Malgré une lutte acharnée sur les derniers mois pour remettre à flot financièrement la startup automobile, il est désormais improbable que la marque Fisker puisse se relever. L’entreprise de voitures électriques a enclenché une procédure de dépôt de bilan ce 17 juin comme l’indique Reuters. Cela signe le second échec d’Henrik Fisker, patron de la marque du même nom, dans ses ambitions à vouloir créer des voitures innovantes.
Pour autant, un peu moins de 5 000 clients en Europe et aux États-Unis ont été séduits par le Fisker Ocean. Que réserve l’avenir pour ces acheteurs ?
Des problèmes logiciels qui ne seront jamais résolus
Les livraisons des premiers Fisker Ocean ont débuté en 2023 alors que la voiture n’était pas entièrement finalisée, notamment sur la partie logicielle du véhicule. Des mises à jour ont permis de corriger certains problèmes, mais plusieurs développements sont malgré tout restés en attente depuis le lancement.
Les licenciements successifs des derniers mois n’ont certainement pas permis à la marque de terminer les fonctionnalités promises aux acheteurs, surtout concernant les aides à la conduite. Hélas, les clients devront désormais se contenter de ce qu’ils ont.
Le logiciel embarqué est sûrement ce qui pourrait causer le plus de problèmes dans les années à venir. Si des bugs ou des failles de sécurité sont détectés sur le Fisker Ocean, il n’y aura plus de mises à jour pour patcher le système s’il n’y a pas de repreneur. Il faut espérer pour les acheteurs que le logiciel embarqué, même s’il est incomplet et imparfait, ne comporte pas de grandes failles de sécurité ou de problèmes qui pourraient mener à des accidents. Il y a quelques doutes à ce sujet à observer les enquêtes lancées par la sécurité routière américaine (NHTSA).
Il faut aussi espérer que les services connectés de la voiture ne puissent pas être un élément bloquant en cas de disparition de l’entreprise. Si Fisker venait à couper les serveurs informatiques après une faillite, des services tels que l’application smartphone rattachée à la voiture pourrait cesser de fonctionner. C’est l’un des points noirs de la nouvelle génération de véhicules créés autour du logiciel.
Une pénurie de pièces qui va s’aggraver
Au fil des licenciements de ce premier semestre, les langues des anciens employés se sont déliées et ont permis de découvrir ce qu’il se cachait sous le vernis de la marque. Si les discours d’Henrik Fisker ont toujours donné une image positive de l’entreprise, la gestion au quotidien n’était pas aussi flamboyante.
L’entreprise a ainsi très mal géré la constitution d’un stock de pièces détachées, menant à de nombreuses pénuries pour les clients en cas d’accidents avec leur Ocean ou bien même de pièces défectueuses à changer. Si des problèmes sont apparus dès les premiers mois suivant les livraisons, la situation ne va pas s’améliorer avec une éventuelle faillite de l’entreprise.
Le coût et l’impossibilité de faire des réparations pourraient être des problèmes rencontrés par les acheteurs de Fisker Ocean dès les mois à venir. Sans pièces disponibles, la voiture peut être jugée irréparable par l’assurance et envoyée à la casse.
L’usine Magna en Autriche a produit un peu plus de 10 000 Fisker Ocean pour le compte de la marque. Seule la moitié de ces modèles ont trouvé preneurs. Pour soulager temporairement le risque de pénurie, il faudrait que le stock de véhicules restants soit racheté pour pièces. Pour le moment, Fisker continue à brader ces modèles neufs pour tenter de se débarrasser du stock de véhicules.
Dans tous les cas, les acheteurs de Fisker Ocean vont se retrouver un peu seuls face aux pannes à venir. Ils vont devoir trouver un garage indépendant compétent. En France, des solutions comme le e-garage de Revolte pourra certainement être d’un grand secours. La communauté des acheteurs sera aussi la meilleure solution pour trouver des réponses aux questions et problèmes rencontrés.
Le choix du leasing
Avoir opté pour une location longue durée, avec ou sans option de rachat, était probablement une sage décision dans le cas du Fisker Ocean. Le risque financier est alors porté par l’entreprise de financement et non par le client final, ce qui va permettre à certains clients d’avoir des portes de sorties au bout de leur leasing. Pour les financeurs, ce n’est pas la même chanson, c’est une perte sèche particulièrement importante pour eux.
Hélas pour ceux qui ont acheté au comptant leur véhicule – parfois au prix fort de plus de 70 000 € pour l’édition de lancement – le risque de se retrouver avec un véhicule de plus de 2 tonnes inutilisables, d’ici quelques années, n’est hélas pas complètement exclu.
Henrik Fisker a été invité en Inde à participer à une conférence ce 20 juin, il sera intéressant de voir ce qu’il aura à dire. Le patron de Fisker a été particulièrement discret ces derniers mois, cette sortie est donc attendue.
Les temps sont particulièrement difficiles pour les nouvelles marques de voitures électriques. Une tendance à suivre dans notre newsletter Watt Else.
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