stellantis.

Repris par le site Autoactu, Carlos Tavares a précisé que « jusqu’à fin 2027, je peux jouer sur les deux tableaux, électrique et MHEV, mais fin 2024, à la lumière des élections européennes et américaines, nous déciderons si nous continuons à accélérer sur l’électrique, si nous remettons des moyens pour la période 2028-2035, ou si nous changeons de cap ».

Il est par contre parfaitement conscient que si la tendance européenne pousse à ralentir les investissements sur l’électrique, les constructeurs chinois continueront à avancer pendant ce temps. Dans plusieurs années, il sera impossible de vouloir combler un éventuel retard consécutif à de mauvaises décisions politiques prises en 2024.

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