Choisir un nom pour un nouveau modèle n’est pas toujours évident, surtout lorsqu’il doit se vendre à l’international. Un choix malencontreux peut avoir de lourdes conséquences sur les ventes, être la risée des clients, voire créer des incidents diplomatiques. Toute créativité en la matière est-elle vouée à disparaître ? Je me pose régulièrement la question, notamment avec cette tendance des constructeurs à vouloir nous réapprendre à compter de 1 à 10 avec leurs modèles.
Ce n’est pas toujours mieux au sein des groupes automobiles les plus expérimentés. On en a eu la preuve cette semaine avec Stellantis qui s’est pris les pieds dans le tapis avec son Alfa Romeo Milano Junior. Oui, il m’était impossible de ne pas revenir sur l’appellation maudite chez Alfa Romeo dans cet édito.
Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas
Le 10 avril dernier, Alfa Romeo a fièrement procédé au lancement de son dernier modèle. Depuis le mois de décembre, la marque a annoncé qu’il s’appellerait Milano, en hommage à la ville italienne. Le choix a même été soumis au vote du public. Mais alors que les retombées médiatiques sont bonnes pour la marque italienne, une voie s’élève depuis l’Italie.
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Dans la guerre ouverte qui oppose actuellement Stellantis au gouvernement italien, un ministre a décidé que l’appellation Milano était trompeuse, car la voiture n’est pas produite en Italie. Cela va à l’encontre d’une loi italienne – utilisée pour protéger essentiellement la nourriture italienne. Il est vrai que le modèle est assemblé en Pologne, comme le Jeep Avenger et d’autres modèles du même gabarit. Stellantis a joué l’apaisement en choisissant de renommer Milano en Junior dès le 15 avril. C’était un nom utilisé en interne et plébiscité en second choix par le public. L’honneur est sauf, et cet épisode continue de créer un buzz (bienvenu) autour de cette nouveauté.
Ce qui est assez drôle, c’est que ce n’est pas la première fois que le nom Milano pose des problèmes à Alfa Romeo. En 2009, une Alfa Romeo Milano aurait dû voir le jour, mais la fermeture de l’usine proche de la ville avait échauffé les esprits. Le modèle a finalement été renommé avant son officialisation en Giulietta, ce qui avait été plutôt opportun. Encore avant, à la fin des années 80, une version de l’Alfa Romeo 75 dédiée au marché américain avait été renommée « Milano », ce fut un flop outre-Atlantique. Ce nom semble maudit : il est temps de le ranger définitivement au placard.
Au moins Stellantis a encore quelques vrais noms de modèles
Stellantis ne prend généralement pas beaucoup de risques sur le nom de ses voitures, et il n’est pas le seul à procéder ainsi. La marque recycle à l’infini des noms sur lesquels ils ont encore des droits. Certaines gammes restent quand même remplies de noms originaux. Comme à toute règle, il faut son exception, le groupe n’est pas autant à la fête sur Citroën et DS : (e-)C3/(e-)C4/(e-)C4X et DS3/DS4/DS7/DS9.
Cette tendance au nivellement par le bas n’est pas nouvelle, mais elle s’est souvent amplifiée avec les nouvelles gammes électriques. Dans le lot, je mets toutes les combinaisons avec un préfixe accolé à un chiffre : i4/i5/i7, ID 3/4/5/7, EV 2/3/4/5/9, Ioniq 5/6/9, Model 2/3, MG 3/4/5, Q4/Q6/Q8. Pour chapeauter cette liste, je place les appellations de Smart : #1 et #3, à prononcer « hashtag one », parce que « mot dièse un », c’est moche.
Ces noms ont l’avantage de ne pas (trop) souffrir de traductions malencontreuses. Quoique la Xiaomi SU7, « sucette » prononcé à la Française, prouve le contraire. À l’époque de la Ford T en 1908, c’était peut- être révolutionnaire d’utiliser une lettre ou un chiffre, mais en 2024, c’est vraiment bateau. Mes excuses aux services marketing concernés !
Avant de terminer, impossible de ne pas mentionner certains constructeurs qui ont inventé les noms de modèle « code wifi », une nouveauté très récente… Toyota pour son bZ4X et Honda pour son e:ny1 (à prononcer à l’anglaise « anyone », si vous ne le saviez pas) dominent avec brio cette nouvelle tendance.
Pitié, amis constructeurs, faites-nous de nouveau un peu rêver !
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