Dans la guerre entre les pro et les anti voitures électriques chinoises, on entend souvent tout et son contraire. Dans Watt Else, je me suis déjà étendue sur certains propos prêchés par les opposants aux marques chinoises. Mais parmi les plus favorables, un argument surprend aussi : les Chinois auraient 10 ans d’avance. Voilà qui mérite que je me penche un peu plus sur le sujet.
En deux décennies, les constructeurs automobiles chinois seraient passés du statut d’outsiders à celui de dangereux concurrents des marques historiques. Leur progression est fulgurante. Mais ont-ils réellement autant d’avance qu’on leur confère ? Pas si sûr.
De l’avance seulement pour une élite chinoise
Avant tout, il conviendrait de séparer ce qu’il se passe en Chine de ce que les constructeurs chinois arrivent à réaliser à l’export. La Chine compterait plus d’une centaine de marques nationales de véhicules à nouvelle énergie (électrique et hybride), mais même les autorités peinent à confirmer le chiffre exact. Ce que l’on en voit émerger comme tendance depuis l’Europe n’est qu’un petit échantillon du haut du panier. Dans ce joyeux bazar, certains constructeurs se démarquent bien par leurs capacités d’innovation, mais impossible de mettre toutes les marques dans le même panier.
La Chine a certainement 10 ans d’avance sur l’adoption des voitures électriques. Acheter une voiture électrique est entré dans les mœurs, les moyens mis par le gouvernement pour le faire sont conséquents. Le marché y est apriori mature, alors qu’en Europe (hors Norvège), on travaille encore activement sur la question.
On fait d’abord, on améliore après
La rapidité à sortir des nouveautés impressionne. Les nouveaux modèles chinois voient le jour en un peu plus de deux ans, alors qu’il faut plus du double aux marques européennes. Il en va de même pour les technologies de batterie ou de conduite autonome. Ces délais courts sont en trompe-l’œil, car les Chinois ont adopté l’amélioration continue comme philosophie. Un produit n’est jamais vraiment finalisé à son lancement. Il va continuer à être amélioré après le début de sa commercialisation. Il peut évoluer esthétiquement moins d’un an après son lancement pour corriger le tir.
En cas d’échec, la fin de vie du produit est tout aussi rapide et sans tergiversation. La logique industrielle repose sur de nombreux développements communs pour ne pas prendre de risques financiers démesurés sur un modèle particulier. Les plateformes évoluent aussi à un rythme effréné, les volumes de vente en Chine aidant (théoriquement) à rentabiliser beaucoup plus vite les investissements.
Les constructeurs chinois, comme Tesla, ont aussi cherché à améliorer l’industrialisation des voitures électriques pour réduire les coûts, là où les acteurs historiques semblent beaucoup plus frileux à changer les méthodes éprouvées. Tout cela mis bout à bout permet à certains constructeurs chinois d’apparaître comme en avance. Disons surtout qu’ils ne sont plus en retard.
En France, les voitures chinoises ne sont pas si folles
Certaines marques chinoises sont donc parties à la conquête de l’Europe en étant convaincues qu’elles faisaient mieux que la concurrence existante. Pourtant, aucun modèle essayé récemment ne pourrait me convaincre d’affirmer qu’ils ont 10 ans d’avance. Le lancement de Xpeng en France, ce 15 mai, peut-il un peu changer la donne ? C’est encore à confirmer.
Plusieurs éléments pêchent généralement : les technologies valables en Chine ne fonctionnent pas (ou mal) en Europe, les consommations sont élevées, les recharges sur bornes rapides ont des résultats aléatoires, les performances réelles ne sont pas au rendez-vous et la qualité des matériaux et/ou des assemblages a parfois quelques années de retard.
Sans un prix attractif ou un changement d’approche, certaines marques vont au-devant d’un échec commercial cuisant. Comme les japonais et les coréens avant eux, les marques chinoises ne pourront pas faire l’impasse de s’adapter aux gouts des clients des marchés qu’ils visent. En Europe, ils ne sont tout simplement pas les leaders qu’ils espéraient.
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