Invité sur France 2, Carlos Tavares a pu éclaircir la stratégie du groupe Stellantis face aux constructeurs automobiles chinois, y compris sur le partenariat avec Leapmotor.

Le patron de Stellantis, Carlos Tavares, se défend d’avoir fait entrer le loup dans la bergerie en s’associant avec le constructeur chinois Leapmotor. Lors d’une interview réalisée en direct sur le plateau de France 2 le 16 mai, Carlos Tavares a pu expliquer au public les raisons qui ont poussé Stellantis, groupe doté de 14 marques (Peugeot, Citroën, Fiat, Jeep, Opel…), à ajouter une marque chinoise en plus.

En octobre 2023, le groupe Stellantis surprenait tout le monde en annonçant ce partenariat avec Leapmotor. Carlos Tavares n’a jamais caché une certaine animosité envers les concurrents chinois, ce qui n’a pas empêché le groupe de s’associer avec l’un d’eux. Les premières concessions Leapmotor vont d’ailleurs arriver en force dans 9 pays européens, dont la France, dès la rentrée 2024. Le premier modèle à être commercialisé, grâce à Stellantis, sera la petite Leapmotor T03 à moins de 20 000 €, puis le C10.

Les profits de Leapmotor tombent dans la poche de Stellantis

Stellantis est accusé de faire de Leapmotor un cheval de Troie chinois en facilitant son introduction en Europe. Le patron du groupe s’oppose à cette critique, il y voit surtout « une stratégie d’apprentissage rapide », permettant aussi de confronter la manière dont l’industrie automobile chinoise gère les coûts de production. Le coût de production de voitures électriques en Chine est 30 % inférieur à celui de l’Europe, mais tout ne tient pas qu’à la localisation des usines.

accord stellantis / leapmotor // Source : Stellantis
accord stellantis / leapmotor // Source : Stellantis

Au-delà d’un moyen de progresser plus vite sur la mobilité électrique, Carlos Tavares rappelle que « les profits issus de cette exportation (de voitures Leapmotor) tomberont dans la poche de Stellantis. Ce qui permettra en retour d’investir plus massivement dans les nouvelles technologies pour Stellantis. » Malgré les apparences, c’est donc bon pour la pérennité de Stellantis d’après Carlos Tavares.

« Plutôt que d’être complètement défensifs, nous allons être offensifs » a précisé le patron du groupe. La commission Européenne et certains constructeurs redoutent l’expansion des constructeurs chinois en Europe et cherchent des parades pour freiner leur arrivée. Pour Carlos Tavares, ce n’est pas la bonne solution : « Nous avons pris les devants, nous n’avons pas attendu que les constructeurs chinois soient suffisamment gros pour acheter des constructeurs occidentaux. Nous avons pris position avant chez un constructeur chinois pour en avoir le contrôle. »

Le piège de la hausse des droits de douane

Carlos Tavares a également été interrogé sur la réflexion des États-Unis de porter les droits de douane sur les voitures chinoises et les pièces (batteries) à 100 %. Une mesure qui pourrait fortement influencer les décisions de l’Union européenne. Le patron de Stellantis juge assez sévèrement qu’il s’agit d’un « gros piège ». Tout ceci contribue à créer une bulle où l’inflation est galopante dans la zone concernée.

Carlos Tavares sur le plateau de France 2  // Source : Extrait France 2
Carlos Tavares sur le plateau de France 2 // Source : Extrait France 2

Ce n’est pas forcément rendre service aux constructeurs locaux et encore moins aux acheteurs de voitures électriques selon lui : « Les marques à l’intérieur de la bulle prennent du retard et les prix ne sont pas tirés vers le bas pour les classes moyennes. »  

La concurrence, y compris chinoise, est saine et pousse l’industrie automobile à se surpasser : « Ils ont commencé une dizaine d’années avant nous et ils courent très vite. » Les marques chinoises sont les seules qui arrivent à gommer l’écart entre les tarifs des voitures thermiques et ceux de l’électrique. Elles sont nécessaires pour rendre la voiture électrique abordable pour les classes moyennes : c’est grâce à des volumes élevés que la voiture électrique pourra être vendue au même prix que les voitures thermiques actuelles.

L'offrensive Leapmotor en Europe avec la T03 // Source : Raphaelle Baut
Leapmotor T03 devrait être vendu à 20 000 € // Source : Raphaelle Baut

Les voitures Leapmotor seront probablement produites en Chine dans un premier temps pour ensuite être exportées. Si l’Europe impose des droits de douane trop importants, Carlos Tavares n’exclut pas de produire plus rapidement que prévu les modèles en Europe. Il ne s’agit pas uniquement de contourner les droits de douane, mais « de protéger la dimension abordable de la mobilité propre pour les classes moyennes. » Son intérêt est de conserver des modèles chinois à prix bas pour le marché européen.

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